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Oh oui, parlons-en !
Ce n'est pas bien agréable, puisque c'est sans doute l'une des principales critiques que l'on entend vis à vis de la Franc-Maçonnerie. et qu'à la différence d'autres (magie, complots, etc.), celle-ci n'est malheureusement pas toujours infondée. Alors justement, parlons-en !
Parce qu'elle cultive un certain secret, parce qu'elle réunit des gens de tous horizons, parce que les Maçons. sont censés s'entraider dans les difficultés, parce qu'il est beaucoup plus facile de rentrer en Maçonnerie que dans de vraies sociétés secrètes, et beaucoup plus simple aussi d'en sortir, la Franc-Maçonnerie a toujours attiré des gens qui venaient à elle non pas pour y travailler sur eux-mêmes et pour le bien de l'Humanité, mais au contraire pour tenter d'en retirer un bénéfice matériel ou professionnel personnel.
Les vrais Maçons les surnomment les "alimentaires". Ils sont la plaie de la Maçonnerie. Ce sont en général des "seconds couteaux" de l'affairisme et du trafic d'influence, car il existe probablement d'autres réseaux bien plus efficaces et puissants que tous les "réseaux" maçonniques, mais nos "alimentaires" n'ont pas su, ou pu, les rejoindre. Ils seront d'ailleurs le plus souvent déçus:
Contrairement à ce qu'on entend souvent, y compris parfois dans la bouche de certains hauts
responsables, il n'est pas toujours vrai que, dans le cas de l'embauche par exemple, "à qualité égale, on préfère prendre un maçon".
Je connais par exemple plusieurs cas oł "à qualité égale", un Frère a préféré embaucher un profane, parce qu'il craignait que les relations professionnelles ne soient pas parfaitement claires avec un de ses subordonnés qui serait son égal dans la Loge.
Lorsqu'à "qualité égale", un Maçon choisit en un autre, c'est
généralement parce qu'ils se connaissent bien et depuis longtemps, et pas uniquement parce que l'autre est Maçon.
En général, l' "alimentaire" participe assez assidûment à la vie de sa Loge au cours de sa première année en Franc-Maçonnerie. Pourtant, lorsqu'on le regarde bien, on voit assez vite qu'il s'y ennuie déjà. Ce n'est pas ça qu'il était venu chercher. La seconde année, on le voit déjà moins, et, du jour oł il a atteint le grade de Maître, on ne le voit plus du tout dans sa Loge. Par contre, d'un seul coup, on le voit beaucoup prendre contact en privé avec tels ou tels Frères qu'il suppose "influents".
Est-il Maçon ? Assurément non. Même si souvent il continue de payer ses cotisations.
"Qui es-tu pour me juger ?" criera-t-il parfois à celui qui lui en ferait le reproche. Et l'autre, par souci d'éviter un affrontement stérile, ne répondra pas toujours.
Pourtant, il ne s'agit nullement d'un jugement personnel. Un maçon doit travailler dans sa Loge, il doit travailler sur lui-même, il doit travailler pour le bien de l'Humanité. Toutes choses que notre "alimentaire" s'est empressé d'oublier, ne pensant qu'à ce devoir "d'entraide mutuelle dans le péril" dont il n'a pas compris qu'il est né à une époque oł n'existait aucune protection sociale et qu'il n'a de sens que dans le contexte plus vaste de l'éthique maçonnique.
Lui, l'alimentaire, toute honte bue, appellera "péril" le risque de perdre un contrat et demandera alors l'assistance de "ses frères" qu'il ne fréquente jamais en dehors de ses besoins
professionnels.
Parfois, on le verra revenir dans la Loge quelques années plus tard, expliquant qu'il reprend sa démarche personnelle. Il s'investit alors beaucoup, tente de manipuler beaucoup aussi les uns ou les autres, monte parfois les uns contre les autres, "fait campagne". Car son but devient alors de se faire élire à la présidence de sa Loge, ou mieux encore de devenir le président fondateur d' une nouvelle Loge, qu'il voudra particulièrement "élitiste".
En bref, puisque le "réseau maçonnique." a déçu ses attentes, il va essayer de fonder le sien. Il arrive malheureusement parfois qu'il y parvienne, et quelques années plus tard, c'est pour la Franc-Maçonnerie l'assurance d'un scandale et de la une des journaux.
Car lorsqu'on veut vendre des journaux, on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure ... ni des Loges qui fonctionnent normalement. Et pour gonfler un peu son article, le journaliste à scandale n'hésitera pas à prendre comme exemple de Maçon corrompu tel personnage qui fut maçon pendant deux ans dans sa jeunesse, ou tel autre qui ne le fut jamais mais dont le père l'était !
En France, sur environ 120000 Maçons, un journaliste estimait récemment qu'il n'y en avait que quelques 5000 "influents". Ce qui n'empêchait d'ailleurs pas son magazine de titrer à la une:
"Le vrai pouvoir des Francs-Maçons"
et non pas, ce qui eut été plus cohérent avec l'article et avec les faits
dénoncés:
"Les turpitudes des affairistes infiltrés en Maçonnerie".
Il est vrai que le second titre n'aurait sans doute pas été très vendeur et que le
commerce a ses raisons que l'honnêteté intellectuelle ne connaît pas.
Je voudrais, pour terminer, reprendre ici ma réponse à une question un peu
différente qui m'a été posée il y a quelques mois par un des visiteurs de ce site et qui m'a ouvert les yeux sur l'existence de pratiques que j'avais jusqu'alors sous-estimées: celles des faux-maçons.
Mon correspondant me disait être victime de pressions exercées par un Maçon. Un peu désemparé, il me demandait ce qu'il pouvait faire.
Je lui ai répondu qu'il n'était pas dans les habitudes des Maçons d'utiliser leur
qualité maçonnique pour faire pression sur qui que ce soit. Malheureusement, s'il existe parmi nous quelques corrompus ou corrupteurs, il y a surtout un assez grand nombre d'aigrefins qui se prétendent maçons , ou s'arrangent pour laisser croire qu'ils le sont, alors qu'ils ne l'ont jamais été.
En tout état de cause, l'appartenance maçonnique ne peut en aucun cas soustraire quiconque au droit commun. Bien au contraire, la Tradition impose depuis toujours aux Maçons de respecter les lois du pays dans lequel ils vivent.
Je me suis donc permis de donner le conseil suivant à mon interlocuteur:
- Dans un premier temps, puisque celui qui tentait de faire pression sur lui se prétendait
maçon, essayer de savoir à quelle Loge, ou au moins à quelle obédience il prétendait appartenir. (En général, cela suffit à faire fuir les imposteurs).
- Dans un second temps, si les pressions en question deviennent gênantes sans toutefois être illégales, annoncer son intention de s'en plaindre au président de la Loge prétendue (si on ne dispose pas de l'adresse, il est toujours possible de faire transiter le courrier par l'intermédiaire du siège de l'obédience).
Normalement, cette menace devrait suffire. Dans le cas contraire, ne pas hésiter à le faire: Les Loges sérieuses (la plupart) sont très vigilantes sur ce genre de choses, et n'hésiteront pas à rappeler à l'ordre un de leur membres qui, par ses attitudes, porterait atteinte à leur réputation.
Et s'il s'agit bien d'un imposteur, il sera connu des vrais Maçons au niveau local.
- Enfin, si ces pressions deviennent véritablement illégales, alors aucune hésitation:
Réunir le plus de preuves et de témoignages possible puis porter plainte en Justice.
Encore une fois, les lois sont les mêmes pour tout le monde. C'est une évidence, mais une évidence qu'il est parfois bon de rappeler face au mythe du "réseau maçonnique" et aux agissements de quelques "alimentaires" qui n'ont déjà fait que trop de mal à notre institution.