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Pourquoi ce profane demande-t-il à être reçu franc-maçon ?
Parce qu'il est libre et de bonnes mœurs, qu'il est dans les ténèbres et qu'il cherche la lumière...
Que demandez-vous pour lui ?
La Lumière...
Cette question et cette réponse sont celles que l'on retrouve, en substance, dans nos rituels d'initiation maçonniques.
Pourquoi Rituel d'initiation ?
Parce que notre obédience, notre Ordre, la Grande Loge de France, est initiatique, c'est-à-dire qu'il offre à celui que cette perspective intéresse, la possibilité d'accéder à la connaissance d'un certain "Art de vivre", en passant par l'étude des anciennes traditions, à travers ceux qui nous en ont légué ses mystères et à travers soi, par un travail symbolique continuel d'éveil, sur la nature et sur les hommes, à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers, donc d'un principe originel, d'un plan, qui, de toute éternité a été dessiné, sans que nous en connaissions les réels contours.
"Le trouble de l'époque actuelle vient de la confusion apportée par la multiplicité des croyances et des opinions. L'agitation de notre vie utilitaire, les fausses mesures d'une morale conventionnelle et d'une esthétique artificielle ont dévié notre discernement dont il semble qu'un grand cataclysme pourrait seul réveiller notre conscience.
C'est parce que le sens des valeurs réelles a été faussé, que le monde des hommes subit actuellement une tourmente qui prend des allures de typhon. Certes il y a nécessairement, dans l'existence terrestre des crises périodiques, où tous les éléments humains qui peuvent se réclamer du libre-arbitre surgissent comme des prisonniers échappés de leur geôle et s'entre-attaquent haineusement en s'accusant mutuellement d'un désordre dont ils ne comprennent pas les véritables causes.
Dans un pareil tumulte, un vrai sage ne serait pas entendu. Il faut d'abord que s'apaisent les premières fureurs. Mais si l'on veut, qu'après la tempête puisse renaître une aube sereine, il faut se pénétrer de cette idée, que seule, une sagesse, fondée sur la connaissance pourra en établir ses fondations".
Il y a des mots clefs, dans ce texte : le discernement, le désordre, la sagesse et la connaissance.
Les valeurs du discernement sont celles que nous apprenons à découvrir dans nos travaux de Loge. Chacun de nous choisit sa propre voie à l'aide du symbolisme, langage universel, commun à tous les francs-maçons de la terre qui leur permet d'apprécier convenablement, les comportements, les situations et les événements. Pour ce faire, nous accordons une grande importance aux propriétés de l'écoute qui est silence intérieur, maîtrise de soi et respect de la valeur des mots et de leur entendement.
En effet, un manque de discernement mène automatiquement au désordre à l'intérieur de soi comme à l'extérieur. Vous et nous, sommes témoins, chaque jour, de cette grande anarchie de la pensée et des opinions qui en découlent. Ces opinions se frôlent, se côtoient et se heurtent, si violemment, parfois, que l'on pourrait penser, qu'une nouvelle tour de Babel reprend sa place dans le monde des hommes.
Furieux désordre, agitations stériles qui mènent à l'horreur, à la misère, à l'injustice, à l'indifférence. Comment se reconnaître, en effet, comme unique, faisant partie d'un tout, harmonieux, dans un tel bouleversement ?
Non seulement, dit Hubert Reeves, "l'homme est présent et fait partie de l'Univers, mais il a été engendré par l'Univers". Il n'est certes pas facile de s'identifier à cet Univers dont nous ne sommes qu'une infime particule, unique, mais indispensable au phénomène universel. Et, si, parfois, il nous arrive de lever les yeux vers ce ciel parsemé d'étoiles et de cesser, pour un court instant, de penser en surface, combien de questions se posent à nous, questions qui sont à la base de notre recherche :
D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Bien évidemment, nous ne donnons pas de réponse à ces interrogations, mais le seul fait de travailler à la compréhension des choses et des hommes, ne suffit-il pas à nous conforter dans le travail que nous poursuivons dans nos ateliers maçonniques ?
Ce nom d'Atelier que nous donnons à nos loges maçonniques, peut vous paraître curieux, mais c'est bien là, la vraie définition du lieu où nous nous retrouvons. Nous sommes, en effet, des ouvriers de l'art du bien penser et du bien agir. Comme nos maîtres, constructeurs de cathédrales de pierre, nous travaillons avec l'équerre et le compas, et, si nous nous réjouissons des progrès de la technicité moderne, nous gardons, pour ces outils le respect qui leur est attaché.
L'époque que nous traversons est peut-être mal choisie, pour vous inviter à glorifier le travail, car trop nombreux sont ceux qui le recherchent désespérément, travail qui donne la liberté et qui est un droit pour chaque citoyen. Tous les francs-maçons sont aujourd'hui particulièrement sensibilisés, par ce droit essentiel qui est trop souvent ôté à tous ceux qui le revendiquent.
Tous les francs-maçons, sont aussi soudés à tous les événements qui marquent ou qui ont marqué cette fin de siècle et qui sont lourds de conséquences, pour l'humanité entière. Génocides, racisme, haine et violence, lutte pour un pouvoir usurpé par la force, d'où le devoir est absent, guerres fratricides et autres conflits sont l'apanage de nos réveils quotidiens, le mal serait-il indispensable, pour que vivent les hommes ? Nous ne le croyons pas et nombreux sont ceux qui luttent, avec nous, pour plus de justice et pour plus de solidarité.
Nous sommes tout à fait conscients des progrès considérables de la recherche scientifique et de ses bienfaits, de la maîtrise de toutes les causes qui entraînent la destruction du corps et de l'esprit, de cette volonté d'une jeunesse qui, dans les moments difficiles de son devenir, se retrouve dans la voie du cœur et dans la voie d'une fraternité nouvelle. Nous sommes également conscients de tous les efforts entrepris pour la prise en charge des responsabilités du politique et du socio-économique pour redresser une image qui perd de plus en plus de crédibilité.
Et pourtant, il semblerait que le fossé de l'incompréhension qui sépare les hommes, s'agrandit sans cesse.
Shakespeare écrit : "Qui n'a pas été fou, ne peut être sage".
Nous croyons qu'il faut, c'est vrai, un peu de folie pour entreprendre un travail de recherche d'une certaine harmonie, dans tout ce chaos.
Et, cependant, nous travaillons, sans relâche, soutenus par une foi inébranlable, en la perfectibilité de l'homme, à apprendre à voir en réalité, à entendre intérieurement et à agir consciemment. Cet éternel apprentissage est pour nous, joie de tous les instants.
Cette connaissance dont nous parlons tant, dans nos loges maçonniques, n'est pas une science, mais un état : Connaître c'est naître avec. C'est ouvrir les yeux sur la nature d'une chose comme si l'on naissait en elle, de telle manière que cette perception réveille la conscience de ce qu'il y a d'analogue en nous-mêmes. Le temporel et le spirituel sont intimement liés dans notre approche d'un progrès de l'humanité. Pour que cette approche soit fructueuse, nous nous devons de respecter nos différences et nos différences sont grandes sous la voûte de nos temples : Culture, religions, idéologies, tout pourrait nous séparer et cependant tout nous unit par le travail en commun.
Cette union harmonieuse et fraternelle n'est pas explicable et c'est peut-être en cela que réside ce secret, incommunicable et indescriptible, qui a fait couler tant d'encre et qui fait l'objet de toutes les interrogations de ceux qui n'ont jamais franchi nos portes. Jamais notre tâche n'a été secrète ; elle est simple claire et sans équivoque. Elle consiste, entre autre, tout simplement, à se connaître, se comprendre, s'accepter et s'aimer.
Nos ateliers maçonniques ne sont pas, pour autant, un refuge. Ce ne sont pas des lieux où l'on se retire pour échapper à un quelconque danger comme le précise la définition de ce mot. Nos temples maçonniques ne sont en aucun cas cela. Le danger, au contraire, nous le recherchons, en pénétrant au plus profond de nos propres ténèbres et des ténèbres qui nous entourent et le premier danger que nous rencontrons, ne réside-t-il pas en nous-mêmes ? Ce danger là est celui qui présente le plus de risque sur le chemin initiatique.
Passer de l'Avoir à l'Etre, devenir ce que nous n'aurions jamais du cesser d'être, c'est-à-dire des individus ouverts, en état d'éveil permanent, doutant toujours et remettant en cause nos propres vérités n'est pas une tâche aisée.
Un refuge ? Certes non. Pas plus qu'un apaisement de nos propres angoisses, mais une longue marche vers ce qui est en haut comme vers ce qui est en bas. L'étude du symbolisme et le regard de l'application de nos rites traditionnels, nous aident sur ce chemin. Notre démarche est tout à la fois individuelle et collective. Chacun d'entre nous choisit sa voie en toute liberté, avec son tempérament propre, les moyens de parvenir au but qui est le nôtre : le progrès spirituel et matériel de l'Humanité.
Nous savons que notre engagement est grave, mais jamais ne sera condamné celui qui ne trouverait pas parmi nous ce qu'il recherche.
La liberté n'est pas en effet pour nous, qu'un mot. Elle est une application concrète de tous les moments que nous passons ensemble.
Savoir prendre un risque est toujours un choix difficile, mais parvenir à surmonter ce risque, avec prudence et sagesse, est une satisfaction qui nous amène en plus à croire à la perfectibilité de l'homme et à sa possibilité d'aller au-delà, au plus profond de lui-même, de se surpasser.
Universel, le langage maçonnique est commun à tous les peuples et à la portée de tous ceux qui viennent nous rejoindre. De couleur de peau différente, jeune et moins jeune, universitaire ou artisan, nous travaillons avec les mêmes outils et qui y a-t-il de plus semblable que le langage des mains ? *** |
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