Mysteres de la tradition
Raymond Bernard : questions et reponses
Ces pages sont la resultante d’une situation etrange et qui malheureusement perdure depuis que, voici quelques annees, des evenements tragiques ont porte sur le devant de la scene ce que les uns appellent le monde occulte des sectes, et les autres, plus simplement, les mouvements traditionnels.
Le monde de la tradition est, par nature, discret. Est-ce une raison pour ecrire ou parler sur la tradition sans vraiment la connaitre et surtout, ce qui est assurement incomprehensible, sans se donner la peine d’interroger ceux qui la connaissent ?
Le decalage entre la realite et la version qu’en donnent les medias est tel qu’une reaction est devenue necessaire. Il est temps de donner la parole a ceux dont on parle (et pas toujours en bien et surtout pas toujours avec exactitude), sans les ecouter jamais.
Ces pages dediees a la verite sont donc consacrees a un homme qui a joue un role, pendant une quarantaine d’annees, dans le monde de la tradition: Raymond Bernard.
L’interview qui va suivre a ete proposee et realisee par des personnes qui, connaissant Raymond Bernard depuis longtemps, lui ont demande de bien vouloir repondre a leurs questions afin de permettre, a ceux qui cherchent une information claire et objective, un regard different a travers un temoignage direct.
Toutes les opinions sont recevables, a partir du moment ou elles se fondent sur des donnees vraies. Tel est le but de ces pages : apporter des donnees vraies a qui veut se donner la peine de les lire.
Ce site n’en est qu’a son debut. Des elements nouveaux s’y ajouteront progressivement sous la forme d’autres questions sur le monde de la tradition universelle, d’une illustration sonore, ou tous autres moyens propres a faire de ces pages un reel espace de verite.
En reponse aux questions qui ont pu, a quelque moment que ce soit, m’etre posees a ce sujet, j’ai dit et repete que je n’avais absolument rien a voir avec l’organisation qui a ete connue sous le nom d’Ordre du Temple Solaire. Je reponds clairement et categoriquement que je n’en ai entendu parler pour la premiere fois, comme tout le monde, qu’au moment de la tragedie. Je declare donc, de maniere nette, complete et energique, que toute reference qui pourrait etre faite a une relation, meme lointaine, entre l’Ordre du Temple Solaire et moi, serait totalement et definitivement fausse et mensongere. Je ne suis pas plus informe des questions de l’OTS que le public en general qui a lu dans un journal ou une revue, ou entendu a la radio quoi que ce soit a ce sujet, ou vu quelque emission que ce puisse etre a la television.
Dans un mouvement traditionnel et ancien tel que l’AMORC qui inclut des milliers de membres, il est impossible a un dirigeant de les connaitre tous, meme si des liens fraternels theoriques unissent l’ensemble. Mes fonctions successives dans l’AMORC furent celles de Grand Maitre, puis de Legat Supreme pour l’Europe et enfin membre du conseil mondial constitue alors de cinq membres seulement siegeant aux Etats-Unis, en Californie, siege supreme de l’Ordre a cette epoque. Ces fonctions etaient telles du point de vue du travail, des activites et des responsabilites qu’elles ne permettaient pas un contact avec chaque membre de l’Ordre individuellement. La situation est, dans de telles fonctions, la meme que celle d’un dirigeant d’une tres grande societe dans le monde en general.
En ce qui concerne Monsieur Di Mambro, du fait qu’il avait ete, selon la terminologie traditionnelle, " Maitre " (on l’est un ou deux ans) d’une loge rosicrucienne, il serait possible que je l’aie rencontre. Il m’a ete dit apres la tragedie que l’on sait, que j’avais exclu Monsieur Di Mambro de l’AMORC. Je n’ai pas souvenir des circonstances ni des raisons de cette exclusion. Selon les informations que l’on m’a donnees, il n’etait plus rosicrucien a partir d’une certaine date. Quant a moi, je n’ai aucun - je dis bien aucun - souvenir de Monsieur Di Mambro. Meme s’il a ete un temps rosicrucien, je regrette de dire qu’il ne m’a pas frappe au point que je me souvienne particulierement de lui, et ce, meme si, un dossier etant venu sur mon bureau, j’ai suivi une recommandation d’exclusion le concernant, conformement aux regles de l’Ordre.
Quant a Monsieur Luc Jouret, je ne l'ai jamais rencontre et je ne peux, par consequent, avoir quelque souvenir que ce soit de lui.
L’ouvrage de Serge Caillet intitule : " L’Ordre Renove du Temple, aux racines du Temple Solaire " publie chez Dervy et certainement toujours disponible est la meilleure et la plus complete reference a ce sujet. Je resumerai donc tres brievement ce qui est rapporte si parfaitement dans ce livre.
Je suis a l’origine de l’ORT. Alors que l’Ordre de la Rose-Croix AMORC etait en pleine formation en France, il y eut alors un grand interet du public pour les questions templieres. J’ai pense, pour eviter que les membres de l’AMORC se dispersent, qu’il etait judicieux d’etablir au sein, ou de maniere tres proche, de l’AMORC, un mouvement qui porterait le nom de templier. J’ai donc demande l’avis du directeur mondial de l’AMORC, celui qui a le titre traditionnel d’Imperator. Il m’a finalement donne son accord et j’ai ainsi cree l’organisation appelee Ordre Renove du Temple. Je l’ai fait en octobre 1970 sous la forme d’une association legale distincte de l’AMORC. Cet Ordre, depuis sa creation et jusqu’au moment ou je m’en desinteresse completement, en octobre 1972, etait reserve uniquement aux membres de l’Ordre de la Rose-Croix AMORC. Il n’y avait alors aucune exception a cette regle. Rapidement les conditions generales se rapportant aux questions templieres ayant change et l’interet des Rosicruciens ayant vite decru, plus vite qu’envisage au debut, il n’etait plus necessaire qu’un mouvement templier soit lie a l’AMORC et j’ai donc charge Julien Origas de la responsabilite de l’Ordre Renove du Temple. Julien Origas etait un membre de l’AMORC, tres loyal envers celui-ci. Pendant un certain temps, il a voulu me tenir informe puis, sur mon insistance, car l’AMORC occupait tout mon temps, il a cesse, et conduit l’ORT comme il l’entendait. Je n’avais plus a etre informe et je ne l’ai plus ete. L’AMORC n’avait plus rien a voir avec l’ORT, et il en etait de meme pour moi.
Me trouvant a Rome en octobre 1955, j’ai rencontre Giuseppe Cassara di Castellamare dont l’adresse m’avait ete communiquee par Ralph M. Lewis, directeur mondial de l’AMORC. Il devint vite un ami personnel et m’a fait ensuite connaitre le Grand Maitre en fonction d’une branche de la Franc-Maconnerie italienne assez importante, d’essence templiere, le Comte Damiani, d’une ancienne famille italienne. C’est ainsi que j’ai ete recu dans une fraternite maconnique aux origines et a la tradition dites templieres. Mais je precise immediatement et avec insistance que, dans mon esprit et ma ferme conviction, il n’y a aucun lien possible entre quelque organisation templiere que ce soit et l’Ordre du Temple, cree au douzieme siecle. Cela, je n’ai jamais cesse et je ne cesserai jamais de le proclamer.
Il m’est arrive, certes, dans des conferences, livres et articles, de me referer a l’aspect templier d’une " reception initiatique " qui m’a ete accordee dans un cadre determine. Cette tradition seculaire etait fondamentalement maconnique, et en soulignant son caractere en essence templier, j’ai dit l’exacte verite. Ne pouvant, a l’epoque, conformement aux regles de la tradition maconnique et surtout par respect pour le caractere confidentiel de telles activites dans une ville, Rome, ou il etait prudent de ne pas etre trop clair et precis, je ne pouvais preciser le fait que le cadre de cette transmission etait une branche de la Tres Respectable Franc-Maconnerie italienne, et la confidentialite maconnique est toujours de regle partout. J’ai " designe ", " revele ", sans dire ni trahir. En me referant au "Cardinal blanc", je me referais, en fait, par une allusion significative du mot cardinal, a un responsable important dont la tenue blanche, de rigueur a l’epoque, etait symbolique de la tradition dont il assumait la responsabilite. Je n’ai pas ete a l’encontre d’une verite symbolique en parlant du cardinal blanc. Le Cardinal blanc a ete, de ce point de vue, un symbole vivant, une realite. Il m’est possible actuellement, lorsque je reviens a ce grand " passe " et en extrayant quelqu’un en particulier de la charge assumee, de ne me souvenir que du symbole represente et d’en ressentir toute la force traditionnelle.
S’il y avait une autorite commune, il n’y aurait surement pas ces divisions, ces luttes difficiles, ces critiques parfois - helas ! — acerbes et souvent hypocrites portant sur certains, sans crainte de detruire leur respectabilite. Qu’il y ait, a l’arriere de toutes les activites traditionnelles et EN ESSENCE, un meme courant spirituel ou intellectuel, cela est possible, mais si l’on se situe dans le " manifeste " et sur le seul plan humain, physique et materiel, c’est absolument impossible, car contraire a la nature humaine fondamentale. Il suffit de considerer les multiples scissions qui ont eu lieu periodiquement dans toutes les organisations, en particulier dans les temps modernes, pour le constater, et en profiter pour souligner qu’helas de tels mouvements, lorsqu’ils s’opposent les uns aux autres, quel que soit le mobile et aussi justifie que ce soit en apparence, ne servent pas du tout la cause commune de la tradition. S’il y avait a l’arriere de tous les ordres ou mouvements une direction occulte, cachee, commune, elle ne permettrait certes pas de telles luttes, prejudiciables a l’ensemble. Une telle direction n’existe absolument pas.
Le mot Maha est un terme sanscrit qui signifie " Grand ". Maha a ete un personnage bati a partir de mes rencontres avec de multiples personnes qui, sur un certain plan, auquel je crois personnellement, representent une forme d’autorite " spirituelle de reference " en raison de leur consecration a la recherche de ce qui est nomme dans la tradition " la verite eternelle " et a la formulation qu’ils ont pu en donner ou transmettre. Le mot Maha a donc designe, dans ma comprehension, ces differentes personnes qui ont, a quelque moment que ce soit, apporte leur contribution a la tradition telle qu’elle se manifeste au service de l’humanite. L’ensemble de ceux qui ont ?uvre en ce sens, je l’ai rassemble sous le nom d’un personnage, Maha, qui, ainsi explique, " rassemble ", est encore plus impressionnant dans sa multiplicite, dans sa diversite active.
Les circonstances faisaient que mes aspirations personnelles a servir dans de telles responsabilites etaient comblees et que je ne pouvais pas apporter davantage dans ce cadre defini. Mais surtout le temps etait venu pour d’autres, et en particulier pour Christian Bernard, dument prepare et pret pour insuffler une dynamique nouvelle et un essor spirituel plus grand, d’assumer leurs responsabilites et d’accomplir leur ?uvre.
Lorsque j’ai demissionne de mes fonctions, en particulier celle, fondamentale, de membre du bureau supreme, quelqu’un d’autre, naturellement devait etre elu a ma place. Mon fils, qui avait grandi dans cet environnement et qui, sans qu’il y soit jamais force, etait devenu tres jeune, membre de l’AMORC, a ete elu de maniere tout a fait traditionnelle. Ainsi, parce que mon fils etait elu a mes fonctions, certains ont fait la remarque que l’AMORC etait une dynastie. Des dizaines d’annees auparavant, aux Etats-Unis, la meme situation s’est produite, Ralph M. Lewis ayant ete elu a la suite de son pere. Une telle remarque n’avait pas ete faite la-bas. C’est en tout cas une remarque que l’on pourrait dire " irreflechie ". Dans tous les pays republicains, en France et ailleurs, il arrive que le fils soit elu en remplacement de son pere. On le voit dans les mairies, dans les conseils generaux, dans les parlements et autres assemblees. C’est meme une situation frequente. Il n’y a rien d’etrange ou de particulier a ce que cela se produise dans des mouvements fraternels. Je dirai meme, par experience, que c’est a la satisfaction de la tres grande majorite. Chacun comprend que de telles charges ne sont pas toujours faciles a assumer socialement parlant. J’ajouterai qu’il y a vingt-cinq ans il n’y avait pas beaucoup de candidats surtout pour des fonctions a remplir quotidiennement et sans limite horaires..
Je viens de l’expliquer en partie. J’ajouterai simplement que, pour continuer d’interesser ceux qui etaient en recherche sincere et les maintenir dans cette recherche, certains sujets et certaines activites me semblaient pouvoir etre conduits dans une ou plusieurs directions nouvelles, de maniere plus approfondie, sans pour autant quitter la structure fondamentale ou etait et demeurait pour chacun la base meme de ses travaux. C’est ce sentiment tres fort qui m’a conduit a creer quelques mouvements specifiques. Il s’est chaque fois agi de tentatives, d’efforts, en vue d’apporter une aide a certains et de leur eviter des choix qui pouvaient ne pas etre surs pour eux. Certains de ces mouvements ont ete des echecs. D'autres ont perdure. Mais la regle essentielle, forte et ferme que j’ai appliquee, maintenue, et que d’autres, apres moi, continueront de suivre, est la tolerance et le respect de tous les mouvements traditionnels et de tous les efforts entrepris ou et par qui que ce soit, avec cependant une reserve, celle-ci : une creation qui aurait pour unique fondement l’ego, dans les domaines particuliers de la tradition et de la recherche spirituelle, ne saurait etre valable et ne pourrait, de toute facon, se maintenir. Tout ce qui est manifestation de l’ego, tout comme l’ego lui-meme, a une fin ineluctable, meme si celle-ci est plus ou moins rapide. Ce que l’on appelle " avenir " est donc, a cet egard, le meilleur juge.
Je l’ai fait dans toute la mesure du possible, mais cette organisation, comme toutes les autres, a des regles et le respect de celles-ci est essentiel. Dans le cadre de cette organisation, introduire des recherches particulieres ou developper trop, au detriment des autres, une particularite, aurait conduit a une dispersion de l’interet de ceux qui venaient a ce mouvement pour en recevoir la formation traditionnelle donnee par lui depuis presque cent ans dans sa manifestation moderne. Une telle dispersion aurait cree une grande confusion et aurait ete dommageable pour tous. C’est d’ailleurs, je suppose, la regle toujours majeure du mouvement auquel vous faites allusion et qui est certainement l’Ordre de la Rose Croix AMORC.
Contrairement a ce que l’on a pu dire ou affirmer ici ou la, je n’ai vu Jacques Breyer que deux fois. Une fois, lorsque j'ai ete invite par une relation qui appartenait a la meme tradition maconnique que moi a etre present, en tant que " curieux ", a une ceremonie tenue dans un village pres du mont Obiou. Cette circonstance est mentionnee dans le livre de Serge Caillet. Une autre fois, lors d’une rencontre courte et formelle chez une amie de sa mere. J’avais naturellement entendu parler de Jacques Breyer car, dans les annees 1960, ses livres intitules " Arcanes Solaires " et " Dante alchimiste ", etaient souvent mentionnes dans certains milieux maconniques et autres.
Meme si je ne peux participer regulierement a aucune reunion, a aucune " tenue", parce que ma sante ne me le permet pas, je reste membre d’une grande obedience maconnique.
J’ai commence a assumer mes responsabilites dans l’Ordre de la Rose-Croix AMORC le 1er mars 1956 a un moment ou ce qui a ete appele la decolonisation n’etait pas encore entreprise, ni meme envisagee telle qu’elle a ete realisee par la suite. Or, deja a cette epoque, les enseignements rosicruciens etant envoyes aux membres de l’AMORC sous forme de monographies, des Africains, sur tout leur continent, les recevaient, en anglais d’abord, a partir d’autres juridictions et d’autres pays, puis en francais, a partir de la France, lorsqu’une juridiction y fut creee apres la derniere guerre mondiale. Au moment ou j’ai pris mes responsabilites dans l’AMORC, de nombreux Africains etaient donc deja rosicruciens. Parmi eux, beaucoup avaient une formation academique et parmi ces membres africains de l’AMORC, au moment ou des elections ont eu lieu lors de la decolonisation, certains ont ensuite ete amenes a occuper electivement des fonctions tres importantes, ou ont ete choisis pour les occuper. Ces personnes avaient assurement leurs preoccupations particulieres, politiques et autres, leur volonte de se devouer a leur pays, et les circonstances ont ainsi voulu qu’elles realisent leurs esperances et leurs choix individuels. Or, certains etaient deja soit rosicruciens soit francs-macons, ou les deux, c’est-a-dire membres d’un ou des deux courants essentiels de ce temps. Il n’y avait pas, en effet, en 1956 ni dans toutes les annees 1960, autant d’organisations, sectes et autres, qu’il y a de nos jours.
Il est donc clair que le fait que certains Rosicruciens ou Francs-Macons, ou les deux, aient ensuite accepte des fonctions politiques de premier plan, n’a pas ete un choix specifique qui a ete fait par l’AMORC ou la Franc-Maconnerie. Il s’est trouve simplement qu’au moment ou ils ont assume leur fonction, ils etaient deja rosicruciens, francs-macons ou les deux. C’est ce que je suis en mesure de repondre a votre question, etant bien precise, et j’insiste, que tous les responsables politiques eminents de ces pays n’ont pas ete dans ce cas. Certains n’ont certainement jamais appartenu a quoi que ce soit. Je ne comprends d’ailleurs vraiment pas pourquoi il est si souvent fait reference a l’Afrique et aux Africains dans les domaines dont nous nous entretenons. Les hommes sont partout des hommes, ou qu’ils se trouvent, en Europe, en Afrique, en Asie ou en quelque autre continent que ce soit.
Personne, avant moi, dans le monde de la tradition qui nous occupe dans cet entretien, n’etait alle en Afrique visiter les membres africains, et lorsque je m'y suis rendu, les Rosicruciens d’Afrique ont estime necessaire que je rencontre leurs grands dirigeants politiques. Ils le faisaient parce que pour eux, je personnifiais l’ideal auquel ils se rattachaient et que leurs dirigeants politiques representaient aussi, pour eux, une autre forme d’ideal, celui de leur patrie, de leur pays.
Le fait que j’aie assume, dans ce meme monde de la tradition, des responsabilites pendant des annees, faisait aussi que certains Rosicruciens en charge de responsabilites politiques consideraient le travail traditionnel accompli sous mon autorite comme parfaitement utile au bien-etre de leur pays, et pensaient m’exprimer leur gratitude en me conferant une fonction particuliere dans leur pays, et en demandant mon avis eventuel sur des sujets divers, particulierement culturels. Et j’ai ete tres honore de leur confiance. Ils n’etaient nullement tenus de me considerer comme un conseiller. J’ai fait, en tout cas, mon possible pour etre utile. Si j’ai fait etat de ces faits, si j’ai permis que dans certaines biographies il en soit fait mention, c’est parce que je suis infiniment reconnaissant a ces pays africains, a leurs hauts dirigeants et donc aux Africains eux-memes dans leur ensemble, d’avoir bien voulu, en raison de ce que je representais, me reconnaitre personnellement capable de recevoir, chez eux, un titre officiel assez important pour me montrer leur confiance, leur amitie et leur respect.
A une date plus recente, en fait des 1986, un CIRCES Afrique avait ete etabli et il s’est trouve qu’en raison des fonctions occupees par les responsables de ce CIRCES Afrique, ils etaient en mesure d’aider meme financierement le CIRCES local. Lorsqu’un CIRCES a ete ensuite etabli en France, ce CIRCES Africain a aide le CIRCES Francais. Ce n’est pas un Etat, un President, un Ministre, ou quelque autre personnage, qui a aide a l’etablissement de ce mouvement. C’est ce meme mouvement tel qu’il existait anterieurement dans ces pays africains qui a apporte son aide materielle temporaire, sous forme de pret dument formule du point de vue des documents officiels, au mouvement dont le siege etait etabli en France.
Absolument, et il a ete longtemps question que le CIRCES de France soit simplement une filiale du CIRCES d’Afrique, en particulier lorsque celui-ci s’est etabli au Cameroun. C’est d’ailleurs pourquoi certaines accusations ont ete portees qui ne sont pas tres agreables ni pour les Camerounais, ou les autres Africains d’ailleurs, ni pour ceux qui agissent dans le monde et en France en particulier, dans le cadre de ce mouvement. Tout a ete fait dans le CIRCES d’une maniere absolument reguliere.
Je n’avais aucun projet. Apres mon retrait de la fonction de Legat, il me fallait une sorte de coupure ou " rupture " personnelle et j’ai pense que le mieux etait, pour cela, de partir quelque part. L’occasion s’est presentee, lors d'une conversation que j’ai eue avec un ami, d’aller en Afrique. Nous sommes donc partis, ma femme et moi, habiter au Cameroun, ou nous sommes restes pendant un temps assez long. C’est d’ailleurs au Cameroun, dans la demeure obligeamment mise a ma disposition, que j’ai ecrit certains documents qui ont ete ensuite utilises dans le cadre du CIRCES, tel qu’il a ete a l’origine.
Je dois etre a nouveau tres net et categorique dans ma reponse a ce sujet. Jamais, a aucun moment, quelque contact que ce soit n’a ete pris avec moi pour que je remplisse une mission de ce genre, ou que je fasse quoi que ce soit au service d’un organe quelconque de renseignement et, pour etre encore plus precis, j’affirme clairement qu’a aucun moment il n’y a eu pression, demande officielle, officieuse, ou autre, qui puisse, de quelque maniere, me faire supposer que l’on s’attendait a ce que j’accomplisse une mission pour des services de renseignement ou pour des services officiels de quelque nature qu’ils soient. Donc, en ce qui me concerne personnellement et en ce qui concerne les mouvements traditionnels dans lesquels j’ai assume des responsabilites, et c’est le cas de tous mouvements tels que l’Ordre de la Rose-Croix AMORC, la Franc-Maconnerie, le CIRCES ou l’OSTI, il n’y a, j’insiste, JAMAIS eu d’influence des services secrets, ni d’organes de renseignement ou autre. JAMAIS. Pretendre le contraire serait pur mensonge, pure invention, pure calomnie et pure diffamation.
Permettez-moi de souligner que je ne suis pas du tout, personnellement, a l’origine de ce qui a ete appele Medifocus. L’Ordre de la Rose-Croix AMORC avait, a ce moment, son siege mondial a San Jose en Californie. L’idee de Medifocus est nee la-bas, c’est-a-dire au siege mondial de l’AMORC, a San Jose, aux Etats-Unis, dans une intention, certes tout a fait louable, de creer une ambiance vibratoire telle que l’on pouvait esperer voir s’etablir davantage d’harmonie entre differents pays a travers leurs dirigeants ou leurs responsables, en leur envoyant des pensees positives. Au bout de quelques mois, les dirigeants de l’Ordre se sont rendu compte que Medifocus pouvait etre mal compris ou mal interprete, intentionnellement ou non, et je me rappelle avoir moi-meme emis de grandes reserves sur Medifocus. Medifocus a donc ete supprime rapidement et il est pour le moins curieux que l’on en reparle apres tant d’annees, alors qu’il a ete supprime si rapidement. Une precision pourra etre aussi utile. Medifocus, pendant le temps tres court ou le travail a ete propose, n’etait pas une pratique secrete. Il en etait fait mention dans toutes les revues rosicruciennes, y compris celles mises a la disposition du public partout dans le monde, mais l’idee d’origine etait une idee de comprehension, de reflexion, de meditation, et non pas d’intervention. Cette pratique spirituelle, je le repete, a dure tres peu de temps.
Absolument pas. Ce sont les enseignements de l’AMORC qui, depuis 1915, utilisaient ce terme. Ce que les enseignements rosicruciens voulaient par ce mot exprimer, est le fait que la mort - le Rosicrucien etant fondamentalement croyant - n’est pas une fin ultime. Et ceci m’amene a souligner un point important, fondamental. La vie en ce monde, pour quiconque est croyant et s’interesse aux recherches spirituelles, n’est pas soumise a la volonte de l’homme. Un Rosicrucien ou tout autre spiritualiste authentique, quelles que soient ses affiliations, ne se suicidera jamais. Fondamentalement seul un materialiste, un incroyant, peut commettre un tel acte, en pensant que la mort est une fin. Il faut cependant remarquer que, soumis a une immense souffrance physique due a la maladie ou a une detresse morale intense, quelqu’un peut, s’il n’est pas secouru, en venir a un acte d’une telle extremite. Mais c’est la un cas exceptionnel qui ne change rien a la regle ni a la conception fondamentale de l’existence qui est que nul ne peut, s’il est croyant, mettre un terme a son existence en ce monde. Cela revient a dire qu’un authentique spiritualiste, parce que le corps, pour lui, est le temple de l’ame, s’efforce de maintenir celui-ci en bonne sante. Je n’ai jamais vu un authentique " Cherchant " ne pas reflechir aux moyens d’etre tout a fait en forme et de vivre aussi longtemps qu’il le peut, de maniere a pouvoir agir, dans les meilleures conditions et participer ainsi activement au monde. Le terme " transition " des enseignements rosicruciens en Anglais a ete utilise dans les monographies traduites en francais pour designer la mort. Il n’y pas d’autres explications a donner. Remarquons simplement qu’il y a d’autres mots qui, parce qu’un jour quelqu’un a commis un acte reprehensible, ont pris une signification elle-meme reprehensible et particuliere ensuite, en reponse a un evenement ayant frappe le public, mais cela ne signifie pas pour autant que ces mots, dans leur essence et leur verite, aient voulu signifier quelque chose de nefaste ou de negatif. En ce qui concerne le mot " transition ", il veut indiquer une continuite et non pas une rupture. Pour le croyant, pour le spiritualiste, l’homme n’est pas maitre de la duree de son existence. Il ne lui est pas permis d’y mettre fin. C’est, de mon point de vue, une erreur, et une faute grave de decider consciemment de sa propre fin. Mourir n’est pas une decision qui appartient a l’homme, c’est une circonstance naturelle. L’homme ne peut intervenir, dans son existence, que pour faire en sorte de prolonger le plus possible l’existence de son outil qu’est le corps.
Transit ou transition, il n’y a aucune difference dans la portee du mot. C’est une simple question de terminologie et tout ce que je viens de dire s’applique donc a l’un et l’autre de ces termes.
Je ne pense pas que quelqu’un de reflechi ait pu jamais me considerer ainsi, mais je repondrai ceci : Je n’ai jamais, et dans le cadre d’aucun mouvement, quel qu’il soit, assume des fonctions de gourou. Dans l’Ordre de la Rose-Croix AMORC, les fonctions sont electives et il en est de meme dans la Franc-Maconnerie. Il s’est trouve qu’en France, dans l’Ordre de la Rose-Croix AMORC, j’ai ete reelu plusieurs fois et j’ai ainsi tenu mes fonctions pendant un nombre important d’annees. Dans des pays proches de la France, en particulier, des responsables n’ont pas ete reelus aux fonctions qu’ils occupaient et ainsi les changements ont ete beaucoup plus perceptibles. Pour les membres de l’AMORC, comme pour les Francs-Macons ou l’OSTI, ils n’ont certes pas de gourou. Il n’y a pas chez eux de direction donnee d’une maniere arbitraire, dogmatique ou dictatoriale. Absolument pas. Celui qui assume une fonction rend periodiquement des comptes a une assemblee, elle-meme elue. Et c’est ce qui est le cas dans l’organisation interne de l’AMORC, comme dans les autres grands mouvements traditionnels. Dans l’AMORC, pour ne citer que ce mouvement, son bureau supreme etait, et il est sans doute toujours, en derniere analyse, l’expression de la volonte exprimee par des votes lors de conventions ouvertes a tous les membres. Si, pour prendre mon propre exemple, j’ai ete elu au Bureau Supreme, j’ai ete confirme dans ces fonctions lors d'une convention reunissant tous les membres. Certes, on peut, en observant diverses organisations traditionnelles, remarquer que les dirigeants ne changent guere. A cela, je repondrai en observant, y compris en France, que la plupart des grands partis politiques ont les memes dirigeants depuis des dizaines d’annees. Des l’instant que les membres de ces partis sont satisfaits et que, par leurs differentes assemblees, ils reelisent les memes personnes, c’est certes tant mieux pour la continuite des activites de ces partis. Pourquoi, des lors, s’etonner qu’il puisse en etre de meme dans les mouvements traditionnels, comme c’est le cas dans l’AMORC ou comme c’est le cas dans d’autres grands mouvements, comme la Franc-Maconnerie, le CIRCES, ou encore l’Ordre Souverain du Temple Initiatique, l’OSTI ? Si les membres en viennent a etre mecontents de la maniere dont ils sont conduits, ils le manifesteraient lors des votes et leurs responsables seraient differents. Mais pourquoi les changer des l’instant qu’ils remplissent leur fonction comme il se doit et qu’ils representent ceux qui les ont places dans leur charge par des votes directs ou indirects, c’est-a-dire par un systeme electif a plusieurs niveaux ? Et cela est valable pour tous les mouvements, qu’il s’agisse de politique, de culture ou de quelque domaine que ce soit.
Generalement lorsqu’on considere les activites d’un mouvement traditionnel, que ce soit la Franc-Maconnerie, que ce soit l’Ordre de la Rose-Croix AMORC, que ce soit l’OSTI, on voudrait en faire une particularite. Il n’y a pas de particularite. La meme facon de proceder est suivie dans tous les mouvements. Elle est en France fondee sur la loi de 1901. Elle implique une assemblee generale, un ou des bureaux elus et des dirigeants eux-memes elus, quels que soient les modes d’election adoptes.