DALCHO, Frederick
DAMES ÉCOSSAISES DU MONT-THABOR
DARUTY, Jean-Émile
DATATION
DEBENHAM, Marjorie Cecily
DEBIERRE, Charles Marie Claude
DECAZES, Elie
DECUSSY, Gabriel
DEGRÉ
DÉPUTÉ
DERAISMES, Maria






DALCHO, Frederick
DALCHO.JPG (81K) (Londres, 1770 Charleston, 1836) Les parents de Frederick Dalcho, personnalité centrale de l'histoire du Rite Écossais Ancien et Accepte*, étaient allemands. Son pere, Johann Friedrich Dalcho, officier dans l'armée de Frédéric, prend sa retraite à Londres. Sa mère, Euphemia Wiesenthal, née le 12 novembre 1732, était originaire de Pasewalk, près de Settin. En 1787, après la mort de son pere, Frederick Dalcho va aux États-Unis vivre chez son oncle maternel Karl Friedrich (Charles Frédéric) Wiesenthal, médecin à Baltimore. Les Wiesenthal étaient maçons: Charles Frédéric était membre des loges* n° I et n° 16 de Baltimore et son fils Andrew venait d'être élu Députe Grand Maître de la Grande Loge du Maryland lorsqu'il meurt en 1798. Frederick Dalcho termine ses études de médecine à Baltimore en 1790 et s'engage dans l'armée comme médecin militaire. 11 devient maçon lorsqu'il est stationne à Savannah en 1792. En 1794, il épouse Eliza Vanderlocht, veuve de William Vanderbilt. Elle meurt l'année suivante. Le lieutenant Frederick Dalcho exerce deux ans la médecine dans la marine marchande avant de retourner dans L'armée, de 1797 à 1799, au port de Charleston*. 11 y reprend ses activités médicales, est élu membre de la Société de médecine de Caroline du Sud le 1er juillet 1801 en devient secrétaire en décembre 1804. Il se remarie le jour de Noël 1805 avec Mary Elizabeth Threadcraft. Deux semaines plus tard, il abandonne la profession médicale pour devenir corédacteur en chef du Charleston Courier, journal fédéraliste fonde en 1801. 11 exerce ce second métier jusqu'en 1813 et entre alors dans les ordres. 11 est ordonne diacre de l'Église épiscopale l'année suivante et restera homme d'Église jusqu'à sa mort.

On ne sait rien de son parcours maçonnique avant 1801. 11 à 30 ans et possède le grade de Chevalier du Soleil* lorsque, le 24 mai 1801, le colonel John Mitchell (1742 ?-1816) lui délivre à Charleston deux patentes. L'une, rédigée en anglais, élève Dalcho aux grades de Kadosh* et de Prince du Royal Secret et le nomme Députe Inspecteur Général. L'autre, rédigée en anglais et en français l'élève aux mêmes grades et le nomme Députe Grand Inspecteur Général. Le lendemain, Mitchell lui décerne une troisième patente, en anglais, certifiant que Dalcho est Kadosh, Prince du Royal Secret et Souverain Grand Inspecteur Général, membre et Lieutenant Grand Commandeur à vie du Suprême Conseil du 33° dans les États-Unis d'Amerique. Telles sont les dates et les indications portées sur ces trois documents.

Le 23 septembre 1801, Dalcho prononce un discours (Oration) dans la Sublime Loge de Perfection de Charleston. Ce texte est imprime la même année en une brochure dont la couverture indique que Dalcho est alors orateur de cette Loge de Perfection et membre du Suprême Conseil du 33°. Un al1 plus tard, le 10 octobre 1802 ce Suprême Conseil décide d'adresser une lettre circulaire aux Grandes Loges et aux conseils de hauts grades* du monde entier pour leur faire part de sa création. Un comité compose de Dalcho. d'lsaac Auld et d'Emanuel de La Motta est charge de sa rédaction. Le texte est approuve le 4 décembre et la circulaire expédiée au début de janvier 1803. Elle affirme qu'en 5761 (1761) S. M. le roi de Prusse (Frédéric le Grand*) était Grand Commandeur de l'Ordre du Royal Secret; qu'Estienne Morin* à été nomme Inspecteur Général le 27 août 1761 par le Grand Consistoire de Princes du Royal Secret réuni à Paris sous la présidence de Chaillon de Jonville, députe du roi de Prusse; que les Grandes Constitutions~ maçonniques ont été ratifiées à Berlin, le 25 octobre 5762 (1762) que S. M. le roi de Prusse à ratifie la Grande Constitution* du 33°, le 1er mai 1786 à Berlin. La circulaire annonce enfin que le Suprême Conseil du 33° dans les États-Unis d'Amerique à été ouvert (was opened) le 31 mai 1801 par John Mitchell et Frederick Dalcho et que le nombre de ses membres à été complète au cours de l'année 1802 conformément aux Grandes Constitutions. Le 21 mars 1803, Dalcho prononce un second discours dans la Sublime Loge de Perfection de Charleston, qui est imprime et accompagne de plusieurs annexes dont l'une reproduit la Circulaire de décembre 1802 ainsi que quatre articles de la Grande Constitution de 1786 dont le texte est imprime ici pour la première fois. Les deux Orations de Dalcho et ces annexes seront réimprimées par le Collège de Heredom à Dublin en 1808.

Dalcho devient le successeur du Grand Commandeur John Mitchell, décédé au début de 1816. Lorsque Emanuel de La Motta meurt le 17 mai 1821, les documents qu'il avait publiés à New York au cours de sa polémique avec Cerneau* tombent entre les mains de jeunes maçons dont certains appartiennent aux Knights Templars. En décembre Dalcho propose a, Cerneau de partager le territoire des États-Unis entre leurs deux Suprêmes Conseils, ce qui revient à considérer le Suprême Conseil fonde par La Motta à New York en 1813 comme éteint où irrégulier. Une révolution de palais éclate le 9 février 1822: Dalcho refuse de réunir le Suprême Conseil, qui ne comprend plus que quatre membres, et se démet de sa charge. Le même jour, les jeunes maçons en possession des archives de La Motta sont inities aux premiers grades du rite par les trois autres membres du Suprême Conseil, Isaac Auld, Moses Clava Levy et James Moultrie, Auld agissant comme Grand Commandeur pro tempore et reçoivent des patentes créant à Charleston un Conseil de Princes de Jérusalem et une Grande Loge de Perfection présidée par le Dr Moses Holbrook. Le scandale éclate au mois d'avril 1822 lorsqu'une partie des documents La Motta est mise en circulation à Charleston. La polémique se poursuit dans la presse. Jacob de La Motta, membre du Suprême Conseil fonde par son pere en 1813, apporte à New York une lettre signée par Holbrook qui décrit ces événements. Au mois de novembre, Holbrook, Street, Joseph M'Cosh et Alexander McDonald reçoivent le 33° et sont cooptes au Suprême Conseil dont Holbrook devient Lieutenant Grand Commandeur, alors qu'il est déjà Grand Commandeur du Camp (Encampment) des Knight Templar de Charleston. Au mois de juin 1823, l'ensemble du dossier est publié par Joseph M'Cosh dans un petit livre aujourd'hui fort rare, Documents upon Sublime Free-Masonry. Il contient des allusions blessantes pour le Grand Maître de la Grande Loge de Caroline du Sud. Celle-ci prononce des exclusions qui seront annulées grâce à Dalcho qui s'entremet et parvient à faire adopter un compromis. Mais les conséquences de ces événements sont incalculables: le Grand Maître se retire, Dalcho fait de même et n'assistera plus jamais aux travaux de la Grande Loge ni à ceux du Suprême Conseil. à la mort d'Auld, au mois d'octobre 1826, Holbrook devient Grand Commandeur. Pendant les dix années suivantes et jusqu'à sa mort le 24 novembre 1836 Dalcho évitera tout contact avec Holbrook, allant jusqu'à refuser de lui communiquer les rituels et de lui transmettre les archives du Suprême Conseil. A. B.
DAMES ÉCOSSAISES DU MONT-THABOR
DAMES.JPG (137K) Le 6 novembre 18Q8, à Paris, est installée. sous les auspices du Grand Orient de France*, la loge des Commandeurs du Mont Thabor. Cet atelier reçut également patente de la mère loge* du Rite Écossais Philosophique pour pratiquer les hauts grades*.

Son principal animateur était Michel-Ange de Mangourit du Champ Daguet (1752 1829), diplomate, fondateur de l'Académie celtique (germinal an XIII) devenue la Société nationale des Antiquaires de France, officier d,u Grand Orient, Grand Officier du Rite Écossais Philosophique, créateur de la Société litteraire maçonnique des Francs-Penseurs et du Rite des Sublimes Élus de la Vérité sis à Rennes. 11 fut l'inspirateur en 1810 de l'Ordre des Dames Écossaises de l'hospice du Mont Thabor au Rite Philosophique.
11 en est le premier «Général chef d'ordre», assiste d'une Grande Maîtresse, Angélique de Carondelet née de Turpin-Crissé.

L'Ordre était place sous l'autorité d'un Souverain Chapitre Metropolitain et un Règlement de famille détaillait les rapports entre la loge masculine et le chapitre féminin.
Son article 2 précisait: «Cet illustre chapitre est independent et souverain en ce qui concerne ses mystères, ses statuts, sa police et sa composition.»

L'ordre des Dames Écossaises pratiquait en même temps-où successivement- deux systèmes, l'un en sept ordres et douze grades, l'autre en trois (ordres et sept grades: degrés bleus: apprentie, compagnonne et maîtresse; degrés d'élection: Novice Maçonne et Compagnonne Discrète; degrés de perfection: Maîtresse Adonaïte et Maîtresse Moraliste.

Le calendrier des travaux jetait précis et répétitif: novembre.
célébration de la fête des fruits pour l automne et l hiver: décembre, initiation au grade de Novice Maçonne; janvier, collation au grade de Compagnonne Discrète; février réception de Maîtresse Adonaïte; mars, institution de Maîtresse Moraliste; avril, célébration de la Fête des fleurs pour le printemps et l'été.

L'atelier avait pour objet de « donner du pain et du travail aux personnes de bonne conduite du sexe féminin, de les aider d'abord, de les consoler ensuite. de les préserver, par les bienfaits de l'espérance. de l'abandon des principes et du supplice du désespoir ».
Les dames se réunissaient le dimanche à 20 heures après les commandeurs dans leur temple* commun, sis 30, place du Palais de Justice.
Elles partageaient leurs travaux entre les réceptions et augmentations de grade, les activités caritatives, les marques de sympathie et d'affection envers les soeurs dans la joie où dans la peine, la musique* et les banquets*.

Le recrutement était élitaire.
Parmi les soeurs, retenons les noms d'Esther Charlotte, baronne puis comtesse du Long, Marguerite Consolo, duchesse de Ligny, Madeleine Victoire Thiebault, vicomtesse Jamin, Antonine baronne de La Porte et Marie Josephine de Darnas, baronne d'Empire* .
Les Dames Écossaises cessèrent leurs travaux à la chute de l'Empire et les reprirent en 1819, mais ils durèrent alors moins d'une décennie.
Y. H.M
DARUTY, Jean-Émile
(Île Maurice, 1839- ?) Fort rare, le livre de Daruty, Recherches sur le Rite Écossais Ancien Accepte précédées d'un historique de l 'origine et de l'introduction de la franc-maçonnerie en Angleterre, en Écosse et en France, publie à l'îlle Maurice en 1879, fut heureusement réimprime par Patrick Bunout en 1988 aux éditions Déméter. Sa lecture permet de constater que Daruty fut l'un des meilleurs historiens français de la franc-maçonnerie, sans doute le plus précis et le plus critique à bon escient, scrupuleux dans l'indication de ses sources et. pour toutes ces raisons, l'un des pères français de l'école dite «authentique». Prendre l'initiative d'écrire en 1877 au Grand Commandeur Albert Pike* pour savoir s'il existait encore une copie de la patente Morin* dans les archives* du Suprême Conseil de Charleston* fait montre d'un état d'esprit rare à l'époque, auquel nous devons de connaître la leçon de cette patente d'après le Registre de Delahogue, considère aujourd'hui comme perdu où égaré à Washington . Sa vie commence à l'îlle Maurice, possession hollandaise de 1598 à 1719, ainsi nommée en l'honneur du comte Jean Maurice de Nassau-Siegen, administrateur de La Compagnie hollandaise des Indes occidentales . Elle prend le nom d'îlle d e France lorsque les Français s'y établissent en 1715. La plus ancienne loge~ de sa capitale, Port-Louis, est créée en 1778 par le Grand Orient de France* sous le titre distinctif de La Triple Espérance et devient loge chapitrale en 1789. Conquise par les Anglais en 1810,1'1Le reprend son ancien nom et demeure coLonie britannique en vertu du traite de Paris (1814) qui permet aux Mauriciens de conserver leurs coutumes et l'usage de la langue franc,aise. Sir Robert Townsend Farquhar en est nomme Grand Maître Provincial en 1811 et la première loge anglaise y est créée en 1816.

Dans l'Avant-propos de ses Recherches, Daruty écrit qu'il fut adopte comme lowton* le 14 février 1844 par la loge Les Trinitaires n° 3 (fondée à Paris par le Suprême Conseil de France, le 11 janvier 1829) et retouma ensuite à Maurice ou, sur les conseils de son pere qui y était le représentant du Suprême Conseil de France et avait vainement tente à plusieurs reprises d'y fonder une loge du Rite Écossais, il s'affilie en 1861 à La Triple Espérance. 11 en reste membre jusqu'en 1876 et «y prend ses divers degrés, jusque et y compris le 32».

I1 à voulu, écrit-il, à la suite des polémiques que le Convent* de Lausanne {septembre 1875} à soulevées en France, connaître l histoire des deux obédiences* et à alors, sans être anime d'aucun esprit de parti, commence l'étude qu'il publie. Le 14 septembre 1876, il adresse une lettre au Suprême Conseil de France en lui demandant de « régulariser sa situation maçonnique ». Le 4 novembre, il fonde L'amitié' avec quelqu es amis et démissionne du Grand Orient de France, après avoir appris que celui-ci avait rompu ses relations avec le Suprême Conseil de France le 26 août précèdent. Dans sa séance du 3 novembre 1876, le Suprême Conseil de France régularise Daruty, l'élève au 33° et accordera à L'amitié' le n° 245 sur ses listes, après en avoir informe le Suprême Conseil pour l'Angleterre. D'après le récent livre de Mandleberg, un colonel O'Brien, 18° du Grand Orient de France à Maurice, vint à Londres le 12 mars 1878 déclarer au Suprême Conseil que Daruty faisait publiquement profession d'athéisme.

Le 31 janvier 1878, Daruty commence la rédaction de son livre. Le 30 septembre, dans une circulaire adressée aux souscripteurs qui ont «bien voulu faciliter son entreprise en assurant [...] une partie notable des frais d'impression», il annonce un volume d'environ 300 pages en deux parties. Mais le livre termine en à quatre dont les 340 pages du volume imprime en septembre 1879 ne représentent que les deux premières. Dans un appel << Aux souscripteurs >> date du 1er mai 1879, Daruty écrit: << Ces deux dernières parties sont entièrement rédigées et prêtes à être livrées à l'impression, mais I'auteur ne peut le faire sans un nouvel appui. I1 espéré donc que ses lecteurs, après s'être rendu compte du plan de l'ouvrage, de l'esprit dans lequel il à été conçu et de l'impartialité qui à préside à la rédaction de ces Recherches, voudront bien l'honorer d'une nouvelle adhésion (en note :R[oupie]s 3, par exemplaire). En ce cas, la fin de l'ouvrage leur sera bientôt livrée.», Tel ne sera pas le cas et la seconde moitié du manuscrit ne fut jamais publiée.
A. B
DATATION
DATAION.JPG (184K) LES CALENDRIEM JULIEN ET GRÉCORIEN.
Le JOUR ET LA SEMAINE.
LE CALENDRIER HÉBRAÏQUE.
LE CALENDRIER RÉPUBLICAIN
De nombreux documents maçonniques, principalement au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, portent une date codée, exprimée au moyen d'une où de plusieurs variantes du calendrier grégorien où d'après un calendrier diffèrent, hébraïque où républicain, non modifie. Ces documents portent parfois également une date exprimée au moyen du calendrier grégorien. Ce dernier, institue en 1582 par le pape Grégoire XIII pour remplacer le calendrier julien, à été adopte peu après par les pays catholiques en Europe, mais non par les pays protestants. il est introduit en Grande-Bretagne par le Calendar (New Style) Act 1750 (24 Geo 11.), mis en application en septembre 1752, qui modifie également le début de l'année légale qui passe du 25 mars (neuf mois avant l'lncarnation) au 1er janvier. Le calendrier grégorien ayant alors 11 Jours d'avance sur le calendrier julien utilise pour les documents maçonniques rédiges au XVllle siècle avant le 2 septembre 1752 en Angleterre où en Amérique du Nord, pour convertir en dates du calendrier grégorien -le New Style où N S.-les dates exprimées au moyen du calendrier julien -l'Old Style où O. S., il convient d'ajouter onze au quantième (le 1er janvier O. S. correspond au 12 janvier N.S.) et d'ajouter 1 à l'année pour les dates comprises entre le 1er janvier et le 24 mars. On rencontre parfois une graphie du type suivant: 2/13 Feb. 172P (MS Reference 2 où Symbol), soit 2 février 1723 {O. S.) où 13 février 1724 {N. S.}. Cette conversion peut avoir pour conséquence de N rajeunir > certaines loges* du continent européen d'une année. Par exemple le 2 février 1739, date portée pour la loge de Lausanne avec le numéro 187 sur les listes de la première Grande Loge d'Angleterre depuis 1741, correspond en réalité au 13 février 1740, ce dont les historiens maçonniques de langue franc,aise n'ont pas pris conscience. A ce problème s'ajoute celui qui découle des variantes maçonniques de differents calendriers.


LES CALENDRIEM JULIEN ET GRÉCORIEN.

Les variantes s'appliquent, séparément où non, à l'année, au mois, à la semaine et au jour (quantième). L'année. Le code + 4000 est [a variante la plus conl1ue et la plus fréquente. Vraisemblablement inaugurée par Anderson*, elle consiste à ajouter 4000 à l'année. On lit sur la page de titre de la première édition des Constitutions* d'Anderson: «the Year of Masonry 5723 Anno Domini 1723». Ce code, relevé en 1741 sur un document dresse en Écosse*. sera adopte à partir de 1745 dans la mouvance de La Parfaite Loge d'Écosse de Bordeaux*, puis d'une manière Générale en France dans les années 1760.

Issues de ce code, on rencontre les variantes principales suivantes: + 4003 (plusieurs documents dresses à Londres en 1750 par l'Ordre Heredom of Kilwinning*, qui adoptera le nom d'Ordre Royal d'Écosse en 1767, sont dates ainsi: << This twenty-second day of July A. D. 1750, A. M H. [anno mundi habitati] 5753», + 4004 {relevé sur des documents du Royal Arch* en 1766 en Angleterre}, + 6COO (utilise en France- registre du président de la Grande Loge, 1760-et en Amérique - charte de L'Ineffable, délivrée à Albany par Francken* le 20 décembre 1767, MS Francken 1771 et 1783), + 530 où 531 ( Year of the Restoration, relevé sur des patentes délivrées en Amérique par Francken en 1768),- 1313 (Stricte Observance; utilise en Lusace à partir de 1751 : 1751 - 1313 = 438, jusqu'en 1762-mais de 1751 à 1754, le chiffre de l'année est précède d'un 5: 5438 pour 43S, à partir du Convent* d'Altenberg de 1764, modifie en code - 1314: 1764 - 1314 = 450, souvent écrit sous la forme 5450; retour au code - 13131 à partir du Convent de Kohlo en 1772) .

Le mois. La ,Parfaite Loge d'Écosse de Bordeaux utilise à partir de sa fondation en 1745 un code complexe pour lequel le mois de juin d'une année maçonnique correspond au premier mois de l'année civile suivante, exprimée au moyen du code + 4000. Ainsi le mois de mai 1746 est code comme 12e mois de l'année maçonnique 5746, le mois de juin 1746 comme le 1er mois de l'année maçonnique 5747.

A partir des années 1760 en France, le mois de mars d'une année maçonnique est très Généralement, code comme 1er mois de l'année civile en cours, exprimée avec Le code + 4000. Ainsi avril 1765 est code comme Le 2e mois de l'année maçonnique 5765, février 1766 comme le 12e mois de l'année maçonnique 5765.


LE JOUR ET LA SEMAINE.

Lorsque le jour est exprime seul «premier jour du douzième mois», il correspond presque toujours au quantième (1er février). S'il est exprime au moyen de L'expression « premier jour de la première (deuxième, troisième, quatrième où cinquième) semaine» ce premier jour correspond au lundi ainsi que l'illustrent les doubles dates, codées et grégoriennes, des procès-verbaux de la Grande Loge Nationale réunie à Paris en 1773.

La mention de la semaine dans L'expression d'une date maçonnique est abandonnée par le Grand Orient de France* par décision du 12 août 1774.

Des lors, le code maçonnique français classique, encore utilisé aujourd'hui, réunit les trois éléments suivants: le quantième exprime en clair, le mois code {mars, premier mois; février, douzième mois), l'année codée + 4000.


LE CALENDRIER HÉBRAÏQUE.

I1 convient de remarquer que ce mode de datation ne constitue pas à proprement parler un code puisqu'il est familier à tous les Juifs orthodoxes. Ses caractéristiques different radicalement de celles du calendrier grégorien, L'unique moyen de transposer instantanément une date d'un calendrier à l'autre consiste à utiliser les tables de type logarithmique, inventées et publiées à Leipzig en 1908 par le Dr. Schram et reproduites pour les années 1750-1350 dans un article publie en 1986. Le plus ancien document maçonnique connu, code au moyen du calendrier hébraïque est la patente de L'lneffable d'Albany, mentionnée plus haut. Pendant plus d'un siècle, ce code sera employé sur la plupart des documents de l'Ordre du Royal Secret d'Estienne Morin* et de ceux du Rite Écossais Ancien et Accepte* En raison de la complexité de ce code, une variante simplifiée est inventée par le comte de Grasse-Tilly* en 1797 à Charleston* ainsi que l'atteste son Livre d'or. Elle consiste à utiliser le code maçonnique franchis classique, en y substituant, en Général de manière erronée, le mois et l'année du calendrier hébraïque. Par exemple: «Ce 20e jour du 11e mois appelé Shebat de l'année 5556 & de la restoration [sic] et de l'air [sic] vulgaire le 20 janvier 1797. »


LE CALENDRIER RÉPUBLICAIN

Ce calendrier est institue en France par la Convention, le 5 octobre 1793; l'usage en est conserve plus en théorie qu'en pratique jusqu'au 1er janvier 1806. Son premier jour, le 1er vendémiaire an 1, correspond au 22 septembre 1792. En dehors de la France métropolitaine, ce mode de datation se rencontre fréquemment sur des documents maçonniques établis à Geneve* et à Saint-Domingue. Les tables du Dr Schram, mentionnées ci-dessus, en permettent également la transposition instantanée.
A. B.
DEBENHAM, Marjorie Cecily
DEBENHAM.JPG (105K) (1893Londres, 1990) Issue d'une famille de la grande bourgeoisie (son pére Ernest Debenham était propriétaire des grands magasins Debenham et Freebody), Marjorie C. Debenham consacra sa vie et son énergie à la franc-maçonnerie, soucieuse de transmettre rituel et tradition Trés discrète sur son parcours personnel, les étapes de sa vie sont parfois difficiles à reconstituer.

On sait cependant qu'elle est initiée à la Fédération britannique du Droit Humain* au début du siècle, probablement à la loge n° 21, Golden Rule, où elle connaît Aimée Bothwell-Gosse*. Elle en fut vénérable* en 1922-1923. Secrétaire de celle-ci, elle la suit avec le groupe qui fait scission avec la Fédération du Droit Humain en 192.5 et fonde The Order of Ancient and Accepted Masonry for Men and Women (A.F.A.M.). En 1922, elle est au 18° du Rite Écossais Ancien et Accepte*, puis 30° et membre du Suprême Conseil en 1925, et 33° en 1937-1938. Elle en devient Grand Commandeur de 15354 à 196S, date à laquelle elle reçoit ce titre ad vitam

Théosophe et bouddhiste (elle aura des funérailles bouddhistes et sera incinérée), polyglotte, corédactrice de la revue Spéculative Mason à partir de 1 14,5, puis directrice de celle-ci (a la suite de Miss A. Bothwell-Cosse) jusqu'en 1957, elle entretient une correspondance suivie avec Marius Lepage*, René Guénon* et Joannis Corneloup*. Elle en interrompt la publication pour des raisons financières. Grand Commandeur, elle est sollicitée par la Grande Loge Féminine de France* et accepte de transmettre aux soeurs les hauts grades* du Rite Écossais Ancien et Accepte et de créer le Suprême Conseil Féminin de France. Elle fonde également, à Paris, une loge franc,aise dépendante de son obédience* L'Échelle de Jacob n° 27 (1970), qui travaille au Rite Anglais, style Émulation*, et en pratique les degrés supérieurs de la marque* et de l'arc royal. Cette loge s'attache notamment sur les formes que doit revêtir la bienfaisance.

Privilégiant les relations internationales, Marjorie Debenham constitue également le Suprême Conseil mixte de langue allemande qui regroupe l'Allemagne, l'Autriche et la Hollande, puis fonde une ligue internationale en 1961, Catena. Celle-ci regroupe plusieurs obédiences mixtes scissionnaires du Droit Humain, auxquelles s'ajoutent la Grande Loge d'ltalie * et la Grande Loge Féminine de France. Ayant des difficultés financières, son obédience se retire de Catena et perd son siège social à Londres, ce qui freine momentanément son expansion.

Marjorie Debenham garde cependant une activité remarquable. à la suite de défaillances de santé de ses successeurs, elle assure l'intérim de la fonction de Grand Commandeur de 1979 à 1981, puis de l982 à 1985.
I.M.















DEBIERRE, Charles Marie Claude
(Ételfay, Somme, 1853-Lille, 1932) Ne dans une modeste famille, Debierre fait de très bonnes études secondaires à Montdidier, puis entame ses études de médecine à Amiens et les poursuit à Paris. Élève de l'école d'application de médecine du Val-de-Grâce, il en sort à un très bon rang en 1878. IL est initie le ]S novembre 187'9 à la loge L'école Mutuelle de Paris, mais ne figure plus sur les tableaux* de cette loge à partir de 1882. Il exerce la fonction d'aide-major à Vincennes, est nomme médecin-major à Lyon en 1883, année où il obtient l'agregatior1 de médecine. En 1888, il quitte l'armée pour occuper la chaire d'anatomie de la faculté de médecine de Lille. 11 publie divers ouvrages de médecine traitant de l'anatomie (L'Anatomie, son passé, son importance et son rôle dans les sciences biologiques, 1888), de l'hérédité (L'Hérédité normale er pathologique, 1897), de l'embryologie (L'Embryologie en quelques leçons, l9O2), du cerveau (Le Cerveau et la Moelle épinière, avec applicatioris physiologiques et médico-chirurgicales, 1907), il publie aussi un Atlas d'ostéologie (18969. 11 est membre de la Société de biologie et de la Société d'anthropologie, membre correspondant de l'Academie de médecine. Sa carrière médicale se double d'une carrière politique: en 1896, il est élu conseiller municipal de Lille et devient adjoint au maire, lequel est alors Gustave Delory. Il est également administrateur des hôpitaux jusqu'en 1904. Il s'affilie à la loge La Lumière du Nord entre avril 1898 et avril 1899. Aucune source consultée ne donne d'informations sur sa vie maçonnique entre 1882 et 1898. En novembre 1899, il est délégué à Paris par l à Lumière du Nord pour assister à l'inauguration du Triomphe de la République de Dalou; en 1900, il est élu vénérable* (et le restera jusqu'à sa mort) et parvient au grade* de Rose-Croix*. 11 atteint celui de chevalier Kadosh* en 1909, est 32° puis 33° en 1912. 11 est T..S.. du chapitre la Lumière du Nord de Lille de 1906 à 1932.11 est élu au Conseil de l'Ordre en 1910 et le préside en lD12-1913. Favorable à l'extériorisation des principes maçonniques, il contribue à la fondation de l'Université populaire* lilloise en 1902 et y donne des conférences.

Médecin, franc-maçon et radical-socialiste, il à une triple raison de s'intéresser aux problèmes sociaux en 1904, il publie Le Capital et le Travail devant l'évolution économique, les maladies du corps social, leurs remèdes: individualisme, collectivisme, socialisme d'État, coopération. Anticlérical, il est déçu par le texte sur la Séparation vote par la Chambre et transmis au Sénat. Le 5 juillet 1905, il publie dans l'Action un texte intitule « Séparation libérâtre » il estime que les républicains ont capitule devant la droite catholique, nationaliste ou, progressiste, que l'état abandonne à l'Église un véritable trésor de guerre et que ni la liberté de conscience ni la laïcité* ne sont véritablement respectées. Figure importante du Parti radical-socialiste-il à publie un expose de la doctrine du parti radical socialiste en 1905-il est élu sénateur en 1911, après plusieurs échecs aux élections législatives de 1902 et aux élections sénatoriales de 1903, 1904, 1906. Il siège à la Chambre haute jusqu'à sa mort et s'y fait le champion de l'école laïque de l'hygiéne, de l'assistance, de la protection de la famille, des questions hospitalières. Le 14 mars 1912, il prononce au Sénat un grand discours qui lui vaut les félicitations de plusieurs dizaines de loges 11 exerce aussi une activité de journaliste, ayant fonde Le Petit Nord et La Démocratie du Nord. Pendant la Grande Guerre, il est commissaire parlementaire aux armées été à ce titre, visite à diverses reprises le front 1 il intervient souvent sur la question des pensions, sur celles des dommages de guerre et du fonctionnement des tribunaux militaires.

Après la guerre, sa carrière maçonnique est brillante: élu au Grand Collège des Rites en 1913, il y siège jusqu'en 1932; il connaît donc la réforme de cette institution, survenue en 1924-1925, qui se marque par une autonomie administrative et financière et par un nouveau règlement. En 1920, il préside le Conseil Philosophique La Lumière du Nord; la même année il dirige les travaux d'installation* du Souverain Chapitre*, L'Effort de la Vallée de Paris. à cette date, il préside le Conseil de l'Ordre pour la seconde fois. Il donne son adhésion à l'Ouvre de la bouchée de pain des enfants russes en 1922, il est nom me président d' honneur de l' Université populaire de Lille en 1931. Au terme d'une longue vie de travaux et de recherches, n,ayant pas «trouve la solution de l'énigme de la vie» il récuse le scientisme matérialiste au bénéfice d'un agnosticisme tolérant. Il meurt le 8 mars 1932, son décès étant éclipse par celui d'Aristide Briand. Albert Lebrun prononce son éloge au Sénat le 10 mars, le 13 Croussier*t président du Conseil de l'Ordre, annonce «le grand deuil qui à frappe la franc-maçonnerie» et rappelle «les qualités exceptionnelles de ce maçon d'élite, travailleur supérieurement doué, savant reconnu, homme politique respecté». L'inhumation à lieu au cimetière de l'Est de Lille; Charles Debierre avait refuse toute pompe funéraire (« Ni fleurs, ni couronnes, ni discours. La mort commande la simplicité »). Mais son cercueil est suivi par un long cortège qui s'étire sur plus de 6 kilomètres, au sein duquel se trouvent de nombreux ouvriers. Un monument du au sculpteur Charles Caby est e3eve sur sa sépulture en 1934.
J. L
DECAZES, Elie
DECAZES.JPG (53K) {Saint-Martin-de-Blaye, 1790 Decazeville, 1860) Issu d'une famille libournaise anoblie au XVIe siècle. Élie naît au château de Malfard (Gironde), le 28 septembre 179O, de Miche] Decazes, sieur de Monlabert, alors Lieutenant Particulier au Présidial de Libourne et futur conseiller Général de Gironde, et de Catherine Rigant, fille de Philippe, seigneur de Brau. Il fait des études secondaires au collège de Vendôme, puis les études supérieures à la faculté de droit. Ses relations familiales et mondaines, puis son mariage le 1er août 1805 avec Elisabeth Fortunée Muraire, fille du président de la Cour de cassation, lui assurent un début de carrière prometteur.

A 20 ans, il est chef de division au ministère de la Justice, puis juge au tribunal civil de la Seine. Deux ans plus tard, il est nomme conseiller auprès du roi de Hollande, Louis Bonaparte*. Après l'abdication de ce dernier qui le protégea toujours, au grand déplaisir de Napoléon, Decazes occupe les fonctions de conseiller à la Cour impériale d'appel de Paris, puis celle de secrétaire des commandements de Madame Mère.

Durant ces années, il est reçu maçon dans la très brillante loge* Anacréon, à Paris, dont il deviendra le vénérable*.
Plutôt hostile à l'empereur, Decazes se rallie à Louis XVIII.
Lors de la seconde abdication de Napoléon, Decazes est nomme préfet de police le 7 juillet 1815. Travaillant directement sous les ordres de Fouché, il réussit à gagner la confiance intime du roi. Les 2 000 lettres autographes de Louis XVIII en réponse aux rapports quasi quotidiens envoyés par Decazes montrent que, progressivement, il était devenu le fulls spirituel du monarque.

Durant ces années 1814-1815 qui virent la rupture definitive entre le Grand Orient* et le Suprême Conseil dit d'Amerique, sis rue de Pompéi, Decazes suit l'obedience pratiquant le Rite Écossais Ancien et Accepte* .

Élu députe de la Seine en août 1815t Decazes fut, le 24 septembre suivant, appelé au ministère de la Police Générale en remplacement de Fouché. Face à la «Chambre introuvable», il tente d'infléchir l'action gouvernementale vers plus de libéralisme* politique en tentant de « royaliser la nation et nationaliser le royaume ».

Par lettres patentes du 27 janvier 1816, Decazes est crée comte héréditaire, titre confirme sur institution de majorat le 31 janvier 1817. Le 14 juin 1818, un diplôme du roi de Danemark, Frédéric Vl, le fait duc de Glücksberg.

Veuf depuis douze ans, Decazes se remarie le 11 août suivant avec Mlle Beaupoil de Saint-Aulaire.

En février 1818, il devient Grand Officier d'honneur du Suprême Conseil et Président de l'Aréopage. Le 15 septembre, le Souverain Grand Commandeur, le comte Alexandre de Grasse-Tilly*, le nomme Grand Commandeur. Durant les premiers mois de sa présidence, Decazes travaille à réunifier les diverses fractions de l'écossisme.

Le 29 décembre 1818, il devient ministre de l'lntérieur dans le cabinet Dessolles-Gouvion Saint-Cyr. Véritable «vice-roi», Decazes porte un vif intérêt aux problèmes agricoles (création d'un Conseil de l'Agriculture le 27 janvier 1819), à l'industrie {exposition inaugurée par le roi en août 1819), au commerce... mais sa principale préoccupation demeure la politique. I1 fait voter des lois plus libérales sur la presse, brise l'opposition ultraroyaliste à la Chambre haute par une «fournée» de 59 nouveaux pairs (mars 18]9). Mais les constants succès de la « gauche libérale » aux élections partielles le poussent à se rapprocher des ultras. Cette politique de bascule entraîne la démission de trois ministres (Gouvion Saint-Cyr, Louis, Dessolles) .

Le 19 novembre 181D, Decazes devient officiellement président du Conseil des ministres avec l'attribution du ministère de l'lntérieur. Son cabinet ne dure pas cent jours car, le 13 février 1820, veille du jour où une nouvelle loi électorale doit être déposée, le frère (ou prétendu tel} Charles, duc de Berry, fils aîné de Monsieur {futur Charles X) et héritier de la couronne, est assassine. Les ultras obtiennent son renvoi le 20 février.

Nomme ambassadeur de France à Londres {182S1821), Decazes abandonne sa charge de Grand Commandeur le 21 avril. Le 7 mai 1821, il est remplace par le Général comte Cyrus de Valence.

Pair de France cette même année, Decazes reçoit le titre de duc-pair héréditaire par lettres patentes du 2 août 1822, mais il demeure écarte des affaires publiques. Rallie à la Monarchie de Juillet, il sera de 1834 à 1838 grand référendaire à la Chambre des Pairs.

Le 24 juin 1838, après le décès du duc Claude de Choiseul-Stainville Grand Commandeur depuis 1825, Decazes retrouve sa charge de Grand Commandeur du Suprême Conseil de France. L'obedience compte alors dix-neuf loges «bleues» et neuf ateliers de hauts grades*. Decazes occupe cette fonction jusqu'à sa mort et l'obedience écossaise voit ses effectifs tripler.

Après la Révolution de 1848*, Decazes rentre définitivement dans la vie privée, s'occupant surtout de travaux agricoles et d'entreprises industrielles-dont la principale fut la création des forges de Decazeville dans l'Aveyron.

I1 meurt dans cette ville, le 24 octobre 1860.
Y. H. M .
DECUSSY, Gabriel
(Caen, 1759-Paris, 1793) Conventionnel rendu célèbre pour avoir demandé la mise en accusation de Marat*, puis pour avoir refuse le Coup de force des Montagnards lors des Journées des 31 mai et 2 juin 1793 et joue un rôle actif dans l'importante insurrection du Calvados, Gabriel Decussy fut aussi, à la fin de l'Ancien Régime, un maçon actif et très influent dans tout l'Ouest normand. Sa carrière illustre la culture et les désirs portes par nombre d'acteurs politiques de la Révolution française* passés par les loges* maçonniques avant 1789.

Roturier, protestant*, Gabriel Decussy appartient à une riche et influente familLe caennaise. Il accède d'ailleurs à l'office prestigieux de directeur de la Monnaie. alors que son frère Joachim, qui sera maçon dans la même loge que lui, devient le colonel de la milice bourgeoise locale jusqu'à la Révolution. C'est en 1780, que le nom de Gabriel Decussy apparaît sur les tableaux* de la loge La Constante Amitié et les Coeurs Sans Fard, la mieux fréquentée de Caen. Âge de 21 ans, il commence une carrière maçonnique, marquée par le désir de perfectionnement initiatique (il devient Chevalier Rose-Croix*) et la prise de responsabilité au sein du lieu de sociabilité le plus élitaire de la ville. 11 est d'ailleurs remarquable que, bien quêtant protestant, il devienne, en 1786, le vénérable de M Constante Amitié et les Coeurs Sans Fard atelier dans lequel maçonne prioritaire ment la noblesse catholique au moment où le négoce huguenot fréquente Union et Fraternité. I1 se trouve alors implique dans les turbulences de la maçonnerie bas-normande quand celle ci doit faire face à la forte demande sociale qui émane de la petite bourgeoisie (à Bayeux) et de frères voulant implanter un atelier en milieu rural. En raison de sa fonction, Decussy voit ainsi son avis souvent sollicite par le Grand Orient... et force est de constater qu'il ne manifeste pas un enthousiasme démesure à l'idée de voir la maçonnerie s'ouvrir à ces « nouveaux inities». Approuvant l'attitude de fermeture de la noblesse maçonnique de Bayeux réunie au sein de La Constance il soutient le rejet d'un atelier bourgeois, mené il est vrai par l'encombrant Lepesqueur de Conjon*, puis, s'agissant de la loge située dans un village bas-normand (Trois-Monts), on l'entend s'exprimer en ces termes: «11 est peu utile que la maçonnerie soit diffusee dans un lieu où les villageois pourrait se meprendre sur le sens reel de l'Art royal et diffuser le secret.» à partir de 1788, on perd la trace de Decussy au sein de la nébuleuse maçonnique. Députe à la Constituante et animateur d Comité des Monnaies qu'il à constitué puis élu à la Convention ou, siégeant à droite, il vote l'appel au peuple et la réclusion jusqu'à la paix lors du procès du roi, aurait-il. comme tant d'autres, préfère au temple* l'aréne politique ? Rien n'est sur car, en raison de l' implication des maçons caenllais lors de l'insurrection du printemps de 1793, la fin de sa carrière maçonnique suscite quelques questions. Mis en place sous sa direction. le Comité insurrectionnel caennais est en effet aux mains de très nombreux maçons qui étaient encore actifs en 1792. Ils appartenaient à des loges réunies en un comité local depuis 1788 et porteuses d'une solide culture décentralisatrice, laquelle va constituer l'essentiel du message anti jacobin. Union et Fraternité et Thémis ayant seul envoyé les tableaux de leurs adhérents, les liens de Decussy avec la maçonnerie caennaise en 1793 restent plausibles, mais ne sont pas avérés. Bien que non proscrit avec les Girondins, il est arrête mais réussit à s'enfuir, en juillet 1793. Après avoir vagabonde dans l'Ouest et en Gironde, il est reconnu par Tallien, arrête une seconde fois et exécute, le 15 décembre 1793
E S.
DEGRÉ:
voir Grade
DÉPUTÉ
DEPUTE.JPG (99K) Dés l'élection du premier Grand Maître (1728), il est fait mention de députes, c'est-a-dire, si l'on se limite au sens le plus communément employé en maçonnerie, de frères choisis par leur loge pour représenter les intérêts de celle-ci .

La fonction est un passage oblige lie aux pratiques institutionnelles, mais l'étude des hommes choisis par les ateliers au XVIIIe siècle pour l'exercer révèle que le députe occupe une pLace stratégique, notamment à partir de la «révolution démocratique» proposée par le Grand Orient de France* naissant (1771-1774). En effet, en affirmant que «le corps maçonnique sera représente au Grand Orient par tous les vénérables* en exercice où députes des Loges» le députe sort de facto des simples fonctions de représentation auxquelles on le vouait jusque-la. Cette « consécration» n'est pas sans incidence et le formidable turn-over que les frères provinciaux imposent aux députes, notamment en période de crise, est le syndrome le plus éclatant de l'importance et de La délicatesse de sa mission. On est prompt en effet à rapidement accuser un députe d'inefficacité dans la défense des intérêts locaux, et, au sein des loges les plus durablement implantées, un véritable processus de sélection se met en place. En Normandie, on voit ainsi la loge havraise La Fidélité , fortement pénétrée par les négriers*, choisir en François Lamarque {dit l'Américain) un homme profondément influence par les thèses polygénistes, connu pour avoir conseillé à un Grand Orient confronte au problème de l' initiation * des hommes de couleur «la préservation» des ateliers coloniaux. Autour de Rouen où l'élitotropisme fonctionne à plein régime, L'atelier pavillais Raoul, où maçonnent les hauts magistrats du Parlement de Normandie, brandit la députation de l'illustre Roëttiers de Montaleau * comme argument décisif pour obtenir du Grand Orient le monopole de la pratique des hauts grades*. Une étude exhaustive de ces choix reste à faire mais le députe reste un personnage dont la connaissance, souvent négligée, éclaire la façon dont les relations entre Paris et la province se structurent et les formes utilisées par celles-ci pour garantir son autonomie
F.. S


















DERAISMES, Maria
DERAIM.JPG (80K) (Paris, 1828-1894) Marie-Adélaïde dite Maria, fille de François Deraismes et d'Anne Soleil, naît à Paris le 15 août 1898 dans une riche famille de commerçants républicains et voltairiens. Elle reçoit une éducation intellectuelle et artistique soignée, bien plus complète que celle des jeunes filles (et même des garçons) de la «bonne» société de l'époque. En 1851, les Deraismes s'installent à Nice, où le père de Maria meurt l'année suivante. La famille retourne à Paris; sa mère y décède en 1861. Quatre ans plus lard, la soeur aimée, Anna, veuve et sans enfants, revient vivre avec Maria qui à 37 ans, 75 000 francs de revenus annuels et est restée célibataire.

Depuis quelques années, elle peint, compose et écrit de petites pièces de théâtre publiées en 1864 (Le Théâtre chez soi). L'année suivante, elle se lance dans le pamphlet féministe, un tantinet moraliste, avec notamment Aux femmes riches..., puis publie plusieurs articles, dans Le Nain jaune et Le Grand Journal notamment.

En 1866, des maçons acquis aux idées féministes, dont Léon Richer, décident d'organiser en l'hôtel du Grand Orient*, tous les dimanches, des «conférences maçonniques» ouvertes aux femmes Sollicitée, Maria refuse puis accepte, décidée par la publication d'une série d'articles anti féministes de Barbey d'Aurevilly. Les réunions durent jusqu'en 1870.

Cette année-là, chez Andrée Léo (Léodile Bréa), elle participe à la création de la Société pour la revendication des droits de la femme, qui fusionne, le 16 avril 1870, avec la Société pour l'amélioration de la femme qu'elle à cofondée en 1869 avec Léon Richer. Le 11 juillet l870, ils organisent le premier banquet féministe français, mais huit jours plus tard éclate la guerre franco-allemande. Maria et sa soeur Anna financent alors une ambulance, mais elles doivent se retirer en Bretagne

Enthousiasmée par la République, mais pas par la Commune*, Maria écrit néanmoins une protestation en faveur des «pétroleuses» condamnées par les conseils de guerre. Elle reprend son combat féministe. En juin 1872, elle préside le second banquet féministe-dit des droits des femmes- puis publie Éve contre M. Dumas fils, une réponse à un violent pamphlet anti féministe de l'auteur de La Dame aux camélias. En 1875, elle adhère à la Libre Pensée* et ouvre son salon aux cadres du parti républicain. Mais la République des Ducs interdit l'association et le périodique du tandem Richer-Deraismes. Quand l'interdiction est levée les deux militants organisent le premier Congres international du droit des femmes (août 1878), dans la salle du Grand Orient de France, boulevard des Capucines. Pour soutenir les candidats républicains à Pontoise, Maria Deraismes acheté Le Républicain de Seine-et-Oise des que la loi de 1881 sur la presse autorise les femmes à prendre la direction d'un journal.

C'est alors que Maria aurait demande son admission dans une loge* maçonnique du Grand Orient de France, La Clémente Amitié*, sise à Paris. Mais c'est un atelier qui s'était déclare independent de la Grande Loge Symbolique Écossaise* qui va procéder à son initiation*. Le 14 janvier 1882, Maria est reçue apprentie* franc-maçonne à la loge Les Libres Penseurs, au Pecq.

Malgré son opposition, la Grande Loge Symbolique Écossaise publie dans son bulletin le compte rendu in extenso de la cérémonie et dont voici quelques extraits: «La tenue* à été présidée par le vénérable* Houbron. En exécution du règlement particulier de la loge, aucune épreuve physique n'a été imposée. L'histoire et les principes de la Franc-maçonnerie ayant été exposes par le vénérable et après les questions d'usage auxquelles à répondu la néophyte la prestation du serment à eu lieu et Mlle Maria Deraismes a été régulièrement constituée par le vénérable et reconnue par les frères présents comme notre soeur maçonnique au premier degré symbolique.» A l'issue de la tenue, un banquet* réunit environ 400 convives, dont de nombreux profanes femmes et enfants.

Sur la proposition du frère Constants, Maria Deraismes fut acclamée présidente d'honneur du banquet. Selon ce dernier. La réunion eut «un caractère anticlérical et profondément démocratique ».

Durant celle-ci, Maria Deraismes porte un toast à la loge Les Libres Penseurs de l'orient du Pecq et félicite celle-ci, qui est sa loge mère*, «d'avoir réouvert à la femme, cette fois toutes grandes et au nom du droit, les portes des temples maçonniques qui jusqu'à ce jour ne lui avaient permis que par privilège et par exception de consacrer ses efforts intellectuels à l'oeuvre d'humanité et de progrès, poursuivie de tous temps par la maçonnerie universelle». Elle déplore cependant «d'être obligée de constater non seulement l'abandon, mais le mépris qui à été fait des forces que la femme eût pu mettre au service de la démocratie naissante dans sa lutte contre les iniquités et les erreurs du passe sous toutes ses formes et principalement contre le catholicisme ». Par la suite, elle dénonce le rejet des femmes comme étant responsable de leur goût pour la dévotion et la prostitution, puis salue une ère nouvelle pour la franc-maçonnerie.

Apres cette ceremonie et cette fete organisee par le maire du Pecq, le frere Ray l'atelier est pourtant mis au ban de la societe mac,onnique et Maria Deraismes sera pour douze ans un(e) ma,con(ne) sans loge, malgre les tentatives de freres, notamment de Georges Martin*, pour la faire affilier à un atelier masculin.

Maria Deraismes n'en continue pas moins son combat public. En 18X5, elle devient présidente de la Fédération des groupes de la Libre Pensée de Seine-et-Oise et, en 1891, vice-présidente du premier Congres anticlérical de France. Elle poursuit son combat en faveur de l'émancipation des femmes en participant aux deuxième (1889) et troisième (1892) Congres des sociétés féministes.

Malgré l'ostracisme des frères, Maria Deraismes et Georges Martin élaborent discrètement une structure maçonnique autonome pour les femmes, et des réunions informelles se déroulent chez Maria, au 72, rue Cardinet, entre 1891 et 1893. Quatre tenues de mars-avril 1893 créent officiellement la loge-obédience dite Grande Loge Symbolique Écossaise Le Droit Humain*, dont Maria Deraismes est la première vénérable. Elle préside dix tenues de la nouvelle obédience puis meurt à Paris, le 6 février 1894.
Y. H.M.