INDIEN
INDOCHINE
INITIATION
INQUISITION
INSTALLATION
IRAN
IRLANDE
ISTANBUL
ITALIE
INDIEN
(océan) L'océan Indien a une vie maçonnique particulièrement riche dès le XVIIIe siècle. Le dernier indice en date est la découverte en 1997 de la stèle maçonnique funéraire d'un riche marchand arménien de Madras, décédé en 1754, soit deux ans après la fondation de la première loge* anglaise dans cette ville, retrouvée à bord d'un navire de la Compagnie anglaise des Indes, naufragé en 1763 au large des Philippines.
Elle met en évidence l'existence d'une loge arménienne de Rite Écossais dite All Armenia in the East Indies. L'intensité des relations commerciales entre les métropoles et les comptoirs, l'importance du country trade, ce commerce régional interne à l'océan Indien, la présence de nombreux agents des Compagnies des Indes françaises, anglaise et néerlandaise, l'implantation précoce de diasporas négociantes, ont joué un rôle décisif dans l'implantation des premiers foyers maçonniques, et dans la multiplication des initiations* individuelles.
Le titre distinctif de la loge française de Pondichéry, La Fraternité Cosmopolite (1785), témoigne de la richesse de ce creuset culturel et maçonnique, qu'exaltera a la fin du XIXe siècle Rudyard Kipling* dans son célèbre poème, La Mère Loge.
La couverture inégale mais significative,, en raison des enjeux géostratégiques européens et coloniaux, de la zone par les unités navales des grandes puissances européennes, relayées à terre par les garnisons. des principaux établissements est l'autre vecteur majeur de la diffusion rapide de la sociabilité maçonnique.
En métropole, les obédiences* l'ont bien compris, qui confient, à l'image du Grand Orient de France*, la régularisation des ateliers des Mascareignes (l'île Bourbon, actuelle île de la Réunion, et l'île de France, actuelle île Maurice) à des officiers de la marine royale.
En 1778, trois membres de la loge brestoise L'Heureuse Rencontre, parmi lesquels Perrier de Salvert, enseigne de vaisseau, Souverain Prince Rose-Croix, allument les feux de La Triple Espérance dont les membres sont issus de l'île de France, mais aussi de l'île Bourbon et du cap de Bonne-Espérance. À l'île Bourbon, le futur maréchal de Beurnonville alors aide-major, donne à l'Art royal* une impulsion décisive. Vénérable* de La Parfaite Harmonie, orient de Saint-Denis de 1778 à 1786, il anime la Grande Loge Provinciale.
Cependant, seule l'adhésion des élites coloniales a la franc-maçonnerie a permis de pérenniser les loges. Beurnonville se flatte ainsi d'avoir « réuni à notre centre commun presque tout ce qu'il y a de distingué dans les états de la colonie». Comme dans les Antilles, la sociabilité maçonnique séduit les planteurs créoles, qu'il ne faut pas confondre avec les mulâtres au sang mêlé. Ils travaillent la pierre* brute en compagnie des représentants des administrations civiles et militaires, et à l'exclusion des petits Blancs dans les Mascareignes et bien évidemment des hommes de couleur (« Noirs* »).
P-Y. B.
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INDOCHINE
(1868-1914) La première loge* du Grand Orient*, Le Réveil de l'Orient, s'implante à Saigon en décembre 1868, afin de « répandre les bienfaits de notre civilisation dans ces pays à peine ouverts à la civilisation européenne » et pour ne pas rester en arrière des Anglais, présents en Chine et aux Indes*. Une deuxième ioge se constitue à Hanoi. en 1886, sous le titre distinctif de La Fraternité Tonkinoise.
Elle fait savoir que la rébellion est due aux conflits entre les autorités civiles et militaires et à la pauvreté des indigènes. Elle reproche à l'année de trop réprimer et demande à la France de financer de grands travaux. Elle ne recrute que des Français dont les rédacteurs en chef du Courrier d'Haiphong et de L'Indépendance tonkinoise, des fonctionnaires, des commerçants, des militaires. Puis les créations se multiplient: L'Étoile du Tonkin, à Haiphong (1892); Les Fervents du Progrès, à Saigon (1898); L'Avenir Khmer, a Phom Penh (1906 a Libre Pensée d'Annam, à Huê (19079. les Fervents fondent un journal, L'Indochine républicaine, une bibliothèque, une société de récréation militaire.
La Grande Loge de France* ouvre? à l'initiative de deux officiers, La Ruche d'orient, à Saigon (1908), et Les Écossais du Tonkin, à Hanoi (1912). La maçonnerie indochinoise mène une dure bataille contre les Missions et pour un enseignement laïque ouvert aux enfants métis et aux indigènes. En 1899, elle s'indigne de l'absence d'un collège public, ce qui contraint les familles à envoyer leurs enfants en métropole. Elle dénonce la pression cléricale, exige la républicanisation du personnel administratif et regrette que les gouverneurs maçons (Lannessan, Doumer, Beau, Deloncle) ne soient que « les esclaves de leurs bureaux ». En 19111 elle se préoccupe de l'amélioration de l'agriculture et de la création d'un état civil pour les indigènes.
A. C.
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INITIATION
Le mot « initiation » est attesté dès le XVe siècle. Il devient courant au XVIIIe siècle avec le sens d'admission dans la religion chrétienne ou aux religions anciennes. Voltaire l'utilise dans ce sens:« Il n'y avait alors aucun culte qui n'eût ses mystères, ses associations, ses catéchumènes, ses initiés, ses profès. Chaque secte exigeait de nouvelles vertus, et recommandait à ses pénitents une nouvelle vie, initium nosae vitae; et de là le mot "initiation". L'initiation des chrétiens et des chrétiennes était d'être plongés dans l'eau »(Dictionnaire philosophique, « Baptëme », addition de 1770). Il désigne également l'action de recevoir les premiers éléments d'une « science », d'un art ou d'un métier (17559. Le mot est-il utilisé dans le vocabulaire maçonnique du siècle des Lumières* ?
Les divers mots liés à « initiation» se rencontrent de manière discrète dans le langage des loges*. En effet, dans la maçonnerie anglaise naissante, au verbe «initier», on préfère l'expression « faire un maçon » déjà attestée au XVIe siècle. 11 en est de même en Écosse*. Les catéchismes* des trois manuscrits dits Haughfoot {Manuscrit des Archives d'Édimbourg vers 1696; manuscrit Chetwode Crawley, vers 1700; manuscrit Kevan, vers 1714) parlent d'entered apprentice (apprenti entré) et utilisent les termes « entrer » et « entrée ».
L'expression to make a mason (« faire, constituer un maçon»), la plus usitée dans la maçonnerie britannique du XVI siècle se retrouve aussi bien dans Masonry Dissected de Samuel Prichard (1730), première divulgation du Rite des Modernes*, que dans Ahiman Rezon, de Laurence Dermott*, premier dévoilement du Rite des Anciens*. Il en était de même dans les Constitutions* d'Anderson*, notamment dans les Règlements généraux: « IV. No Lodge shall make more than FIVE new Brethren at one Time...» (Aucune loge ne fera plus de cinq nouveaux frères à la fois); « V. No Man can be made... »(Aucun homme ne sera « fait »), « VIl. Every new Brother at his making... » (Chaque nouveau frère, lors de sa « constitution »...). On trouve dans ce texte les deux autres verbes les plus souvent utilisés, to enter ou to admit (qui, à côté du sens de « recevoir », veut dire, de plus en plus souvent, « admettre dans une loge un maçon reçu dans une autre loge »): « Mais aucun homme ne peut être reçu comme frère dans aucune loge particulière, ou admis comme membre... »
« Initier » et « initiation » font une apparition discrète dans le discours maçonnique du XVIIIe siècle. On trouve ainsi dans Masonry Dissected la formule suivante :« procéder à l'initiation (in initiating) de leurs nouveaux membres à la totalité des trois grades* de la maçonnerie ». Le mot désigne l'admission en général dans la maçonnerie, et non la réception au premier grade. On retrouve le verbe <~ initier » dans l'Ahiman Rezon, avec le même sens que précédemment: « Quelle sorte d'hommes devraient être initiés aux mystères ? » On rencontre encore les mêmes mots avec un sens identique dans diverses archives du grand comité préparatoire à la fondation de la Grande Loge dite des Anciens*, notamment celles des 5 février et 6 décembre 1752.
Une situation assez semblable se retrouve en France. Durant tout le XVIIIe siècle, on appelle le plus souvent l'admission d'un néophyte au grade d'apprenti* « réception ». Là encore, le verbe « initier » apparaît discrètement. Dans le « Sceau rompu », le discours de l'orateur au récipiendaire précise: « Vous allez contracter avec nous un engagement solennel, qui va nous unir par les liens de la plus tendre fraternité à un ordre dans lequel les plus grands rois n'ont point dédaigné de se faire initier. » Dans le même ouvrage, on parle d' « initiés » par opposition aux « profanes ». Cette distinction va se généraliser dans la maçonnerie française alors que cet usage est resté étranger aux loges anglo-saxonnes.
Le verbe « initier » prend le sens étroit de recevoir un profane au premier degré, dans le Manuscrit 5937 de la Bibliothèque de la ville de Lyon, dit grade d'apprenti des loges de Lyon en 1772: « Puisse le Grand Architecte de l'Univers* nous accorder toute la satisfaction que nous nous promettons, et que votre initiation s'accomplisse pour sa plus grande gloire... », Dans le texte manuscrit du Rite Français* (1786), le terme apparaît quatre fois dans le rituel au grade d'apprenti: intervalle entre la proposition et l'initiation... » (p. 4); « le profane [...] demande à être initié à nos mistères » (p. 4; formule reprise plusieurs fois dans le texte) es frères dans l'assemblée du... le profane N... a été proposé pour être initié à nos mistères... » (p 10); « Les premières qualités que nous exigeons pour être admis parmi nous, et sans lesquelles on ne peut-être initié à nos mistères... » (p. 27).
La « Règle maçonnique à l'usage des Loges réunies et rectifiées approuvée au Convent* général de Wilhelmsbad en 5782 » précise dans son article 2, paragraphe 2: « Maçon < si Jamais tu devais douter de la nature immortelle de ton âme, et de ta haute destination, l'initiation serait sans fruit pour toi... » On retrouve cette formule dans la « Règle maçonnique », document donné au nouvel apprenti admis au Rite Écossais Rectifié*.
Au XVIIIe siècle, l'entrée d'un profane en maçonnerie est majoritairement désignée par « réception » ou « admission », mais « initier-initiation » apparaît donc dans la liturgie maçonnique. Au demeurant, la question est de savoir si la réception, puis le cursus maçonnique, s'apparentent à la grande famille des rites de passage. On connaît peu de chose sur l'entrée des maçons opératifs* dans le « mestier », mais la cérémonie devait être très sobre.

Cette simplicité se retrouve dans la franc-maçonnerie spéculative anglo-saxonne naissante. Néanmoins, les catéchismes* des premiers rituels contiennent un enseignement symbolique évident. En passant sur le continent, et notamment en France, le modèle primitif va s'enrichir d'éléments nouveaux: épreuves physiques, voyages les yeux bandés, épreuves des quatre éléments, du sang, calice d'amertume ou menaces grandiloquentes en cas de parjure. Notons également qu'une partie des rituels, notamment des catéchismes, constituent un véritable corpus initiatique. Ils synthétisent les deux sens gréco-latins de l'initiation (initio, initium: commencement; teleté, telos: fin) . Ainsi l' initiation maçonnique est un long processus de lente transformation individuelle, dont le but ultime est l'éventuelle illumination* intérieure, I'admission dans la maçonnerie dite également initiation, n'en étant que le commencement. Tous les rituels parlent ainsi de manière implicite ou explicite de cette lente alchimie* psycho-morale.
Ainsi « d'instruction d'apprenti* " du Rite Français (Manuscrit de 1786) contient les formules suivantes: « Que venons-nous faire en loge?-Vaincre nos passions, soumettre nos volontés et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie. » Le « catéchisme rectifié » (version de 1778 revue pour La Triple Union de Marseille en 1802) précise:
« Qu est-ce que la franc-maçonnerie ?
-C'est une école de vertu et de sagesse, qui conduit au temple de la Vérité, sous le voile des symboles, ceux qui l,aiment et qui la désirent. - Quels sont ces mystères ?
-L'origine la fondation et le but de l'Ordre*.
-Que venez-vous faire en loge comme apprenti?
-Je viens apprendre à vaincre mes passions, à surmonter mes préjugés et à soumettre ma volonté, pour faire de nouveaux progrès dans la francmaçonnerie. »
Dans ce rituel se trouvent résumées les analogies entre l'initiation maçonnique et les autres initiations: « En quelle qualité, avez-vous été introduit en loge, et reçu franc-maçon ?
-J'y ai été introduit comme cherchant; après avoir confirmé mes bons désirs et ma ferme résolution, j'y ai été reconnu persévérant; et lors,que je me suis livré aux épreuves, j'ai été déclaré souffrant. »
Depuis le XVe siècle, les maçons ont beaucoup glosé sur l'origine, l'évolution, le sens et la portée de l'initiation maçonnique. Néanmoins toutes les versions rituelles; de réception et les discours doctrinaux sur l'initiation présentent des structures anthropologiques communes. Les ethnologues contemporains distinguent classiquement les initiations tribales qui font entrer les adolescent(e)s dans la société adulte celles dites religieuses qui donnent à des « profanes " l'accès à des sociétés secrètes ou à des confréries fermées ou discrètes, et celles dites magiques (chamaniques) qui procurent, des pouvoirs «surnaturels». Les premières peuvent être qualifiées d'obligatoires et préparent à l' inclusion dans la société globale, tandis que les deux autres sont volontaires et conduisent à l'insertion dans un groupe et à une « mise a côté » plus ou moins grande.
Malgré des variantes dans le temps et l'espace, on peut admettre que l'initiation est « un processus destiné à réaliser psychologiquement » (S. Hutin), « peut-être même psychanalytiquement » (B. Étienne), « le passage d'un état, réputé inférieur, de l'être à un état supérieur », du voir au S(s)avoir, « de l'avoir à l'être » (R. Dupuy). Notons cependant que l'accession à un stade nouveau de (la) « (C)connaissance » peut se faire sans rite initiatique. L'initiation maçonnique, stricto sensu, se range dans la deuxième catégorie des initiations. La cérémonie de réception en loge et les augmentations suivantes, encore que, pour certains maçons, seule I'« entrée >, en maçonnerie ou les admissions aux trois premiers grades* sont conférées comme des initiations, sont peu ou prou une succession de rites* de passage tels que les définit Van Gennep.
L'initiation maçonnique comme les autres initiations comporte des rites de séparation (et de « marginalisation ») et des rites d'agrégation. Pour tous les rites d'initiation, J. Brengues propose une typologie des séquences communes qu'il nomme « rithèmes » (et que l'on peut voir aisément notamment dans les réceptions aux 1° et 3°): légende de base (mythe fondateur), présence des éléments, voyages unidirectionnels avec sens de déambulation et obstacles (chute -élévation, nécessité d'une guidance), « uchromie » en rapport à un sacré, secret(s), sang, peur et corps-sexe (ce dernier apparemment presque toujours évacué dans les initiations maçonniques).
Mais l'initiation maçonnique peut être définie comme un long, lent et permanent processus de transforrnation intérieure de l'initié. Dans ce cas, si tout le monde s'accorde pour admettre que l'initiation est un commencement et que pratiques ritualisées et présence en loge conduisent à une socialisation maçonnique, même si l'adepte demeure en apprentissage permanent, il n'y a pas de doctrine officielle et universellement admise sur le sens et la portée de l'initiation maçonnique (au sens de processus). On admet que le cheminement maçonnique est orienté vers une fin (de teletè, « initiation » en grec) symbolisée par la construction du Temple*, mais il existe un dissensus sur la nature de cette construction (temple intérieur et/ou de l'humanité, inachevable ou non). La conception de l~initiation maçonnique dépend de la perspective métaphysique, spirituelle ou philosophique dans laquelle on la situe. Plusieurs courants existent et les divers choix individuels sont souvent contradictoires.
Pour certains, les initiations historiques ne sont que des variantes obscurcies et des adaptations déformées d'une Tradition primordiale (R. Guénon*), pour d'autres (J. Corneloup*), il faut se placer dans une « conception évolutive et rationnelle de la Tradition »; d'autres encore y voient la révélation d'une vérité masquée ou une «1 intelligence du caché » ou bien l'inscrivent dans une transcendance. Il y a ceux qui y voient un mode de connaissance de soi (et des autres), un éveil de la conscience, une intelligence du réel ou une « introduction au mystère de la vie étroitement imbriqué au mystère de la mort » (Bernard Besret), ceux qui situent son terme dans cette vie ou ceux qui la placent après la mort.
Certains la vivent comme une ascèse, une « marche triomphante » vers le dépouillement, et d'autres y voient un simple engagement citoyen et dénient a la maçonnerie tout caractère initiatique. Et le problème se complique car le processus initiatique se développe sur des plans individuel, social, intellectuel, moral, psychologique, psychanalytique et spirituel. On peut comprendre qu'Alec Mellor, dans son Dictionnaire, ait regretté que « la transcendance de teleté [se soit] superposée au littéralisme d'initium ». Enfin se pose la question de savoir comment l'initiation (dans ses deux sens) est reçue. Si le récipiendaire n'y voit qu'une coquille vide, il est peu probable que l'initiation ait un sens (fasse sens). Selon l'heureuse expression de J. Mourgues l'initiation ne peut être qu'une « métaphysique vécue ».
Y. H.M.
INQUISITION
Sous l'étiquette « Inquisition », on range des réalités diverses qu'il convient de distinguer. La première Inquisition est l'inquisition médiévale. Elle ne fut à l'origine qu'une forme légale particulière: l'inquisitio par opposition à l'accusatio. Cette procédure d'enquête donna ensuite le jour à un tribunal ecclésiastique, d'abord sous contrôle épiscopal puis, à la faveur de la croisade albigeoise, sous contrôle pontifical, avant d'accéder~ à la fin du XIIIe siècle, à une certaine autonomie. Elle disparut presque totalement à la fin du XVe siècle.
La deuxième Inquisition apparut dans la seconde moitié du XVe siècle en Espagne*. Dans un premier temps, ses tribunaux furent implantés en Aragon puis Isabelle et Ferdinand les étendirent à la Castille. Les souverains d'Espagne reçurent des papes Sixte VI et Innocent VIIIe l'autorisation de nommer les inquisiteurs notamment l'lnquisiteur Général dont les décisions devinrent vite sans appel même auprès du Saint-Siège. Après dé nombreuses tentatives avortées en raison de la réticence du Saint-Siège, le roi Jean III réussit, en 1547, à obtenir la création d'un tel tribunal dans son royaume de Portugal*. Face à la pénétration des idées réformées, Rome se dota a son tour d'un semblable instrument, le dicastère permanent de la Congregatio Sanctae Inquisitionis haeraticue pravitatis, qui devint en 1908 la Congrégation du Saint-Office, et, en 1965, la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi. C'est cette Inquisition romaine qui opéra en Italie*.
Jusqu'à la fin du XVIe siècle, ces trois principales Inquisitions s'attaquèrent respectivement aux conversos et aux alumbrados d'Espagne, aux cristãos-novos portugais, et aux protestants d'ltalie. Ensuite, elles changèrent de cibles et combattirent principalement les doctrines non conformes à la réforme tridentine. Le Portugal, cependant, continua à poursuivre ses cristãos-novos. En Italie, dès la fin de la première moitié du XVIIIe siècle, les tribunaux de l'inquisition furent progressivement supprimés, sauf à Rome où la Congrégation de l'inquisition dépendait directement du pape. Il fallut cependant attendre 1821 pour qu'ils disparaissent du Portugal et 1834, de l'Espagne toujours en lutte contre les « philosophes ».
Ce furent surtout ces trois principales Inquisitions modernes, italique et ibériques, qui eurent affaire avec la franc-maçonnerie. On sait même que la première condamnation pontificale de la maçonnerie (in Eminenti*, 1738) fut provoquée par la volonté du grand-duc et maçon François de Lorraine d'émanciper la Toscane de la tutelle romaine qui s'exerçait par les tribunaux de l'inquisition. C'est aussi au cours de ce conflit toscan que le maçon florentin Thomas Crudeli fut sérieusement inquiété par l'inquisition. Pourtant, la poursuite des francs-maçons par les tribunaux de l'inquisition fut essentiellement espagnole. Ainsi, en 1738, l'lnquisiteur Général de Portugal, le cardinal Nuno Da Cunha, fit publier la bulle In Eminenti par édit.
Mais, un an plus tard, il reconnaissait que, faute de preuves d'hérésie, il n'avait pu établir la culpabilité des maçons. Pourtant, en 1743~ à la suite de dénonciations, les poursuites reprirent et s'achevèrent par la condamnation de Pedreiros Livres et de l'Anglais Coustos qui passa plus d'un an en prison et n'échappa aux galères que grâce à l'intervention de l'ambassadeur d'Angleterre. En 1738 encore, l'lnquisiteur Général d'Espagne, Orbe y Larreategui, publia lui aussi un édit contre les francs-maçons. Comme au Portugal, ce ne fut que dans les années 1740 que les poursuites commencèrent véritablement. A partir de 1744, surtout à Madrid, plusieurs procès inquisitoriaux se succédèrent en Espagne. Ils se conclurent le plus souvent par des peines de prison et de bannissement. L'examen des procès d'inquisition contre les maçons du XVIIIe siècle montre que les poursuites avaient pour premier objet de renseigner le pape sur cette société secrète. L'inquisition fut un élément essentiel de la lutte des papes contre la francmaçonnerie. Elle était non seulement un instrument de répression, mais encore un instrument d'information.
Avec la montée en puissance des États laïcs au XIXe siècle et le. déclin ou la disparition de la plupart des tribunaux d'inquisition tout au long du XVIIIe siècle, le combat du Saint-Siège* contre la maçonnerie passa essentiellement par l'écrit. Toutefois, la dernière procédure date des interdictions pontificales faites aux catholiques d'appartenir à la franc-maçonnerie (26 novembre 1983) fut encore le fait de la continuatrice de la Congrégation romaine de l'Inquisition: la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi.
J. R.-L.

INSTALLATION
La plus ancienne mention de l'installation d'un maître* de loge* transparaît dans le Post-Scriptum des Constitutions* d'Anderson * qui décrit le cérémonial en vigueur lors de la création de tout nouvel atelier sous la Grande Maîtrise du duc de Wharton (1722-1723). Le postulant, choisi pour sa connaissance de l'Art royal*, est ensuite présenté au Grand Maître qui, après avoir reçu ses engagements, le confirme dans sa charge.
Cet usage reste toutefois limité aux seules consécrations. Les procès-verbaux de la Lodge at the Blue Posts (aujourd'hui
Lodge of Felicity n° 58) relatent en ces termes la prise de fonction d'un nouveau collège d'officiers: « 16 mai 1739. Ce fut la nuit de l'élection et le frère Wright fut élu maître, le frère White 1er surveillant, le frère Wise 2e surveillant et le frère Kitchin secrétaire. lls versèrent chacun 2 shillings pour l'honneur qui leur était fait. »
La publication, en 1760, des Trois Coups distincts qui répertorie les pratiques véhiculées par les Anciens*, reconnaît la valeur intrinsèque de l'installation, laquelle est marquée par la prise d'obligations en correlation avec la communication d'un mot et d'attouchements désormais réservés aux seuls titulaires de la chaire. Preston* précise les étapes de la cérémonie (lllustrations of Masonry, 1775). Le Grand Maître,,après avoir reçu le serment du Maître Élu, le revêt des insignes de son pouvoir puis lui remet la patente, le volume de la Loi sacrée et le livre des Constitutions, ainsi que les bijoux* et sautoirs*, avant d'inviter tous les frères présents à lui rendre hommage aux trois grades* .
Dans une édition postérieure (1801 ), Preston mit l'accent sur l'intronisation du nouveau vénérable* par le Conseil des Maîtres Installés, mentionnée dès 1792 dans les procès-verbaux de la Lodge of Antiquity no 2.
La Lodge of Promulgation, constituée pour préparer l'union des deux Grandes Loges rivales, proclame, dans sa résolution du 19 octobre 1810, que la cérémonie d'installation est un des deux authentiques landmarks* du métier. Dès le 16 novembre suivant, elle inaugure d'ailleurs l'entrée en fonction de son premier vénérable, James Earnshaw, issu des Modernes* qui avaient longtemps négligé cette pratique développée au contraire, avec zèle, par les Anciens à l'initiative de Dermott* .
Le 6 février 1827, le duc de Sussex*, désireux de mettre un terme à la multiplicité des procédures d'installation, institue la Lodge of Installed Masters qui introduit dans le nouveau rituel de référence le récit de l'inspection du temple* par Salomon pour expliquer l'origine des signes* et salutations en vigueur. Les conclusions de ses travaux sont ensuite diffusés par le Henderson Notebook manuscrit de 350 feuillets élaboré sous la direction de John Henderson, Député Maître de la Lodge of Antiquity n° 2 en 1832 mais surtout par George Claret dans The Ceremonies of Initiation, Passing and Raising (1838).
Fr. D.

IRAN
La franc-maçonnerie a constitué pour l'lran un vecteur de la modernité car elle a accompagné l'arrivée des idées de progrès et le libéralisme dans la première décennie du XXe siècle. Avant cette date, l'idée de franc-maçonnerie était cultivée par des diplomates iraniens, reçus francs-maçons en France et en Angleterre dès le début du XXXe siècle, et dont le rêve était de réformer et de moderniser les institutions de leur pays. Ils s'opposaient aux conservateurs chiites. La franc-maçonnerie n'avait pas bonne presse en Iran: on la considérait, en 1843, comme « la quintessence du scepticisme de l'infidélité et de l'athéisme ».
Une des rares traces d'activité maçonnique en Iran avant 1905 est la mention de deux initiations* (un Iranien et un Français) à Téhéran, en 1898, sous les auspices du Rite National Espagnol; les deux initiés se retrouveront à la loge* du Grand Orient de France*, Réveil de l'Iran en 1907. D'un autre côté, une organisation paramaçonnique, non reconnue par les obédiences* européennes, la Faramoushkhana* (Maison de l'oubli), a été constituée par Malkom Khan, réformiste iranien reçu franc-maçon en France, en 1858, mais elle fut interdite trois ans plus tard.
Une autre association qui lui faisait suite, la Djama-yi asamiyyat (Ligue de l'Humanité), fondée en 1885 par d'anciens membres de la Faramoushkhana, prit le relais jusqu'à la révolution constitutionnelle de 1906. Sur un autre plan, en 1899, Zahir al-Dovla, membre à la fois de la Djama-yi adamiyyat et d'une confrérie* soufie, constitua un ordre qui combinait les traditions de la mystique islamique et les rites de la franc-maçonnerie: l'Anjouman-i oukhouwwat* (la Société de la Fraternité). Cet ordre fut dissous au moment de la révolution islamique de 1979.
C'est dans le sillage de la révolution constitutionnelle de 1906 qui amena des libéraux au pouvoir que la franc-maçonnerie apparaît en Iran avec la loge Le Réveil de l'lran du Grand Orient* de France fondée en 1907. Le Réveil de l'lran rassemblait quelques Français et une centaine de personnalités iraniennes, des fonctionnaires de l'administration, des ministères et des ambassades parmi lesquels de nombreux députés, des ministres et des politiciens, mais aussi des médecins et des professeurs Les diplomates du Réveil de l'lran avaient connu la franc-maçonnerie dans des loges françaises, turques et libanaises qui constituaient un véritable réseau s'étendant de l' Europe au Moyen-Orient, et que l'on peut caractériser comme une franc-maçonnerie iranienne dans l'exil: ces loges étaient La Clémente Amitié* de Paris, quelques loges turques d'istanbul* et la loge Le Liban de Beyrouth.
Des idéologues de la révolution constitutionnelle appartenaient aussi au Réveil de l'lran: Ali Akbar Khan Dehkhoda Hasan Taqizadal Moazed al-Sultana. En relation avec l'intégration de l'Ordre en Orient islamique, on doit noter qu'à la même époque, un membre du Réveil de l'lran, Adib al-Mamalik Farahani, publia un ouvrage poétique qui établissait un lien entre l'histoire des origines de la franc-maçonnerie et plusieurs thèmes de l'histoire ancien ne de l'lran à l' l'Islam, et plus précisément du soufisme. L'auteur puisait d'ailleurs dans la terminologie de la mystique islamique et du compagnonnage* islamique (foutouwwa) pour traduire en persan certains termes maçonniques.
La suspension du régime constitutionnel, en 1908-1909, et la persécution des députés et des libéraux ont provoqué la fermeture de la loge. Plusieurs francs-maçons ont été exécutés pendant que d'autres s'exilaient à Istambul* et en Europe. La constitution ne fut rétablie qu'un an plus tard.
La franc-maçonnerie réapparaît, à Chiraz, en 1919, avec une loge militaire directement importée des Indes, Light of Iran, constituée par la Grande Loge de la franc-maçonnerie écossaise unie aux Inde,s et à Ceylan. Entre-temps, le coup d'Etat de 1921 avait mené au pouvoir Riza Chah et les Pahlavis. La loge Light of Iran passa sous la juridiction de la Grande Loge d'Écosse* qui constitua plusieurs autres loges (à Téhéran, Ispahan) et une Grande Loge Provinciale d'lran. La Grande Loge Nationale Française* constitua à son tour des loges à partir de 1955, ainsi que les Grandes Loges Unies d'Allemagne en 1960.
En 1969, les loges sous juridiction de ces trois obédiences* furent intégrées dans la nouvelle Grande Loge d'lran. L'lran pahlavi favorisait la franc-maçonnerie qui recruta parmi l'élite occidentalisée et des membres de la famille impériale. Avec la venue au pouvoir du clergé chiite et la constitution d'une République islamique l'Ordre fut proscrit et les maçons pourchassés. Leurs temples* furent saccagés et des listes de francs-maçons publiées. L'Ordre était vu comme un instrument de pénétration des idées occidentales sous le contrôle du sionisme international. Des francs-maçons iraniens en exil tentèrent de se retrouver dans les temples des obédiences régulières des pays où ils s'étaient réfugiés, ainsi à Paris où ils constituèrent une loge sous juridiction de la Grande Loge Nationale Française.
T. Z.
IRLANDE
Malgré la division politique dont cette île est l'objet, la Grande Loge d'lrlande est active dans toute celle~i et dans de nombreux pays outre-mer. En 1999, son registre comprend 846 loges. dont 161 hors d'lrlande, allant des Caraïbes jusqu'à la Nouvelle-Zélande. Les deux dernières loges militaires ambulantes encore actives sont attachées à des régiments anglais qui travaillent avec une charte irlandaise. Preuve de cette capacité à rayonner, les loges de la Grande Loge d'lrlande se divisent en 14 Grandes Loges Provinciales en Irlande et 15 .situées outre-mer. A Dublin, 37 loges se réunissent à Freemasons' Hall, le siège de la Grande Loge et des autres maçonniques actifs en Irlande.

La première loge spéculative irlandaise qui est réputée avoir été active dès 1688~ se serait réunie au Trinity College, l'université protestante de Dublin. Une tradition célèbre est fondée sur l'initiation*. en 1713, d'une femme, Elizabeth St. Leger, la fille unique du vicomte Doneraille. Elle se serait cachée et aurait ainsi assisté subrepticement à une tenue* maçonnique dans une des salles du château familial. Découverte, son père estima qu'elle devait être initiée, afin qu'elle soit liée par son serment* et qu'elle conserve les secrets* découverts. Elizabeth St. Leger est mentionnée comme souscripteur du livre de Fifield d'Assigny, Serious and Impartial Inquiry, publié à Dublin en 1744. Il décrit l'état de la francmaçonnerie irlandaise a cette époque.
La franc-maçonnerie organisée en Irlande débute de fait vraisemblablement au cours de la première moitié des années 1720. 12 reconstitution de l'histoire de cette période n'a été possible que d'après des sources indirectes. Ce sont des articles de presse, des pamphlets ou des livres au sujet de la franc-maçonnerie qui permettent de reconstituer une histoire passablement agitée.
La première Grande Loge d'lrlande a sans doute été fondée soit en 1723, ou au plus tard en 1724. Un article publié dans le Dublin Weekly n° 13 daté du samedi 26 juin 1725 déclare qu'il existe depuis un certain temps une Grande Loge à Dublin. Elle est dirigée par un Grand Maître et présente une organisation complète pour ses six loges. A la même période, il existe une Grande Loge de Munster (province méridionale de l'lrlande), qui fusionne en 1731 avec la Grande Loge d'lrlande sous la Grande Maîtrise de lord Kingston. Celui-cil initié à Londres par J. T. Desaguliers* en 1726, est Grand Maître de la Grande Loge d'Angleterre en 1729.
Pour la période suivante, c'est par la presse que l'on connaît les noms des Grands Maîtres et des Grands Officiers mais on ne dispose pas de listes de loges. Pourtant les articles et les relations parus permettent de se faire une idée de ce qu'étaient les francs-maçons irlandais au XVIIIe siècle et de leur histoire aussi compliquée que l'histoire de leur pays.
Le premier Livre des Constitutions semi-officiel est publié en 1730 par John Pennell, le Grand Secrétaire. Les éditions suivantes, éditées par Edward Spratt, le Grand Secrétaire, sont publiées avec approbation officielle en 1741 et 1751. Curieusement, les éditions suivantes, de 1804 à 1858, sont intitulées Ahimar Rezon, titre emprunté à Laurence Dermott*.
La première charte destinée à une loge ambulante militaire, celle du régiment Royal Scots, est irlandaise, et a été attribuée en 1732. La Grande Loge d'lrlande délivre de nombreuses chartes de ce type à des régiments levés en Irlande, mais aussi en Angleterre et en Écosse*. Ces loges répandent alors la franc-maçonnerie dans de nombreux pays, telle la loge du régiment de 48e régiment d'infanterie qui, en garnison à Cuba* en 1763, y établit la première loge du pays.

Parallèlement, les événements politiques ont une importante influence sur la francmaçonnerie, notamment la Révolution française* et l'hostilité grandissante entre les factions catholiques et protestantes. Dans le premier cas, vers 1791, quand la Société des Irlandais Unis est interdite, la politique se réfugie dans les loges. Les sociétaires espéraient y poursuivre leur activité politique. Néanmoins, peu après, l'attention est accaparée par The Setton Secession. On nomme ainsi l'affaire dont le principal instigateur est Setton, un avocat de Dublin qui est nommé à la fonction de Grand Secrétaire adjoint en 1801.
À l'époque, celui-ci délivre les chartes aux loges et récolte les droits y afférents ainsi que les sommes dues annuellement par les loges. Setton, profitant de sa fonction, aurait commis de nombreuses malversations. Il semble s'être associé, entre autres, avec un Français réfugié à Dublin, César Gautier, peut-être un espion.
Les disputes entre les partisans de Setton et les tenants de la Grande Loge se poursuivent jusqu'en 1806 lorsqu'une Grande Loge rivale est fondée à Dublin. Considérés comme coupables, Gautier est expulsé de la franc-maçonnerie en 1806 et Setton, le 5 mars 1807. Ce dernier profite cependant d'une situation politique complexe, notamment du fait que The United Irishmen (Les Irlandais Unis) se seraient réfugiés dans les loges en Ulster, la province à majorité protestante. La politique étant contraire aux pratiques et règles maçonniques, des suspensions suivent. Le 6 juin 1808, un Grand Orient d'Ulster est alors créé avec le soutien de Setton et peut-être celui des Irlandais Unis. Sa vie reste brève et les loges dissidentes se retrouvent bientôt dans la Grande Loge d'lrlande, en 1810.
En 1801, on trouve ainsi 967 loges sur les rôles de la Grande Loge d'lrlande. Même si 197 d'entre elles n'existent plus (parmi les reproches adressés à Setton figure celui d'avoir illégalement accordé à de nouvelles loges les numéros de celles qui avaient disparu pour n'importe quelle raison) et si nombre d'entre elles n'ont pas payé les droits à la Grande Loge depuis des an nées, le chiffre est impressionnant. Il est vrai que l'activité intellectuelle à Dublin est intense car Trinity College est une des plus importantes universités du Royaume-Uni. Le catholicisme des Irlandais n'empêche pas un grand nombre de ceux-ci d'être francs-maçons Jusqu'aux environs de 1820-1825. C'est au début des grandes luttes politiques qui aboutissent en 1922 que la division entre les deux communautés religieuses est consommée. Les Irlandais, en majorité se rangent derrière le clergé catholique et abandonnent la franc-maçonnerie.
Un des exemples les plus connus est ce lui de Daniel O'Connell (1779-1847), l'un des héros de la lutte irlandaise pour l'indépendance nationale. Initié en 1799 dans la Loge l98, à Dublin, il est alors un remarquable défenseur de la maçonnerie: il dénonce, en 1814, la loi sur les associations illégales, celles qui demandent à leurs membres des serments* « Il légaux », ce qui entraîne pour un temps la suspension de la vie maçonnique. Il déclare que la maçonnerie est « une association philanthropique sans limite de sectes (religieuses), nation, couleur de la peau ou de religion ». En 1837, son appartenance à la franc-maçonnerie ayant été dénoncée publiquement, O'Connell publie un article dans la revue The Pilot, dans lequel il explique qu'il a été franc maçon avant que la censure ecclésiastique ne fût publiée en Irlande. Il se retire alors de la franc-maçonnerie. O'Connell,dans sa lettre au Pilot, accuse alors la maçonnerie d'entraver l'action des sociétés de tempérance, l'alcoolisme étant un fléau national. De plus, il affirme que les serments maçonniques sont impies et une insulte à la Divinité.
Une période plus calme s'ouvre avec la démission du Grand Maître, lord Donoughmore, en 1813. Le duc de Leinster lui succède: il exerce cette haute charge jusqu'à son décès en 1874. Parmi les principaux événements de cette période, on note, en 1823, les troubles causés par la famine et l'émigration. Ils entraînent la suppression Se nombreuses loges et les activités maçonniques sont suspendues entre 1823 et 1825. La suspension est levée lorsque le gouvernement reconnaît que la maçonnerie n'est pas une société secrète selon la loi. En 1828, la Grande Loge instaure l'obligation pour les candidats d'être capables de lire et d'écrire.
Depuis lors les loges de la Grande Loge d'lrlande ont participé à l'implantation de la franc-maçonnerie dans de nombreuses parties du monde Une fois l'indépendance des colonies achevée, les loges irlandaises continuent à exercer une activité, même lorsque des Grandes Loges nationales sont fondées.
L'activité charitable a toujours été un souci majeur des francs-maçons irlandais dans un pays où les conditions de vie ont souvent été fort difficiles. Les écoles pour enfants de maçons et les dons en faveur des oeuvres spécifiquement maçonniques ou non ne se comptent pas.
M. B.
ISTANBUL
Point de rencontre entre l'Occident et l'Orient, Istanbul est Itun des lieux pri7ilégiés où la modemité et les idées occidentales de progrès et de liberté ont pfnétré dans le vaste Empire ottoman* et jusqulen Iran*, grace à la franc-macoonrerie qui bénéficiait d'une base solide ~ns cette ville. En effetœ les communauté, grecque, arménienne et 3uive dans 16quelles se recruteront les premiers fran s-maçons étaient importantes et influen:es. Néanmoins, présente àIstanbul dès 1] milieu du xvlne siècle, et àla suite des excommunications prononcées contre dle, la franc-maçonnerie fut l'obXet d'une plainte des autorités chrétienneS aupres du sultan qui ordonna une descentedans une loge*.
Ce fut un événement mmorable auquel le Vatican donna le nan d'esempxo di Constantinopoli
Les loges les plus actives d,xnS le mouvement de propagation des idLes politiques occidentales étaient les tOges du Cirand Orient de France* et ceXles des obédiences* italiennesmarquées parle mouvement carbonari. Ces logesfurent les pre mières à recevoir maçons des musulmans et permirent aux réformistesottomans.
Tel Namik Kemal* d'échanger.:vec les Européens. En outre, la transmission des idées des Lumières* vers l'lran sXeNt faite par des diplomates persans et des exilés opposants au chah qui fréquentaierlt les loges ennombreimportant Onnetrouveguère un autre pays musulman qui pllisse rivaliser avec la Perse pour le noTrbre d'ambas sadeurs, de consuls et dbagellts diplomatiques francs-macoons. Et c e>t a Istanbul qu'ils avaient été les plus actirs. La ville avait été le théatre, au milleu du xlxe siècle d'une des premières tentatives de modernisation et de réforme des irlstitutions du rnonde musulman (Eunzimilt) qui avait éveillé un intérêt très vif chez tous les pen seurs des pays voisins Au début du xlxe siècle, IstanbLLI était la capitale d'un Empire ottOm
T.Z.
ITALIE
Ce sont des maçons étrangers, qui résidaient en Italie pour des raisons politiques, militaires ou commerciales, qui fondèrent les premières loges italiennes. La loge créée en 1732 à Florence, dont le promoteur est le baron Philippe von Stosch, aidé du médecin naturaliste Antonio Cocchi, est célèbre. Le poète florentin Tomaso Crudeli de Poppi sera d'ailleurs la première victime maçonnique des persécutions de l'Église. Emprisonné et interrogé par inquisition *, il meurt en 1739. Deux ans plus tard, la maçonnerie arrive a Rome où Jacques 111 Stuart, prétendant catholique au trône anglais, vit en exil depuis 1718, protégé par les loges jacobites*. La loge romaine accueille toutefois aussi bien des catholiques que des protestants.
Des études récentes suggèrent l'existence probable d'une loge à Girifalco, en Calabre, dès 1723. Il semble que ce soit le feudataire du lieu, le duc de Girifalco, membre de la famille napolitaine Caracciolo, qui en ait posé les bases. Toujours au cours de ces premières décennies du siècle des Lumières, une loge d'origine française aurait existé dans le duché de Modène. À Turin, capitale du royaume de Sardaigne, il existe en 1768 la loge La Mystérieuse et, a Pinerolo, le médecin Sébastien Giraud* fonde La Parfaite Amitié avec l'accord d'une loge militaire française (Aux Trois Pins).
La maçonnerie est égalemant présente dans la république de Venise! dans le duché de Milan et dans la république de Gênes. C'est toutefois dans le royaume de Naples que la maçonnerie se développe le plus au XVIIIe siècle, bien que de manière confuse et sous des formes hétérodoxes.
Au début du XVIIIe siècle, Naples est alors l'une des villes d'Europe les plus peuplées et la vie culturelle des élites contraste avec l'ignorance d'un peuple inculte et superstitieux. La floraison des arts libéraux les nouvelles idées philosophiques et le développement des sciences pénètrent dans les salons et dans les académies*, où se propagent les principes maçonniques apportés par les officiers des troupes mercenaires au service des Bourbons.
Les premières loges sont fondées en 1734 par des Anglais, des Français, des Hollandais et des Autrichiens, dont de nombreux officiers qui suivent les marchands des différents États installés à Naples. Les listes d'affiliés montrent l'importance des militaires des commerçants, des nobles, des représentants de la bourgeoisie et des ecclésiastiques. En 1750, les maçons napolitains constituent une Grande Loge Nationale d'inspiration française, où l'on travaille à la recherche de la Pierre philosophale. Raimondo di Sangro* en devient le Grand Maître. Mais, un an plus tard, la maçonnerie napolitaine est déclarée hors la loi; la condamnation est réitérée en 1775, mais elle n'est pas suffisante pour disperser les maçons.
En 1789, la Révolution française* entraîne une troisième condamnation. Il est vrai que, dix ans plus tard, l'éphémère république napolitaine est dirigée par des francs-maçons comme Mario Pagano et Domenico Cirillo. Ils paient de leur vie leur rêve d'un gouvernement démocratique.
Les nombreux États qui composent alors l'ltalie maçonnique subissent donc l'influence des obédiences* anglaise, française et allemande, donnant naissance à une vie maçonnique complexe où les différentes influences coexistent en s'interpénétrant. Dans ce contexte, l'activité maçonnique inquiète l'Église catholique. En 1734, dans les États pontificaux il est interdit d'appartenir à l'Ordre des francs maçons sous peine de mort et de confiscation des biens. Puis, en avril 1738, le vieux pape Corsini, Clément XIII, juge l'association si dangereuse qu'il promulgue la fameuse bulle In Eminenti*, première d'une longue série de condamnations réitérées pendant deux siècles. Elle est notamment rééditée en 1751, sous Benoît XIV, et en 1814 sous Pie Vll. La ferme opposition de l'Église conditionne l'histoire de la franc-maçonnerie en Italie comme dans de nombreux autres pays catholiques. À la fin du siècle, face à la progression de la révolution, les gouvernements rendent la vie de plus en plus difficile aux maçons, dont beaucoup sont impliqués dans des activités politiques.
Napoléon Bonaparte* donne une nouvelle impulsion à l'institution en créant en 1805, le Grand Orient d'ltalie. Dans l'optique de l'empereur français, les loges doivent réunir les membres de la classe dirigeante pour instrumentaliser celle-ci Il met ses plus fidèles partisans à la tête des obédiences italiennes. Son frère Joseph est Grand Maître à Naples, Eugène de Beauhamais à Milan. La chute de Napoléon marque la fin des ces « maçonneries de circonstance » qui sont interdites dans tous les États restaurés de l'Europe de la Sainte-Alliance.
Au cours des quarante années suivantes l'activité des maçons est sporadique, irrégulière. Des recherches ont mis en lumière l ' existence d e loges dans les villes maritimes ou dans celles qui étaient les plus fréquentées par des étrangers, mais la véritable renaissance de l'Ordre a lieu au lendemain de la guerre de 1859 (unité italienne*). De nombreux libéraux entrent alors dans les loges, surtout des démocrates partisans de Mazzini* et de Garibaldi*. Très vite, une opposition entre la maçonnerie symbolique et le Rite Écossais Ancien et Accepté* se manifeste, formellement au nom de l'autonomie revendiquée par ce dernier, mais en réalité pour imposer la suprématie d'un groupe sur les autres.

Les noyaux maçonniques les plus importants sont à Palerme, Naples, Milan et Turin, en « continuel conflit dialectique ». Il faudra des années pour réussir a simplifier et unifier le monde maçonnique italien. En 1885 Adriano Lemmi* est élu Grand Maître : ce riche homme d'affaires est un grand ami du président du Conseil Crispi et dans leur jeunesse, les deux hommes avaient été très liés à Mazzini et à Garibaldi. Lemmi veut faire de la maçonnerie un centre de pouvoir politiquement influent. Il dirige l'obédience d'une manière autoritaire, suscitant à la fois de grands enthousiasmes et une forte opposition qui l'oblige à démissionner en 1896. Ernesto Nathan*, qui lui succède tente de ramener les loges sur la voié d'une maçonnerie philanthropique sensible aux questions éducatives. Les maçons lombards s'opposent alors à lui et abandonnent le Grand Orient d'ltalie pour se constituer en Grand Orient Italien qui obtient, le 21 février 1938, la reconnaissance du Grand Orient de France*.
C'est son successeur, Ettore Ferrari*, qui parvient à orienter politiquement à gauche toute l'obédience. Sous son gouvernement, les loges, qui n'avaient jamais dépassé le nombre de 180, passent à 340 en 1910. Deux ans plus tard, elles sont 431: à cette date, le Grand Crient compte 17 000 membres qui travaillent au Rite Écossais et 3 000 au Rite Symbolique. La position progressiste clairement prise par le Grand Orient Italien provoque alors le schisme le plus durable au sein de la maçonnerie italienne: en 1903, un groupe d'Écossais, menés par Saverio Fera*, crée la Sérénissime Grande Loge d'ltalie.
En outre, le rôle essentiel que jouaient les maçons italiens déchaîne contre eux certaines forces politiques. En quelques années, les républicains intransigeants et les socialistes révolutionnaires se voient interdire la double appartenance, tandis que le mouvement nationaliste naissant se bat ouvertement contre la démocratie réformatrice dans laquelle les maçons se reconnaissent. L'influence de la maçonnerie décline rapidement a cause de l'évidente disparité des forces.
La Première Guerre mondiale, la naissance d'un parti catholique et l'arrivée du fascisme finissent d'affaiblir la maçonnerie qui est déclarée hors la loi en 1925. À Paris, en mai 1922, deux maçons italiens, Alceste De Ambris et Luigi Campolonghi, fondent la Ligue Italienne des Droits dé l'Homme (LIDU) qui joue un rôle important dans le rétablissement de la légalité en Italie. De 1925 jusqu'au débarquement des Alliés en Sicile, en 1943, la maçonnerie italienne ne vit que sur des initiatives personnelles et grâce à la volonté de quelques frères. Le dernier Grand Maître l'avocat Domizio Torrigiani, élu en 1919 a été obligé, en novembre 1925, de publier un décret de suspension des travaux de toutes les loges de l'obédience, mais sans dissoudre le Grand Orient d'ltalie qui continue à vivre dans les loges d'obédience italienne situées à l'étranger (en Argentine, en France, en Afrique, en Grèce et en Angleterre).
Il vit aussi à travers l'oeuvre de ces frères qui, clandestinement et en prenant personnellement des risques, préservent en Italie, dans les « triangles » dans les loges clandestines et dans des rencontres informelles, la lumière initiatique. Torrigiani, incarcéré et isolé dans l'île de Lipari par le régime fasciste, n'est libéré que quelques jours avant sa mort en 1932. Avec le débarquement des Alliés, l'activité maçonnique reprend avec une prolifération des groupes qui se recomposent en quelques années seulement dans les deux principales obédiences historiques. La collaboration du maçon Clark, le général qui commandait la Ve armée américaine et des nombreux militaires alliés et frères qui débarquent à sa suite en Italie, a un rôle important dans le développement de la bienfaisance maçonnique. En 1943, le Conseil Suprême de Rite Écossais Ancien et Accepté de l'obédience de Piazza del Cesù se reconstitue: Placido Martini est élu Grand Maître et Carlo De Cantellis Souverain Grand Commandeur. Ce dernier conserve sa charge jusqu'en 1944, date à laquelle il passe le flambeau à Palermi qui entreprend une oeuvre de reconstruction culminant dans l'élection de Pietro Di Giunta à la charge suprême de l'obédience.

Le personnage de Palermi est très controversé à cause de son appartenance supposée à l'OVRA (la police secrète) et de son adhésion au fascisme. Dans les années suivantes, sous la direction de Giulio Cesare Terzani, les rapports avec le monde profane sont délicats car ils s'inscrivent dans le débat sur la liberté d'association, les rapports difficiles avec le Palazzo Giustiradani (en 1948, les tractations pour la réunification cessent) et l'action controversée de Terzani. Ce dernier réorganise toutefois la « Famille » de l'intérieur et la fait reconnaître légale ment par acte notarié, créant ainsi, le 12 juin 1948, la maçonnerie italienne de Rite Écossais Ancien et Accepté pour l'ltalie et ses colonies. Il y a également des déchirements à l'intérieur de l'obédience: un groupe de frères de Catane, menés par Mario Finocchiaro, Giuseppe Zuccarello et Gian Franco Di Giuntal tente une scission et les frères sont expulsés. En 1949, les trois groupes principaux
qui constituaient l'obédience se regroupent: le groupe de Via dellu Mercede (Terzani), le groupe de Via Sardegna (Speranza) et le groupe de Piazza del Gesù (Gatto).
La crise de 1962, engendrée par la politique de Tito Ceccherini qui avait été élu Grand Maître en 1956 est particulièrement forte. Contraint à donner sa démission en 1961, puis à la reconfirmer l'année suivante, il profite d'une absence de Ciovanni Ghinazzi, son successeur, pour occuper le siège situé Via dei Mille 6 où l'obédience s'est transférée à sa demande en Janvier 1961.
Il an nonce qu'il a repris sa charge de Grand Maître et de Souverain Grand Commandeur. Ceccherini est expulsé (2 juin 1962) et fonde son obédience (Serenissima Gran Loggia). Les dix années qui vont de 1952 à 1962 voient la formation de nombreux groupes dissidents qui, par la suite, rentrent dans l'obédience ou vont grossir le nombre des obédiences italiennes (le groupe Zuccarello, qui a commencé à accueillir les femmes, entre dans l'obédience et pose les bases de la création de loges mixtes). Dans les années 50, l'obédience connaît aussi des changements institutionnels: la Sérénissime Grande Loge Nationale est transformée en Sérénissime Grande Loge des ALAM et 1'Ordre est définitivement séparé du Rite.
L'impulsion définitive nécessaire au développement et à la stabilité de la Grande Loge d'ltalie est donnée par Giovanni Ghinazzi durant les longues années de son mandat (1962-1986); après sa mort, Renzo Canova est élu et dirige l'obédience pendant neuf ans, Jusqu'au 16 décembre 1995, date à laquelle Franco Franchi lui succède. Le Grand Orient d'ltalie du Pallazo Giustiniani conserve, après la guerre, l'espritdu Risorgimento, laïque et anticlérical.
De 1945 à 1960, les Grands Maîtres ont été le laïc Guido Laj (1945-1948), adjoint au maire de Rome; le socialiste Ugo Lenzi (1949-1953), secrétaire d'Andrea Costa et qui était président de l'ordre des avocats de Bologne; l'industriel Publio Cortini (1953-1957) qui s'occupe prioritairement de renouer des rapports fraternels avec les autres obédiences, notamment celles des États Unis; l'avocat romain Umberto Cipollone, un laïc intransigeant qui tente de contrer le pouvoir démocrate-chrétien. Au cours de cette période, la presse maçonnique se reconstitue, de nombreuses reconnaissances érangères sont retrouvées, tandis que de nombreux groupes indépendants demandent à appartenir au Grand Orient d'ltalie.
Il est cependant impossible de retrouver le siège historique du Palavo Giastiniarzi, exproprié par le fascisme.
En mai 1961, L'évêque gnostique Giordano Gamberini (1961-1970) est appelé à sa tête et met en oeuvre une profonde transformation en rompant les relations avec le Grand Orient de France. Il commence en même temps les démarches pour obtenir la reconnaissance de Londres, ce qui se réalise en 1972.
Parallèlement, il y a toute une série de rencontres destinées à atténuer l'hostilité de l'église de Rome, après un siècle d'accusations et d'oppositions, même si l'opération n'aboutit pas à des résultats significatifs. Gamberini est remplacé par Lino Salvini (1970-1978), un homme qui, pour agrandir la maçonnerie, ouvre les loges à trop de monde et pose ainsi les bases de tous les problèmes des dernières années. C'est au cours des huit années de son gouvernement qu'a lieu l'affaire de la P2*. En 1982, Armando Corona est élu Grand Maître; médecin, il a été président de l'Assemblée régionale sarde. Il modifie profondément la constitution du Grand Orient d'ltalie, accentue la transformation d'une association aux finalités ésotériques en une structure profane.
En 1990, Giuliano Di Bernardo lui succède: incapable de gérer une situation italienne extrêmement conflictuelle où l'on trouvait fort commode de diaboliser la maçonnerie, il décide, en avril 1993, au milieu d'une enquête sur la maçonnerie demandée par le juge Cordova, d'abandonner l' institution et de fonder avec un petit noyau de frères une nouvelle obédience, la Grande Loge régulière d'Italie, aussitôt reconnue par Londres.
Les frères du Grand Orient d'ltalie refusent toutefois d'abandonner leur obédience et l'enquête Cordova s'achève quelques années plus tard par un non-lieu. Di Bernardo est resté à la tête d'une obédience qui jouit d'une prestigieuse reconnaissance à l'étranger, mais qui n'est pas suivie dans le pays. Élu en 1993, Virgilio Gaito, avocat napolitain, a été le premier Grand Maître appartenant au Rite Symbolique. Il a hérité d'une maçonnerie en forte crise et a tenté, avec bonne volonté mais peu de résultats, d'en redorer l'image.
A.M.I.