Le Grand
Architecte De l'Univers

Aborder le thème du grand Architecte de l'univers n'est pas a-priori chose aisée pour une simple et bonne raison : on a l'impression d'avoir tout dit là-dessus, mais à la fois rien n'est précis, rien n'est clair quant à ce concept. En jouant au jeu des associations d'idées, la première chose qui me vint à l'esprit furent les rapports du grand architecte et de Dieu, le dieu des chrétiens. Il semble que la franc-maçonnerie ait choisi cette expression particulière comme en opposition au terme de Dieu. Un peu comme si les bases culturelles des institutions religieuses et maçonniques étaient les mêmes, les chemins partant du même point de départ, suivant des  routes parallèles pour arriver au même but profond, mais sans jamais se rencontrer. Pourquoi cette situation ? Certainement, la religion des églises modernes est trop axée sur le dogme, délaissant un peu trop souvent l'aspect initiatique de la foi  alors que les maçonneries ont tenté de mettre l'accent sur l'individu et la liberté intellectuelle , dans la pure mouvance de la philosophie des lumières.  La conséquence est bien connue : on emploie la conception de grand architecte de l'univers pour parler d'un Dieu révélé à la grande Loge nationale Française1 ; ailleurs, à la Grande Loge de France1, on ne parle que de principe créateur ; ailleurs encore, on ne fait même plus référence à cette notion.
Le discours classique à propos du grand architecte de l'univers est d'affirmer que contrairement à la religion, on ne peut parler de Dieu en maçonnerie, puisque c'est plus une philosophie et certainement pas une religion, quoique l'on puisse parfois rester cois devant des attitudes qui relèvent plus de l'intégrisme doctrinal que d'une philosophie libérale. Ce discours ne me paraît pas raisonnable pour la simple raison que la maçonnerie ne peut se prétendre libre de tous dogmes : comment s'affirmer libre quand on ne voit pas ses chaînes ?
Il reste que discourir sur la notion de principe créateur, de grand architecte ou de grand horloger passe indubitablement par une définition, ou plutôt une tentative d'explication des termes dont on use. Exercice difficile, en particulier en maçonnerie ou les symboles recouvrent des interprétations toutes différentes, polymorphes : chacun entend, sous un même symbole, des choses bien diverses. Certains diront que c'est une richesse ; c'est aussi une difficulté et un obstacle dans le partage de la parole. Paradoxalement, et malgré l'importance que revêt le symbole du grand architecte, une plongée dans les ouvrages de référence, tels que celui de Wirth2 ou de Plantagenet2 ne donne aucune piste de réflexion par rapport au sujet.
Si l'on veut trouver une base historique à la création de cette formule, il faut évidemment remonter à la Bible, puis à la Grèce et aux philosophes. C'est dans LE Livre que figure les évidentes références au suprême architecte. On peut y lire : « C'est qu'il attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'artisan (technitès) et le constructeur (demiourgos)3 ». Dieu n'est, dans la Bible, ni plus ni moins que le créateur du monde. Ce qu'en ont fait les religions peut-être observé comme une interprétation du texte. Mais il demeure que ces quelques passages qui font référence au terme d'architecte ou de constructeur suprême ne faisaient pas allusion à quelque valeur morale que ce soit. Dans ce sens, qu'était-il besoin pour les maçonneries en général de retirer  de leurs statuts la notion de divinité, pour la remplacer, par l'indigeste expression de « principe créateur ». Peut-être aurait-il suffi de s'entendre sur une définition du divin, trouver un Plus Petit Dénominateur Commun qui aurait pu être tout simplement un Dieu-simple bâtisseur du monde et de l'homme.  Les anciennes obligations de nos aînés stipulent au chapitre 1 « quoique dans les temps anciens, les maçons fussent astreints dans chaque pays d'appartenir à la religion de ce pays », ils sont désormais exempts de cette obligation, étant seulement tenus d'être hommes bons et loyaux. Cette référence -indirecte- au grand architecte semble faite une confusion entre foi et religion ; l'amalgame entre religion et croyance fut d'ailleurs longtemps la cause, particulièrement sous la troisième république, des luttes absurdes entre la maçonnerie et l'église catholique romaine. D'un autre côté, suffit-il, comme la formule pourrait le faire penser, pour être un bon maçon d'être bon et loyal ? Certainement pas. Si chacun est d'accord pour laisser libre chaque frère de ses croyances religieuses, un consensus sous-entendu veut aussi que le maçon croit en ce « quelque chose » qui le dépasse.
D'ailleurs, c'est presque en ces termes que les nouveaux statuts sont rédigés : on

(Suite page 14)

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