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“La Grande Loge de France vous parle”

Janvier 1998

 

Le sens de l’Initiation : donner un sens à sa vie (I)

Intervenant  : José Barthomeuf

"Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous"

... Est-ce que cet intérêt est universel ?

 

 

Bernard Platon : Je crois en effet, qu'on ne s'était pas posé, depuis longtemps, de façon aussi aiguë, la question du sens de la vie.

Vous faites allusion au dernier livre de M. TRINH XUAN THUAN, un astrophysicien de renom, "Le Chaos et l'harmonie".  Il s'était d'ailleurs, déjà fait remarquer par son précédent ouvrage "La Mélodie Secrète". Il a trouvé une réponse, qui me satisfait "Le sens de la Vie, c'est de donner un sens à l'Univers". Lui a trouvé.  Mais nous, Francs-Maçons, cherchons toujours, car nous savons que la Vérité est toujours provisoire. La Science ou la Philosophie ne font que répondre aux questions du moment, avec les données limitées dont on dispose.

Mais la question se pose vraiment aujourd'hui, dans un contexte social, politique, philosophique et religieux

En effet beaucoup d'autres ouvrages sont parus dans l'année, à commencer par :

- celui du philosophe Luc Ferry: "L'Homme-Dieu on le sens à la Vie",

- celui du biochimiste généticien australien Michael DENTON : "L'évolution a-t-elle un sens ? "

- celui d'un philosophe belge André HEYMANS : "L'univers et l'homme, pourquoi la Vie ? ".. pour ne citer que ceux-là !

Nous nous trouvons en bonne compagnie, et philosophe de talent, astrophysicien de renom ou citoyen de bonne foi, nous posons la même question: "Est-ce-que la Vie a un sens ?" Lequel et pour quoi faire ?

 

Jean Barthomeuf : Spontanément, je répondrai "OUI" Évidemment ! Question de bon sens : si l'on considère l'histoire de l'Humanité, depuis quelques millénaires, force est de constater que nous avons fait quelques progrès. 

Mais à quel prix ? Car le spectacle du Monde nous paraît insensé.  Sans remonter au massacre des Saints-Innocents, à la Guerre de Cent Ans, ni aux bûchers de l'inquisition, les horreurs de notre XXème Siècle nous feraient douter du sens de la Vie de millions de victimes innocentes: Quel sens donner aux 10 Millions de vies humaines de "La Grande Guerre" ?

- aux 60 Millions de victimes de la 2ème Guerre Mondiale ?

- aux 10 Millions de martyrs du nazisme (dont 6 Millions de juifs) ?

- aux 22 Millions de Chinois (dont 18 Millions de civils) - dont on parle moins massacrés à Nankin par les troupe japonaises ?

- aux 65 Millions de victimes des Communismes, dont on parle beaucoup depuis la parution du "Livre Noir".

- et plus près de nous, ça continue avec la fureur intégriste des "fous d'Allah", qui égorgent femmes et enfants, au nom de qui et de quoi ?

- et les centaines de milliers d'Africains massacrés au Rwanda, en Somalie et plus récemment au Zaïre.

 

B.P. : En écoutant l'énumération que vous venez de faire de toutes les plaies et calaminés .. ne sommes-nous pas des acteurs et des témoins du "spectacle contemporain " cher à Roger Stéphane ?

J.B. : Je dirais plus "acteurs" que témoins.En voyant tout cela, on serait tenté, en effet, de conclure hâtivement que le monde est inhumain et son spectacle insoutenable, que la vie n'a aucun sens, que la force écrase le droit, que le fort asservit le faible, que le riche devient plus riche à mesure que le pauvre devient plus pauvre. Alors on entend dire : "mais qu'est-ce que j'ai fait-on au Bon Dieu pour mériter cela ? "C'est une réaction infantile et totalement irresponsable, que d'attribuer la cause de ses malheurs à son Père. C'est trop facile. Et surtout, ça empêche d'agir! Alors que la réponse paraît évidente: à part les épidémies et les tremblements de terre, tous les malheurs de l'homme ne viennent que de l'Homme.

Alors laissons le Bon Dieu tranquille et occupons-nous de nos affaires, pour faire en sorte que le monde soit plus juste et plus humain; que la force soit mise au service du faible; que les ressources soient mieux partagées, que les droits de l'Homme et du Citoyen soient mieux respectés. Si l'Homme est capable du pire, il l'est aussi du meilleur. Et pour répondre plus précisément à votre question. L'Homme n'est donc plus un spectateur ni un locataire d'un monde fini, mais un acteur de la Création in-finie (dans tous les sens du terme).

 

B.P. : "Et Dieu dans tout ça?" comme aurait pu dire un célèbre journaliste. Qu'est-ce que le Grand Architecte de l'Univers - expression que les Francs-Maçons de la Grande Loge de France utilisent - puisqu'ils lui dédient leurs travaux?

J.B. : Je me réfère à la Déclaration de principes du Convent de Lausanne de 1875 qui dit que "La Franc-Maçonnerie comme elle l'a proclamé dès son origine, reconnaît l'existence d'un Principe créateur, sous le nom de Grand Architecte de l'Univers."

Il est le symbole de la liberté de pensée, de la Pensée libre - et non de la libre pensée. Chacun en son âme et conscience a le droit le plus absolu de projeter dans le ciel le dieu qu'il a dans le coeur, et le devoir le plus absolu de respecter les dieux des autres.  :

Ainsi chaque croyant y voit le Dieu de sa religion révélée :

- le déiste, le symbole du Créateur, en dehors de tout dogme;

- le philosophe, le symbole de l'âme du monde;

- le scientifique, le symbole de la Vie qui anime tout être vivant et organise le monde     dans le respect des lois naturelles;

- l'agnostique y voit le Grand Organisateur des mystères et des forces naturelles qui nous dépassent.

- 'athée, le symbole de la Conscience collective, qui conduit l'humanité vers le Progrès.

 

B.P. : Quand on aborde un tel sujet du sens de la Vie, n'entre-t-on pas dans les domaines ayant trait à la religion, au spirituel, à l'ésotérisme, à l'irrationnel?

J.B. : Non, bien au contraire, la prise de conscience d'un sens de la Vie, d'un "Sens de l'histoire", dont nous serions les acteurs, nous conduit tout naturellement à l'action, pour que les choses changent. Mais avant d'agir, il faut savoir où l'on veut aller, ce que l'on veut faire et comment faire. Et cela nous mène à la réflexion et à l'étude des problèmes que l'on traite en loge. L'action sans réflexion n'est qu'agitation stérile, voire néfaste. Avant de vouloir changer le monde, il faut commencer par améliorer les conditions de vie de son voisin de palier.

La Franc-Maçonnerie du Rite Ecossais Ancien et Accepté a proclamé dans le même Convent de Lausanne de 1875 qu'elle "a pour but de travailler sans relâche au bonheur de l'Humanité et poursuivre son émancipation progressive et pacifique."  Et la Grande Loge de France ajoute dans sa Constitution  "tant sur le plan spirituel et intellectuel que le sur plan du bien-être matériel."

 

B.P. : Y-a-t-il une réelle différence entre "spiritualité"  et "religion" ?

J.B. : Oui et même plusieurs.  La notion de spiritualité englobe toutes les religions.  Mais chaque religion est l'expression d'une spiritualité.Le besoin de spiritualité est un besoin naturel de l'homme, quelle que soit son origine, sa race, ses croyances.  C'est un besoin naturel de se poser des questions sur sa condition humaine, son origine, sa mission sur terre, son devenir... le sens de sa vie.

Les religions apportent des réponses.  Elles ont ainsi le mérite de donner une morale, des règles de vie à des hommes, d'être un recours précieux pour tous ceux qui souffrent injustement; elle a le mérite d'apaiser les esprits en apportant des réponses, elle offre l'avantage d'évacuer les angoisses métaphysiques pour tous ceux qui respectent la Loi... mais elles risquent aussi de pousser certains de leurs fidèles à une certaine résignation en ce monde, avec les promesses d'un autre monde meilleur. La spiritualité, c'est la recherche de la Vérité. Les religions trouvent leur vérité dans la révélation  La spiritualité est universelle, car elle n'a pas de dogmes. Les religions reposent sur des dogmes.  L'homme ne vit pas que de pain

Le besoin de spiritualité est un besoin de nourriture spirituelle. Mais tous les hommes. n'ont pas besoin de la même nourriture. 

Et la spiritualité peut aussi s'exprimer sans le secours d'une religion.

Quant à la Franc-Maçonnerie, qui répond réellement à un besoin de spiritualité, elle n'apporte pas de réponses toutes faites, mais elle est une méthode de pensée, qui permet à chacun de trouver librement ses propres réponses à ses propres questions.

 

B.P. : Dans l'environnement actuel, quel peut-être l'impact d'une approche spirituelle ?

J.B. : La recherche spirituelle, en Franc-Maçonnerie ne s'arrête pas à la réflexion.  Elle doit passer au stade de l'action, et pour ce faire, former des esprits forts avec des valeurs humanistes, fortes que nous défendons depuis près de trois siècles: la liberté, la justice, la tolérance, la solidarité, la générosité, l'égalité des droits pour tous, la paix, la fraternité et tout ce qui relève des Droits de l'Homme.

 

B.P. : En fait, qu'est-ce que l'initiation ?

J.B. : Il est difficile, voire impossible d'enfermer dans quelques mots ce que j'appellerai une aventure spirituelle. Néanmoins de nombreux auteurs ont su exprimer un des aspects de l'initiation.

Pour Platon : "Le but de l'initiation est de rétablir l'âme dans sa pureté primitive, dans cet état de perfection, dont elle était déchue.

Plus près de nous, Henri Tort-Nouguès a écrit que "L'initiation veut amener l'Homme de l'inconscience à la conscience, du monde sensible au monde intelligible; du monde de la Nature à celui de l'Esprit; de la servitude à la Liberté”  et pour Pierre Simon: "L'initiation propose à l'homme de notre temps une forme scientifiquement acceptable de restructuration de l'individu".

Et il y en bien d'autres que je ne pourrai pas citer, mais je laisserai le dernier mot à un poète, René Char : " L'initiation conduit l'homme des ténèbres du roc aux caresses de l'air.  "  Je dirais, plus prosaïquement, que c'est une méthode de pensée et de travail personnel sur soi-même, qui nous permettra de "devenir ce que l'on est".

 

B.P. : Y a-t-il une spécificité de l'initiation maçonnique ?

J.B. : Je pense qu'elle est, avant tout universelle, car elle s'ouvre à tous les hommes, quelles que soient leur origine, leurs croyances, leurs races, sans discrimination d'aucune sorte. D'autre part, elle allie la Tradition et la modernité. Le but des initiations primitives était de faire passer le néophyte de l'enfance à l'âge adulte, pour l'aguerrir aux dangers de la vie. Celui des initiations antiques était de faire passer l'initié à un niveau de conscience supérieur, pour aborder les problèmes de l'homme, de l'Univers et des dieux.

L'Initiation maçonnique a les vertus des initiations antiques, mais aussi la vocation de projeter le Franc-Maçon dans le monde, avec pour but l'amélioration de la société par l'amélioration de l'individu. C'est aussi réaliser la paix en soi, pour répandre la paix autour de soi. Nul mieux qu'Oswald Wirth n'a su l'exprimer, dans "L'idéal Initiatique": "L'Initiation, c'est le Grand Art de vivre, selon les Lois de la Vie"

 

B.P. : Dans notre prochaine émission nous poursuivrons notre entretien sur :”le sens de l'initiation : donner un sens à sa vie”

 

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