On trouve en France la trace d'une Loge militaire rattachée au régiment "Royal Irlandais" en 1688.
Devenue civile, elle prit en 1752 le nom de "Parfaite Egalité". La première Loge de source
anglaise serait "l'Amitié et Fraternité" fondée en 1721 à Dunkerque.
Une assemblée de toutes les Loges "anglaises" et "écossaises" constitue la première
Grande Loge de France le 24 juin 1738. C'est de cette Grande Loge que naîtront toutes les
Obédiences françaises actuelles.
Dans la période 1740-1770, la France verra apparaître une multitude de "Hauts Grades", qui seront
ensuite regroupés au sein des différents rites.
A la suite de différentes difficultés, la grande majorité des Loges françaises se
réorganise en 1773 en fondant une nouvelle obédience: le Grand Orient de France.
A la veille de la révolution de 1789, on compte environ 1000 loges.
Après la Terreur, qui verra de nombreux maçons partir pour l'exil ou l'échafaud, les loges
se réveillent. Fatiguées des querelles, elles tentent de se réunir. En 1799, le Grand Orient de
France fédère la quasi-totalité des Loges. Seules quelques Loges écossaises de la
Grande Loge de France refusent de gagner le Grand Orient. Elles rejoignent en 1804 le Suprême
Conseil de France. D'autres tentatives de réunification auront lieu en 1805 et en 1862, mais n'aboutiront
pas.
En 1877, le convent du Grand Orient décide de supprimer pour ses Loges l'obligation de travailler
"ALGDGADLU".
En 1894, le Suprême Conseil de France accorde son indépendance à la Grande Loge de
France. Elle administrera les Loges Bleues et le Suprême Conseil, les ateliers du 4ème au
33ème Degré.
De 1893 à 1899, se constitue l'Ordre Mixte International du Droit Humain.
En 1913, deux Loges, "le Centre des Amis" et la "Loge Anglaise 204" quittent le Grand Orient et fondent la Grande
Loge Nationale de France, immédiatement reconnue par la Grande Loge Unie d'Angleterre.
Pendant la seconde guerre mondiale, les Francs-Maçons seront persécutés par les nazis et par le régime de Vichy, qui se soucient bien peu des différences d'obédiences ! Le souvenir de ces souffrances vécues en commun est encore très présent et réunit encore aujourd'hui les Maçons de base, quels que soient les aléas des relations entre leurs obédiences.
De 1945 à 1952, les Loges d'Adoption de l'Union Maçonnique Féminine de France
fondent la Grande Loge Féminine de France.
En 1958, des Frères de la G.L.N.F., en désaccord avec la non-reconnaissance des autres
obédiences françaises, fondent la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique.
A l'inverse, en 1964, presque un tiers des Loges de la G.L.D.F. refusent un projet d'accord administratif avec le G.O.D.F. Mises en minorité, un grand nombre d'entre elles quittent la G.L.D.F. et rejoignent la G.L.N.F.
Comme à toutes les époques, un certain nombre de Loges indépendantes ont
été créées depuis. Ceci est rendu possible par la règle traditionnelle qui autorise 7 Maîtres Maçons à fonder une nouvelle Loge.
Dans certains cas, ces Loges indépendantes se sont regroupées pour former de nouvelles (et
parfois très petites) obédiences (OITAR, GLMU, GLMF, GLUF, ...).
Mais après tout, qu'était la Grande Loge de Londres en 1717, sinon une nouvelle et très
petite obédience ? Seule l'histoire peut juger.
Il aurait fallu, pour être complet, mentionner aussi le courant de la Maçonnerie dite "Egyptienne", mais son histoire est trop longue, trop complexe et trop liée à d'autres mouvements pour pouvoir être exposée ici. On pourra sur ce sujet se référer entre autres à l'ouvrage de Gérard Galtier: Maçonnerie égyptienne, Rose-Croix et néochevalerie, Editions du Rocher, Monaco, 1989.
Situation actuelle des principales obédiences françaises:
Plus que toute autre, il est évident que cette page n'engage que moi. J'ai essayé d'être le plus objectif possible. Chaque fois qu'il en existe un, j'ai mis un lien vers le site de l'obédience mentionnée.
Environ 800 Loges et 40 000 Frères en 1994
Fondée en 1773, c'est la plus importante obédience de France. La plupart de ses Loges travaillent au Rite Français. Depuis quelques années, elles sont autorisées à recevoir la visite des Soeurs.
Le G.O.D.F. se définit comme une "association essentiellement philosophique, philanthropique et progressive". La plupart des Loges du G.O.D.F. se sentent très concernées par les "affaires de la cité", c'est à dire la politique au sens étymologique.
Plusieurs Loges du Grand Orient de France travaillent encore ALGDGADLU et il semblerait que leur nombre tende même actuellement à augmenter. C'est le cas en particulier des Loges qui travaillent au Rite Francais Moderne de 1783 ainsi que celui de certaines de celles qui travaillent au Rite Ecossais Ancien Accepté.
586 Loges et 23 000 Frères en 1994
Indépendante du Suprême Conseil de France (1804) depuis 1894, la Grande Loge
de France est la plus ancienne et la plus importante obédience de Tradition Ecossaise en
Europe. Elle définit la Franc-Maçonnerie comme "un ordre initiatique, traditionnel et universel fondé sur la fraternité". La quasi-totalité de ses Loges travaillent au Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Elle a placé les Constitutions d'Anderson (1723) en-tête de sa propre constitution
et respecte tous les "landmarks" traditionnels, mais ne reconnaît pas les évolutions
anglaises de 1738, 1813 et 1929. Elle travaille "A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers",
qu'elle considère comme un principe créateur, sans le définir davantage.
400 Loges et 11 000 Frères et Soeurs en 1994.
Fondée en 1893, à la suite de l'initiation, le 14 janvier 1882, de la
féministe Maria Deraismes par la Loge "Les libres penseurs" qui avait rompu avec le
Suprême Conseil de France en 1880, c'est la première Obédience mixte du
monde. Ses Loges travaillent au Rite Ecossais Ancien et Accepté. Elles reçoivent
des visiteurs de toutes les obédiences françaises.
400 Loges et 15 000 Frères en 1994.
Fondée en 1913 par deux Loges issues du G.O.D.F., la G.L.N.F. est la seule obédience française reconnue par la Grande Loge Unie d'Angleterre et par l'ensemble des Grandes Loges qu'elle considère comme "régulières" au regard de ses "basic principles" de 1929.
Sa "règle en 12 points" exige que ses membres aient "Foi en Dieu".
Ses Loges n'acceptent pas les visiteurs d'autres obédiences françaises et elle interdit
à ses membres de participer aux "tenues" des Loges qu'elle ne reconnaît pas. Ce qui n'empêche nullement beaucoup de ses membres de participer à des échanges avec les autres Maçons en d'autres circonstances.
Grande Loge Féminine de France (G.L.F.F.)
250 Loges et 9 000 soeurs en 1989.
Fondée en 1952 par les Loges d'adoption de la G.L.D.F. devenues indépendantes après la seconde guerre mondiale. Ses Loges travaillent généralement au Rite Ecossais Ancien et Accepté. La plupart d'entre elles acceptent de temps en temps des visiteurs masculins. Elles sont réputées pour leur grande rigueur rituelle et leur engagement dans les affaires de la cité.
Grande Loge Traditionnelle et Symbolique (G.L.T.S.)
95 Loges et 1 650 Frères en 1994.
Issue en 1958 de la G.L.N.F., la G.L.T.S. accepte, conformément à la tradition française, les visiteurs venant d'autres obédiences. La plupart de ses Loges travaillent au Rite Ecossais Rectifié.
N.B. J'ai préféré garder les chiffres de 1994 pour des raisons d'équité.
Je ne dispose pas encore de chiffres plus récents pour TOUTES les obédiences mentionnées.
Au cours des 10 dernières années, les effectifs des différentes obédiences françaises ont augmenté d'environ un tiers.