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“La Grande Loge de France vous parle”

Août 1997

 

Universalité Maçonnique

Intervenant : Michaël Segall

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Chers auditeurs et auditrices de «La Grande Loge de France vous parle», je voudrais vous entretenir aujourd'hui de la notion d'universalité en ce qui nous concerne, nous Maçons. On entend souvent parler d'universalité maçonnique et de Franc-Maçonnerie universelle, tout comme on parle de l'«universalisme» des Francs-Maçons. Les cercles hostiles à la Franc- Maçonnerie ou effrayés par elle (ce qui est souvent la même chose) en profitent pour y voir l'essence de je ne sais pas quel complot, ourdi pour des raisons obscures à l'échelle du monde entier, éventuellement avec le but d'en prendre contrôle, isolément ou en connivence avec les juifs, les protestants, les catholiques, les riches, les pauvres, les communistes, les socialistes ou les libéraux.

D'ailleurs je vous ferai observer qu'on parle de ce fameux complot maçonnique depuis au moins deux siècles, ou deux siècles et demi. S'il avait une quelconque réalité, les Maçons ainsi que leurs présumés, multiples et variables complices semblent être vraiment de piètres comploteurs, pour n'avoir jamais réussi à s'emparer depuis si longtemps des leviers de commande du monde, même pas de ceux d'un seul pays !

Ceci ayant été dit, il pourrait être utile de comprendre tout d'abord pourquoi la Franc-Maçonnerie s'attribue le titre d'«universelle», de savoir quel sens elle donne à ces mots et si l'universalité maçonnique – ou la Maçonnerie universelle – existe réellement. Enfin, d'en connaître le but et l'utilité.

La notion d'universalité n'est pas très ancienne en Franc-Maçonnerie; elle n'existait certainement pas du temps de ses ancêtres opératifs. Cette notion apparaît un peu, en filigrane, au tout début du 18e siècle, lors de la publication des premières constitutions de l'Ordre maçonnique écrites par un pasteur protestant anglais, un certain James Anderson.  Celui-ci y fait allusion en disant que pour pouvoir devenir Maçons il fallait être des hommes libres et de bonnes mœurs, des hommes d'honneur, partageant ce qu'il appelle «cette religion sur laquelle tous les hommes sont tombés d'accord, quelles que soient les dénominations religieuses et les croyances qui les distinguent», celle de la sincérité et de l'honnêteté. Ainsi, la Maçonnerie deviendrait le Centre de l'Union et le moyen de donner naissance à une vraie amitié parmi des personnes qui, autrement, seraient restées séparées par une éternelle distance.

Même si cela reste vrai jusqu'à nos jours, la notion d'universalité n'atteindra sa dimension mondialiste, quoique très vague, qu'avec le début du 20e siècle. Cette universalité – ou cet universalisme – n'est pas moins vague aujourd'hui, au moment où je vous en parle. Pour comprendre de quoi il s'agit exactement, il nous faut d'abord bien comprendre ce que les mots universel, universalité et universalisme veulent dire dans le contexte de la Franc-Maçonnerie: Est universelle une chose qui s'étend à tout, à tous, partout, qui couvre tout, qui inclut tout. Par exemple le suffrage universel ou un homme universel. L'universalité est le caractère de ce qui est universel, général ou généralement utilisé, telle l'universalité actuelle de la langue anglaise, ou l'universalité des caractéristiques humaines, bonnes ou mauvaises.

Pour ce qui est de l'universalisme, et c'est vrai à propos de tous les mots en ~isme, c'est nettement plus compliqué.  Historiquement, le mot universa- lisme a deux sens très précis. En philosophie politique, c'est un terme désignant les idées de ceux qui ne reconnaissent aucune autre autorité que le consentement universel; une forme d'anarchisme consensuel, si vous voulez. En théologie, c'est l'opinion de ceux qui pensent que Dieu a voulu la rédemption de l'humanité toute entière. Vous remarquez qu'aucune de ces deux interprétations classiques du terme n'a vraiment quelque chose à voir avec le sens que lui donne la Franc-Maçonnerie.

L'universalisme maçonnique est soit l'opinion de ceux qui désirent que le monde entier puisse partager les idéaux de la Maçonnerie - et donc que celle-ci puisse se propager dans le monde entier -, soit les idées de ceux qui pensent que les Maçons du monde entier devraient être en relations d'amitié et de fraternité mutuelle (ce qui n'est pas totalement évident) soit, enfin, le désir de la grande majorité des Maçons de voir les divers groupes qui forment la Franc-Maçonnerie s'unifier, si possible dans le monde entier, mais au moins dans chacun des divers pays dont le nôtre.

Car il faut s'en rendre compte: malgré tout ce que beaucoup de gens en pensent, la Franc-Maçonnerie n'existe pas dans le monde entier. Les dictatures, quelles qu'elles soient, politiques d'extrême droite ou d'extrême gauche, ou bien religieuses, n'ont jamais toléré l'existence de quelque groupe que ce soit qui prônerait l'entente entre des gens de toutes les nations, de toutes les races, de toutes les religions, même de toutes les opinions politiques, et qui n'exclurait que les extrémismes.

Il faut savoir aussi que la Franc-maçonnerie n'est pas une organisation mondiale, monolithique, ayant une hiérarchie commune et marchant du même pas cadencé vers un but commun et bien déterminé. Dès son apparition sous une forme semblable au Compagnonnage vers le 15e ou 16e  siècle, puis de sa contruction dans sa forme actuelle, en Angleterre, en 1717, elle s'est subdivisée en des centaines – peut-être des milliers – de groupes indépendants s'appelant Grandes Loges ou Grands Orients.  Chaque pays en a au moins un mais très souvent plus d'une douzaine. Il en existe actuellement 12 en France, 18 en Angleterre et jusqu'à cinquante dans chaque état des États Unis. Certains de ces groupes entretiennent mutuellement des relations amicales, voire affectueuses. Certains autres s'acceptent mutuellement mais sans beaucoup d'enthousiasme. D'autres s'ignorent ou se regardent en chiens de faïence. Heureusement et malgré cela les Maçons eux-mêmes, quel que soit l'état des relations entre les hiérarchies de leurs divers groupes, se considèrent réellement comme étant des frères et maintiennent dans les divers pays – et au-delà des frontières – des contacts des plus chaleureux, dans le contexte prôné il y a presque trois siècles par le pasteur Anderson.

Où donc serait cette Franc-maçonnerie universelle, mondiale, tentaculaire, secrète et mystérieuse, puissante, comploteuse et hégémonique, alliée à d'autres forces supposées tout aussi obscures ou occultes et dont on parle tant? Nulle part, sauf dans la fertile imagination de certains auteurs de romans de gare et de certains politiciens se situant aux deux extrêmes du spectre. Malheureusement pour les Maçons et leurs amis, heureusement pour ses ennemis, la Maçonnerie n'est pas universelle et ne l'a jamais été, pour le meilleur ou pour le pire. Elle est par contre et sans aucun doute universaliste.  Qu'est-ce que cela veut dire ?

Essentiellement, que les Maçons désirent ardemment deux choses:  Tout d'abord, arriver à mieux s'entendre entre eux sur le plan national et international, pour ensuite (ou peut-être en même temps) pouvoir aider l'humanité entière à résoudre ses problèmes, autrement qu'en employant la kalachnikov ou le bazooka. Car l'enseignement de base, la raison d'être de la Franc-maçonnerie est, au-delà d'une meilleure connaissance et de la tentative d'un perfectionnement de soi-même, la fraternité humaine, l'honnêteté, la sincérité, la compréhension, l'amour et la tolérance vis-à-vis des autres, quelles que soient leurs origines, leur religion, leur situation sociale, leur fortune ou la couleur de leur peau.

C'est la disponibilité, l'écoute, le contact amical, parfois intellectuel ou même spirituel mais en tout cas fraternel et chaleureux qui existe depuis toujours entre tous les vrais Francs-maçons du monde, dans la vie de tous les jours autant dans leurs réunions solennelles, que l'universalisme maçonnique voudrait propager dans le monde entier. Les obédiences maçonniques ne s'entendent pas encore parfaitement entre elles, c'est entendu, mais les Maçons individuels y réussissent beaucoup mieux. Si les peuples et les pays du monde entier pouvaient s'entendre entre eux juste aussi bien que ne le font les Francs-maçons, le monde serait sans le moindre doute un meilleur endroit pour y passer sa vie.

Voici, chers auditeurs et auditrices, ce que l'on peut dire en dix minutes de l'universalité et de l'universalisme dans leur strict contexte Maçonnique.

Au revoir !

***

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