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L'Allemagne est, avec l'Angleterre, l'Ecosse et la France, l'un des principaux berceaux de la Franc-Maçonnerie moderne, dite "spéculative".
Bien qu'elles aient été nombreuses et importantes, et bien qu'elles aient su elles-aussi, comme leurs homologues anglaises, accueillir très tôt des "maçons acceptés" (c'est à dire des hommes qui n'étaient pas du métier, par exemple artistes et philosophes), les premières véritables Loges modernes furent, en Allemagne comme partout en Europe, d'origine britannique.
C'est probablement à Hambourg, en 1737, que fut fondée la première Loge spéculative allemande. Elle prit en 1741 le nom d' "Absalon". C'est une délégation de cette Loge qui initia, le 14 Août 1738, à Brunswick, le futur roi de Prusse, Frédéric II, sous le règne duquel la Franc-Maçonnerie connaîtra en Allemagne un succès considérable.
Les premières Loges allemandes portent des noms français: Par exemple "Aux Trois Epées", "Aux Trois Cygnes" ou "Aux Trois Aigles Blancs", fondées à Dresde en 1738 par le Comte de Rutowski, ou encore la célèbre Loge "Aux Trois Globes", fondée à Berlin en 1744.
Ces Loges se réuniront en plusieurs obédiences, principalement du fait du morcellement de l'Allemagne de l'époque, mais également à cause questions de rites et de religions. Citons ainsi les 3 Grandes Loges dites "de Vieille Prusse", qui n'initiaient que des chrétiens, bien qu'elles admettaient comme visiteurs des Francs-Maçons d'autres confessions:
Parmi les autres Grandes Loges, dites "humanitaires", citons:
En Allemagne comme en France, le 17ème siècle et le début du 18ème furent marqués par les deux courants philosophiques des Lumières (axé sur la Raison) et du romantisme (privilégiant le Sentiment). De part sa vocation à réunir dans une fraternité constructive des hommes d'opinions diverses, la Franc-Maçonnerie fut naturellement un lieu d'échanges de tout premier ordre, accueillant en son sein aussi bien des courants de pensée traditionnels tels que ceux de l'alchimie et de la Kabbale, que des conceptions très modernes telles que l'Encyclopédisme. Il n'est donc pas étonnant de voir des hommes aussi éclairés que Lessing, Goethe ou Fichte s'y rejoindre et y côtoyer les héritiers des mouvements alchimiques ou Rose-Croix, entre autres.
On le sait, ce florissement d'idées, alliant la recherche de traditions plus ou moins oubliées et la modernité donna naissance à une multitude de Hauts-Grades. En particulier, l'Allemagne fut le berceau de deux "Hauts-Grades" maçonniques prestigieux, ceux de "Rose-Croix" et de "Kadosch". Par la suite, ces "Hauts-Grades", nés un peu partout de sources différentes, furent réorganisés en systèmes et en Rites. Celui qui eut le plus grand succès en Allemagne fut incontestablement celui dit de la "Stricte Observance Templière", fondé aux environs de 1750 par le baron de Hund, qui avait initié aux Hauts-Grades écossais à Paris. Après le décès de son fondateur, en 1776, ce système sera réformé, en autres à l'initiative du lyonnais Jean-Baptiste Willermoz, et, en 1782, il deviendra au Convent de Wilhelmsbad le "Rite Ecossais Rectifié". Notons au passage que dès le Convent de Wilhelmsbad, les références à la "légende templière" sont connues pour ce qu'elles sont, à savoir des allégories et des légendes, et non pas des faits historiques.
Comme partout en Europe Continentale, le 20ème siècle sera hélas tragique pour la Franc-Maçonnerie allemande.
Après les millions de morts de la première guerre mondiale, la crise économique de 1929, alliée aux conséquences du désastreux Traité de Versailles allait, comme on le sait, amener le totalitarisme Nazi au pouvoir en 1933, entraînant l'Allemagne dans 10 années d'un fanatisme criminel et suicidaire.
En ce qui concerne la Franc-Maçonnerie qui comptait quelques 600 Loges et 70000 membres, toutes ses Loges furent contraintes de fermer, ses temples détruits, ses membres persécutés et souvent déportés. Toutefois deux obédiences, la Grande Loge Symbolique d'Allemagne et la Grande Loge de Hambourg réussirent à poursuivre leurs travaux en exil, respectivement à Jerusalem et à Valparaiso.
Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'Allemagne n'est plus qu'une immense étendue de ruines, bientôt séparée entre les deux blocs de la guerre froide.
La première loge reconstituée fut la plus ancienne: "Absalon", à Hambourg, mais la Maçonnerie allemande ne se releva que fort difficilement et ne parvint jamais, jusqu'à la fin du 20ème siècle, à reprendre la place qui fut la sienne au cours des siècles précédents.
En 1949, seules 151 loges, provenant de diverses obédiences, seront représentées à Francfort-sur-le-Main pour constituer la nouvelle "Vereinigte Grossloge der Freimaurer von Deutschland" (Grande Loge des Francs-Maçons d'Allemagne). Dans le même temps, avec les forces d'occupation s'établirent un nombre important de loges militaires américaines et britanniques qui se réunirent en deux obédiences: l' "American-Canadian Grand Lodge of Ancient Free and Accepted Masons" et la "Grand Lodge of British Freemasonry".
En 1958, sous l'impulsion de Theodor Vogel, une "Magna Charta" réunit les 5 principales obédiences ouest-allemandes sous l'égide d'une confédération commune, les "Vereinigte Grosslogen von Deutschland" (Grandes Loges Unies d'Allemagne).
En 1989, avec la chute du mur de Berlin puis la réunification, la Franc-Maçonnerie est de nouveau autorisée dans la partie orientale de l'Allemagne, après cinquante années d'interdiction et de persécutions.
Situation actuelle:
(Rédaction en cours)