"Dans un pays parlant 4 langues, carrefour de civilisations, constitué politiquement par une
Confédération de 23 cantons (dont 3 sont divisés en demi-cantons), où
chacun a ses lois particulières, la Franc-Maçonnerie ne pouvait présenter un
développement homogène." [1]
En 1736, quelques Anglais fondent, avec des Genevois, une Loge appelée
"Société des Maçons Libres ou Franc-Maçons du Parfait
Contentement".
Ils fondent ensuite "La Parfaite Union des Etrangers" à Lausanne. D'autres Loges se
constituent dans le Canton de Vaud et se regroupent en un Directoire Helvétique Romand qui
sera contraint à une semi-clandestinité par le gouvernement de Berne de 1743
à 1764.
En 1740 est fondée "La Concorde" à Zürich, en 1743 "Les Trois Etoiles Flamboyantes"
à Neuchatel et en 1744 une autre Loge à Bâle.
"En 1745 [...] bien qu'il fut prouvé qu'il ne se passait "dans les 6 Loges genevoises rien de
contraire à la religion et aux intérêts de l'Etat", les syndics firent "défense
à tout Genevois, sous peine de cent écus et de la prison, de s'incorporer à ces
sociétés, un sage gouvernement ne pouvant tolérer le secret dont elles
s'entourent." Cette interdiction n'eut pas de suites durables." [2]
En 1769, une dizaine de Loges se regroupent pour former la "Grande Loge de Genève". Dix
autres les rejoignent peu après. Quelques ateliers demeurent cependant encore quelques temps
sous l'Egide de la Grande Loge de Londres.
En 1779, le Grand Pieuré d'Helvétie se constitue en puissance maçonnique
indépendante.
Suite à l'établissement d'un régime militaire, la Grande Loge de
Genève connaît 4 années de demi-sommeil de 1782 à 1786. En 1786, les
travaux reprennent et une deuxième obédience voit le jour: le Grand Orient de
Genève.
Cependant, la vie maçonnique suisse va connaître deux périodes d'arrêt à la
suite des événements qui suivront la révolution française, de 1792
à 1802 d'abord, puis, après une reprise importante liée aux Loges militaires de
l'armée napoléonienne, de 1813 à 1815.
En 1822, les deux obédiences qui régissent les ateliers symboliques sont la Grande
Loge Nationale, à Berne et le Grand Prieuré d'Helvétie. Elles fusionnent en
1842 pour former la Grande Loge Suisse Alpina, les Hauts Grades Rectifiés restant sous
l'Egide du Grand Prieuré d'Helvétie.
En 1873, les Hauts Grades Ecossais forment le Suprême Conseil pour la Suisse.
En 1975, le célèbre Convent international de Lausanne réunit onze Suprêmes
Conseils qui réaffirment que le Grand Architecte de l'Univers, concu comme "un principe
créateur", est un symbole fondamental du Rite Ecossais Ancien et Accepté et fixe
définitivement l'appellation des 33 degrés du Rite.
En 1876, la vie maçonnique s'organise de la manière qui a continué
jusqu'à nos jours, autour de 3 principales structures:
- La Grande Loge Suisse Alpina pour les Loges Symboliques.
- Le Grand Prieuré Indépendant d'Helvétie pour les Hauts Grades
Recitifiés.
- Le Suprême Conseil de Suisse pour les Hauts Grades du R.E.A.A.
En 1895, un première Loge du Droit Humain est ouverte à Zurich.
La Fédération Suisse du D.H. est installée en 1963. Elle compte environ 250 membres.
Après l'installation d'un première Loge féminine, liée à la
Grande Loge Féminine de France en 1964, la Grande Loge Féminine de Suisse est
constituée en 1976. Elle comptait en 1987 11 Loges et 300 Soeurs.
En 1987, Alpina comptait environ 60 Loges et 3700 membres tandis que la Grande Loge de Suisse,
devenue depuis Grand Orient de Suisse, fédérait 14 Loges.
On trouve aussi quelques Loges liées au Grand Orient de France ainsi que des ateliers du Rite
de Memphis-Misraïm.
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[1] et [2]: Paul Naudon, Histoire générale de la F.M., PUF, p.143