MARINHO
MARQUE[S]
MARTI
MARTIN
MARTINES DE PASQUALLY
MARTINEZ BARRIO
MARTINISME






MARINHO
Joaquim de Saldanha (Olinda, 1816-Pernambuco, 1895) Fils d'un officier d'artillerie, Pantalao Ferreira dos Santos qui a participé à la Révolution républicaine de Pernambuco de 1817, et d'Agata Joaquim Saldanha, Marinho obtient un diplome de droit à Pernambuco (1836)
Poursuivant une carrière de magistrat et d'avocat, il devient promoteur public, inspecteur de province et président de l'institut des avocats du Brésil
Il est également professeur de géométrie et journaliste; il devient meme, à ce titre, rédacteur en chef du Diario do Rio de Janeiro (1860)
Il fonde la compagnie pauliste de Estrada de Ferro (Chemin de fer) en 1883 et la Société brésilienne de géographie
En tant qu'homme politique il se distingue dans la province de Cearsi dont il est le député à la Chambre générale et au Parlement général
Il est élu plusieurs fois député par Rio de Janeiro et par Pernambuco et est même député à l'Assemblée constituante en 1890
Il préside les provinces des Minas Gerais (1865) et de Sao Paolo en 1866
Son action se caractérise par la défense des idées laïques et républicaines, par la lutte contre l'esclavage
Il propose au Parlement l'abolition du serment religieux et la séparation de l'Église et de l'État


Initié comme franc-maçon, il est l'un des fondateurs du Grand Orient du Brésil * dit des Bénédictins (1863), une scission tournée vers les problèmes sociaux et politiques de l'époque. Il en devient Grand Maître et Souverain Grand Commandeur (1864), insufflant à la nouvelle obédience* un caractère très différent de celui de la franc-maçonnerie traditionnelle, principalement en ce qui concerne son engagement dans la lutte pour l'abolition de l'esclavage. À partir de 1872 le Grand Orient des Bénédictins adhère en tous points à la cause républicaine, considérée alors comme avant-gardiste.

Le Grand Maître ne néglige pas pour autant le rituel franc-maçonnique qui continue de se perpétrer avec rigueur et brio. Il inaugure en effet en 1875 un temple d'une beauté spectaculaire au Rio Grande (Rio Grande do Sul). Il se prononce également en faveur de l'admission des femmes* dans la franc-maçonnerie, et patronne la constitution d'une loge d'adoptiont en 1877. En 1883, après la réunion des deux courants du Grand Orient du Brésil (« Bénédictins», et « Lavradio »), il démissionne de son poste de Grand Maître pour permettre l'élection d'une personnalité plus neutre. En 1891, il reçoit l'hommage du Suprême Conseil du 33° de Charleston*, qui le nomme membre honoraire. Il donne son nom à de nombreuses loges dans plusieurs États du Brésil.

J.J.A.D.et A.H.de O.M


MARQUE[S]
1. Les marques lapidaires
Il. La franc-maçonnerie de la Marque
M-13.JPG (153K)
1. Les marques lapidaires
La glyptographie est la science consacrée à l'étude des marques et signes lapidaires, que l'on peut définir comme des « signes conventionnels entaillés dans les pierres* et destinés à rendre plus facile leur placement [appareillage], rang d'ordre ou assemblage dans la construction [et] qui servent, en outre, à faire reconnaître par un signe distinctif et propre celui des ouvriers qui avait taillé chacune des pierres et à établir plus facilement le compte des travaux exécutes par chacun d'eux ou chaque groupe ». Ces marques inscrites dans les registres de loges* avec: le nom du titulaire (Strasbourg* en 1560) sont faites selon trois modèles.

Les marques de position ou d'appareil servent à guider les ouvriers dans la pose et l'ajustement des pierres des fenêtres de la voûte d'une église ou dans la statuaire ornant les voussures d'un portail (cathédrale de Reims). Les marques, apposées sur les pierres dans les carrières indiquaient l'édifice auquel elles étaient destinées. Ainsi, Saint-Maclou, à Rouen, contient des ancres marines sur certaines pierres car ce saint était marin.

Les marques de tâcheron, souvent gravées en creux dans la pierre, peuvent être complexes et constituent une « signature » les tailleurs de pierre étant payés à la tache suivant le nombre de pierres travaillées. Elles sont de formes variées, formées de chiffres, de figures géométriques, de pièces héraldiques, d'outils et d'instruments alimentaires, de lignes droites et de courbes constituant parfois de véritables oeuvres d'art. Parfois les initiales du nom de l'ouvrier ou une date sont indiquées.

Ces marques permettent alors de déduire, à partir de leur succession, le nombre d'ouvriers au travail sur un chantier et on sait ainsi que ce sont probablement les mêmes équipes qui ont travaillé aux cathédrales de Reims et de Strasbourg. Parmi elles, des marques articulaires ont toutes une partie commune représentant le chiffre 4: elles se trouvent chez les maçons, tailleurs de pierre, imagiers, couvreurs. Le 4 suscite des explications diverses. Pour les uns, c'est le signe de croix. Selon les autres, ce sont les 4 éléments de l' alchimie * traditionnelle. les 4 Couronnés... Le 4 se rapporte alors aux bras de la croix embrassant les directions de l'espace du monde créé. C'est celui sur lequel travaillent les compagnons. Le sommet de ce 4 forme un triangle non « fermé » (il est dit « du monde »), car il préfigure le triangle « parfait »—qui n'est pas de ce monde.

Les signatures des compagnons* sont des traces visibles de leur passage pendant leur Tour de France, et beaucoup d'édifices célèbres en possèdent de nombreuses, notamment dans le Gard (le Pont du Gard, Saint-Gilles du Gard avec sa célèbre vis...). Bien des édifices religieux en portent la trace, sur la pierre, dans des lieux difficilement accessibles (combles, terrasses, tours...), avec parfois le nom du compagnon associé à ses outils (équerre*, compas*, truelle bisaiguë...). D'autres marques lapidaires existent: jeux de compas, épures, lorsque les restaurations ne les ont pas effacées, figurent ainsi sur les terrasses ou sur les murs de cathédrales*. Ce sont des arcs de cercle, des coupes de lignes droites, des trilobes et quadrilobes qui sont des ébauches de rosaces, de triforiums, d'arcs-boutants...

C'est le cas à Clermont-Ferrand, Limoges Narbonne Reims Bourges.
La franc-maçonnerie* moderne, en Angleterre, s'est « ré approprié » l'héritage des marques lapidaires: un degré* de mark mason, sous la juridiction de la Grande Loge de Marque d'Angleterre (créée en 1878), est un approfondissement du grade de compagnon* conféré à des candidats titulaires du grade de maître* .

J.-Fr. B


M-14.JPG (26K) Il. La franc-maçonnerie de la Marque
Le degré de Maître* Maçon de Marque a une origine incertaine
On sait simplement que celle-ci est probablement anglaise ou écossaise, et que le grade* apparaît au milieu du XVIIIe siècle en Angleterre
Des indices laissent supposer que son existence est liée à la pratique de loges* non affiliées à des obédiences* qui n'avaient pas adopté la structure en trois degrés
L'unique qualification requise pour ce grade est d'être maître maçon dans une loge bleue*
A l'origine, la situation est cependant complexe car il existait deux degrés séparés, confondus en un seul au fil du temps
L'avancement comme maître maçon de marque est abordé au cours d'une cérémonie qui aborde deux thèmes consécutifs
Au cours de la première partie, le candidat est reçu dans une loge de compagnons maçons mais il faut être maître maçon pour y avoir accès


Il y reçoit une marque de maçon: le candidat maître maçon de marque présente son projet de marque et obtient un papier où se trouvent ses initiales et un jeton (token) qui lui permettra d'obtenir son salaire* sur le chantier du Temple* du roi Salomon. Au cours de la deuxième partie, il est confronté au thème du rejet de la pierre* (indispensable pour l'achèvement de l'arche du temple) présenté d'une manière vivante et plaisante: l'ouvrier-candidat présente une pierre aux inspecteurS chargé des réceptions sous la forme d'une clé de voûte que ces derniers ne peuvent accepter car elle n'est pas conforme aux plans. L'absence de la pierre provoque l'arrêt des travaux mais le candidat la retrouve. La pierre est alors installée en grande pompe à la place qui lui est destinée dans l'arche du temple et le candidat reçoit le titre de Maître Maçon de Marque.

La première mention d'« avancement » à ce grade comme degré séparé date du 1er septembre 1769: Thomas Dunckerly procède alors à cette cérémonie lors d'une tenue* du chapitre de L'amitié à portsmouth. Dans les années qui suivent il y en a de nombreuses traces dans les loges et chapitres* d'Angleterre, d'lrlande et d'Écosse.

La place de ce degré dans la hiérarchie des grades maçonniques varie selon les lieux où il est pratiqué puis, après l'union des deux Grandes Loges en 1813 la situation devient extrêmement compliquée car le degré est conféré par des loges ambulantes.

Pourtant
en 1851, six membres du Chapitre écossais de l'Arche Royale Bon Accord d'Aberdeen habitant Londres obtiennent une charte de leur chapitre les autorisant à se réunir en loge de marque dans cette ville
La procédure est caduque car ledit chapitre n'a aucune autorité pour délivrer une charte (et encore moins à Londres)
Ainsi, lorsque le chapitre Bon Accord est interrogé par son Grand Chapitre, il rend sa charte et disparaît... mais durant ce temps, la loge fondée à Londres initie des maçons anglais dont lord Leigh, le Grand Maître Provincial du Warwickshire (sous la Grande Loge Unie d'Angleterre*)
Il devient maître de la loge en 1855
L'attention de la Grande Loge Unie d'Angleterre est attirée par ces événements


Une motion est introduite à l'assemblée trimestrielle du 5 mars 1856: elle constate que le degré de Maître Maçon de Marque fait partie de la franc-maçonnerie et demande son intégration. La décision ne fait pas que des heureux d'autant que la Grande Loge Unie d'Angleterre a imposé un droit assez élevé pour accepter les frères Maîtres Maçons de Marque en son sein. Une opposition se dessine et, trois mois plus tard le procès verbal entérinant la délibération est rejeté. Une Grande Loge des Maîtres Maçons de Marque s'est créée le 25 juin 1856 avec à sa tête lord Leigh comme Grand Maître et, malgré l'incident du Bon Accord, le Grand Chapitre d'Écosse délivre, entre 1856 et 1875,27 chartes à des loges de marque en Angleterre, notamment dans le Nord-Est. Onze de ces loges rejoignent la Grande Loge de Marque d'Angleterre.

Si, en Angleterre, les loges de marque sont indépendantes, la situation est différente en Écosse* et en Irlande*
En Écosse, le grade de Maître Maçon de Marque dépend du Grand Chapitre de l'Arche et il est nécessaire d'avoir reçu le Grade pour être admis à l'Arche Royale


Toutefois, il peut être conféré dans un chapitre ou au sein d'une loge sous la Grande Loge d'Écosse, car les ateliers travaillent le degré une ou deux fois par an. En Irlande, le grade fait partie du Grand Chapitre de l'Arche Royale.

A l'instar de tous les autres grades anglais, il existe une cérémonie d'installation* du vénérable* maître* de la loge qui présente une partie dite « ésotérique » et dont l'accès est réservé aux vénérables maîtres installés.

Le rituel en usage est d'origine écossaise: en 1870, la Grande Loge d'Écosse ayant décidé d'adopter le rituel anglais pour l'installation du maître des loges « bleues », un des rituels en usage dans les loges bleues écossaises est adopté pour l'installation du vénérable maître des loges de marque. Ce grade s'est répandu en Europe durant les dernières décennies. Un district se forme lorsqu'il en existe plusieurs dans une même contrée et il jouit de la même autonomie que les provinces anglaises. Lorsqu'ils deviennent assez nombreux, ils obtiennent leur indépendance. C'est ce qui s'est passé en France où il existe actuellement une Grande Loge de marque active.

M.B.


MARTI
José (La Havane 1853-Dos Rios, 1895) Les démarches réalisées dans le but de trouver la preuve de l'initiation* maçonnique du héros national et père de la patrie cubaine sont restées infructueuses. On conserve des témoignages indirects d'un lien présumé avec la franc-maçonnerie* dans la capitale espagnole et, bien que près de cent années séparent cette aventure émancipatrice de celle des indépendances dans la partie continentale de l'Empire espagnol*, elle a en commun, avec celle ci, d'être insérée de plein droit dans la légende dorée, entourant inévitablement les intrigues politiques en faveur de la liberté, du domaine secret de l'histoire des loges*.

L'intérêt de cette affiliation supposée est grand, car la mythification du libérateur de Cuba* semble ne pas avoir d'équivalent dans toute l'histoire de l'Amérique latine. C'est comme si « la passion et la grandiloquence du Tropique » s'étaient unies à la sensibilité religieuse exacerbée des Cubains pour donner naissance à un être surnaturel aux attributs quasi divins, ce qui a incité les Cubains à élever bustes et statues sur le parvis des églises, dans toute la petite République.

Fils d'une Canarienne et d'un Valencien, âgé d'à peine 20 ans en 1871, José Marti est exilé en métropole après avoir été condamné à La Havane, à La suite d'une lettre compromettante trouvée en sa possession. D'après le témoignage de son condisciple Valdès Dominguez, il concilie alors ses études de philosophie, de lettres et de droit à l'université de Madrid, avec l'activité maçonnique puisqu'il assisterait le soir aux tenues* de la loge Armonia que présiderait le général Pierrrat ou le brillant musicien Max Marchal. Il en aurait été l'orateur. La loge était le lieu où les jeunes Cubains de Madrid se donnaient rendez-vous et où se rencontraient de nombreux et éminents hommes de lettres et journalistes espagnols. Cet atelier semble être devenu rapidement un centre d'aide et de protection pour les Cubains qui arrivaient dans la péninsule dans des conditions difficiles en raison de la guerre de Dix Ans (1868-1878).

Néanmoins, la grande collection de dossiers personnels de Salamanque ne décèle rien sur Marti et sur ses compagnons. La loge Armonia n° 52 n'a d'ailleurs laissé aucune trace, à l'exception d'une brève mention entre 1870 et 1873. Cette loge apparaît, et avec de sérieux problèmes, dans l'annuaire du Grand Orient de Lusitanie, l'obédience* du Portugal* qui, à ce moment-là, connaît une grande prépondérance en Espagne*. Elle disparaît quelques années plus tard. La présence de José Marti aurait donc été très brève, d'autant qu'il fit transférer son dossier d'études vers Saragosse. Des années plus tard, ses discours, prononcés dans le Masonic Temple de New York afin de commémorer les anniversaires du Grito de Yara les 10 octobre 1887 et 1888 dans lesquels il incitait les Cubains à joindre leurs efforts pour l'indépendance nationale, ne contiennent pas ]a moindre allusion à la maçonnerie. L'édifice est d'ailleurs cédé pour cette rencontre à des fins qui n'ont rien à voir avec l'activité maçonnique.

On doit noter que Marti n'assista pas non plus à l'initiation* de son secrétaire Gonzalo de Quesada. Cette attitude réticente serait due à des raisons stratégiques en raison de la séparation entre loges blanches et noires de la maçonnerie nord-américaine qui aurait pu contribuer à nuire à son projet unitaire pour la liberté de Cuba. À ce moment-là, Marti dirigeait déjà, de façon indiscutable, le mouvement qui tentait d'unir tous les Cubains sans différence de race et de condition pour la cause de la liberté de son pays.

On doit également ajouter que de nombreux dirigeants de l'Ordre*, à Cuba et hors de l'îlle, appartenaient plus aux milieux autonomistes et modérés favorables au réformisme et « protégés » par l'Espagne qu'aux milieux révolutionnaires dont le projet, meme si Marti ne le souhaitait pas, menaçait les intérêts économiques. Ces hommes étaient en effet souvent producteurs et possesseurs d'usines de sucre et de tabac à Cuba.

If n'existe donc aucun document de première main confirmant l'appartenance à la maçonnerie de José Marti.

M. de P. S.


MARTIN
Georges (Paris, 1844-Chaumont-sur-Tharonne, 1916) Le Dr Martin reste, sur le plan de l'histoire maçonnique attaché au difficile combat en faveur de la mixité.

Élève des jésuites à Paris, fils de pharmacien, Georges Martin doit travailler très jeune dans la pharmacie familiale
Il est reçu cependant, en dépit du scepticisme paternel, aux baccalauréats ès lettres puis ès sciences, ce qui lui permet de commencer des études médicales
Mais il est tenté très tôt par la politique
Il épouse la cause garibaldienne et abandonne ses études de médecine durant quelques mois pour servir aux côtés du révolutionnaire en Italie
De retour en France il reprend ses études à Montpellier
Lauréat de cette faculté, il revient a Pans où, en 1870, il est reçu au doctorat, ce qui lui vaut de se réconcilier avec son père


Il prend part à la guerre franco prussienne: il est aide-major responsable des ambulances du fort d'Issy. Son engagement héroïque l'épuise et il ne peut reprendre son activité que plusieurs mois plus tard, dans le cabinet médical qu'il a ouvert dans sa maison natale rue Mouffetard. Il exerce six ans, puis abandonne sa profession en 1880. I1 est initié le 21 mars 1879 dans la loge Union et Bienfaisance de la Grande Loge* Centrale à Paris, travaillant au Rite Écossais Ancien et Accepté*. Grand défenseur de ce rite*, il lui reste fidèle toute sa vie malgré les changements d'obédiences* et de loges*. Il est élevé à la maîtrise le 1,6 janvier 1880 dans la loge La Jérusalem Écossaise, à Paris, dont il devint le vénérable par la suite.

Très vite, son action se caractérise par la volonté de séparer les loges bleues du Suprême Conseil: l'attention qu'il porte à ces questions le conduit à devenir président de la commission exécutive de la Grande Loge Symbolique Écossaise* en 1881, alors qu'il n'était qu'un jeune maître maçon. Plus tard, il est aussi membre des ateliers supérieurs du Suprême Conseil de France.

Parallèlement, le Dr Martin entame une brillante carrière politique
En 1874, il est élu conseiller municipal de la ville de Paris et est réélu à cette charge avec des majorités de plus en plus confortables
Il est élu sénateur en janvier 1885, ce qui l'amène à démissionner de son mandat municipal
Il est également président du conseil général
Victime d'une intrigue ministérielle, il n'est pas réélu au Sénat et se retire des affaires publiques jusqu'en 1897
Sollicité par ses amis, il est alors élu au premier tour au conseil général du canton de Lamotte-Beuvron et exerce ce mandat jusqu'à sa mort


La dimension sociale, dans son action politique, est importante: il participe ainsi à l'organisation de l'assistance médicale dans les campagnes, puis à l'élaboration de nombreuses lois sur l'inspection médicale dans les écoles.

Il se bat encore pour la fondation de la Caisse nationale des retraites et l'établissement d'un système d'assurances sociales. Sur ces thèmes, il fit plus de 2000 conférences entre 1875 et 1890. L'obtention des droits civiques pour les femmes* retient également son attention et cela le conduit à mettre cette question importante au coeur de son engagement maçonnique. Très anticlérical, il souhaite que les loges ouvrent largement leurs portes aux femmes afin que l'intérêt du travail maçonnique les fasse délaisser peu à peu la fréquentation des églises au profit des temples maçonniques.

Georges Martin défend ce combat dans sa loge, La Jérusalem Écossaise, en se montrant favorable à la mixité. i,e débat ayant provoqué la scission de la loge en trois groupes, il poursuit la lutte au sein de la Grande Loge de France, dont il reste un membre actif jusqu'à sa mort (1916). Il fonde en outre les loges La Fraternité Écossaise (Nice, 1911), Denis-Papin (Blois, 1912) et Les Philanthropes du Maine (Le Mans, 1913). C'est toutefois par son rôle dans la fondation du Droit Humain* qu'il parvient le mieux à défendre la cause à laquelle il est attaché.

Ayant connu la célèbre Maria Deraismes* en 1874, après avoir assisté à son initiation, il fonde avec elle (mais aussi son épouse Marie Clémence Royer*, Marie Bonnevial et Marie Bequet de Vienne*) l'obédience mixte le 14 avril 1893 puis, après la mort de Maria Deraismes, prend en charge avec sa femme l'organisation de la nouvelle obédience. Il consacre toute son énergie et sa fortune à l'expansion de celle-ci. Il donne meme son hôtel particulier (un Immeuble de la rue Vauquelin) pour que Le Droit Humain ait un siège convenablement aménagé avec un temple, puis fait don par testament à la société civile immobilière, devenue Association Georges Martin, de l'immeuble qu'il a acheté au 5, rue Jules-Breton. Ce bâtiment fut le siège central du Droit Humain durant de nombreuses années avant d'être affecté au Suprême Conseil de l'obédience.

I.M.


M-15.JPG (123K) MARTINES DE PASQUALLY
(Grenoble, 1710 ? -Port-au-Prince, 1774)
L'an 1760, don Martines de Pasqually, écuyer, se présente aux Loges de Saint Jean Réunies, à l'orient de Toulouse, en qualité d'inspecteur général de la loge des Stuwards
Il produit une patente de Charles Édouard Stuart, le jeune prétendant (1720-1788), au nom de son père et a lui transmissible
En loge bleue, tout de go" « Martines résuma, un peu à la manière de Ramsay*, une sorte de plan parfait de la franc-maçonnerie, dans lequel il parlait successivement de la mystérieuse construction de l'ancien et du nouveau temple, des chevaliers lévites, des cohenim-leviym [soit des hommes élus dans la tribu élue du peuple élu] et des Élus coëns [soit des élus selon la grâce et non plus selon la loi] » (Albéric Thomas).

Quand il fut question de démonstrations pratiques, les frères en réclamèrent Martines accepta
Les trois maîtres devant lesquels il avait opéré rendirent un compte si défavorable que l'expulsion de Martines fut décidée
Pourtant, Martines ne quitta pas Toulouse avant 1762
Le temple qu'il s'était résigné à ériger de son propre chef vivota trois ans au moins
Martines avait aussi profité de ce que des militaires de sa connaissance fussent présents dans la ville pour faire diligente une enquête de notoriété sur les quelque onze ans qu'il avait passé à l'armée depuis 1737, lieutenant en permanence
L'enquête de notoriété, ouverte le 2 janvier 1761, fut close le 19 avril 1762


On y apprend qu en 1737-1738 Martines, qualifié par deux certificats sur trois de noble, sert en Espagne (Barcelone, Madrid), dans la compagnie du régiment d'Imbourg-Dragons (pour Édimbourg Dragons) que son oncle Pasqually commandait. En 1740, il participe à l'intervention française en Corse, sous le commandement du marquis de Maillebois incorporé dans le régiment d'île-de France en garnison à Bastia. En ] 747, il combat en Italie, au service de l'Espagne, dans le régiment de Mandre-Garde suisse pendant la guerre ce Succession d'Autriche.

Avant l'essai toulousain, des auteurs pro mènent Martines dans plusieurs orients du Midi de la France, à partir de 1754, à Montpellier (Thory*); nul texte a l'appui, sauf le témoignage document:é d'une implantation rnaçonnique sans date antérieure à Toulouse, et relative à Avignon, dont ses disciples lui étaient restés fidèles en 1762.

Le 28 avril 1762 Martines arrive à Bordeaux* où il réside jusqu'à son embarquement, le 5 mai 1772, pour Saint-Domingue.

Restent les questions non résolues: un voyage en Chine incertain, de même que le métier d'ouvrier en voitures à Toulouse, et surtout la naissance. Martines de Pasqually était né en 1711), peut-être à Grenoble, dans une famille d'origine marraine. Son père était-il ce Pascalis, agent espagnol signalé à Agde en 1730 (André Kervella) ?

Après Toulouse, Martines consacre son existence entière à la franc-maçonnerie et au sacerdoce primitif qu'il conserve, exerce et entretient. Deux événements avancent la chose au travers des querelles internes (l'inintelligence, l'ambition, mère de trahison) et externes (les rivalités des ateliers locaux, les conflits avec la Grande Loge de France*).

En 1765, le Foix-infanterie tient garnison à Bordeaux: fondation de la loge Josué qui continue et inaugure quelquefois éponyme du régime entier, pépinière d'Élus coëns., dont Louis-Claude de Saint-Martin*. En 1766-1767, à Paris (il y retournera en février-avril et en août-octobre 1771), Martines recrute de bons sujets et établit le tribunal souverain de son rite qui devient un ordre. Le reliquat de a maçonnerie sera réputé apocryphe Toute la question est: déviation ou retour aux sources ?

La « chose » c'est l'Ordre *, parce qu'il fait avec la chose et dans la chose, et cette chose-là désigne a présence divine, Sophia ou Shekhinah, l'aspect communicatif du Réparateur Jésus-Christ; la chose, c'est donc encore le cérémonial de forme théurgique et lié à une haute spiritualité, analysé en de nombreux rituels et instructions retrouvés, qui, grâce aux anges et contre les démons, avec l`assistance permanente ce I esprit bon compagnon assigné à chacun réalise cette présence et l'emploie pour la réconciliation personnelle dans la sphère surcéleste et la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine pour reprendre le titre du Traité composé sous inspiration et sur instruction par Martines avec l'aide de secrétaires, notamment Fournié et Saint Martin
Inédit jusqu'en 1899; première édition authentique en 1995; une version originale de celui-ci est publiée en 1974-1995
L'anéantissement de la matière temporeLle, irréelle sinon illusoire, va de pair
Lors des opérations réussies, notamment à la lune de chaque équinoxe, des « passes » font signe aux sens


De son père Martines ne revendiquait pas qu'un héritage maçonnique. Les propos de Martines à Toulouse évoquent des thèmes de L'écossisme, et la maçonnerie de Martines paraît y ressortir. Si la légitimité maçonnique de Martines s'étaye d'une patente stuardiste de 1738, il se réclame, en 1763 de la protection du roi George 111 et il correspond avec une Grande Loge de Londres, mais laquelle ? En l'état, l'authenticité de ses titres —faut-il dire obédientiels?—est relative, à quelque degré entre un Charles Édouard Grand Maître, nonobstant ses dénégations, et un escroc intellectuel et financier au petit pied. (Martines ne répond pas à ce;te image.)

L'extraordinaire complexité, en effet, avant er après Culloden (1746), de la situation maçonnique et de la politique britannique corrélative en France, qui retentit en Angleterre, en Écosse et en Irlande*, l'énigme s'aggravant de l'écossisme ! Mais Martines déborde l'écossisme commun, voire la franc-maçonnerie.
M-16.JPG (153K)
En tout cas Martines de Pasqually père avait ordonné son fils ministre du culte primitif, ésotériquement fondé en judaïsme, en christianisme et en islam. Et voilà le second héritage de Martines, qu'il s'efforça de transmettre, en mode initiatique, sous le couvert de la franc-maçonnerie. Une confidence intime: « Depuis les ignominies de mon cher Bonnichon, en 1768, je me suis mieux découvert. »

Les sources de la théorie et de la liturgie martinésiennes nous échappent dans l'ignorance de sa culture familiale. Il parlait de l'orient; j'ai identifié, à commencer par le midrach intitulé Trinité le judéo-christianisme dont l'islam est issu. Mais en connut-il les textes fondateurs « la tradition ininterrompue, notamment, non pas exclusivement, au pays des trois religions ? les dérivés dans l'occultisme occidental (où d'ailleurs l'écossisme puisa) ? L'homme est homme-Dieu, parce que Dieu l'a émané; il est pensée de Dieu, non point pensée-Dieu. Le Christ est homme-Dieu et divin, infiniment supérieur aux manifestations antérieures du prophète récurrent.

L'homme déchu, après son crime, a changé de forme. A changement de forme changement d'opération; exactement le 1( changement des lois cérémonielles d'opération de la création générale et particulière ». en la théurgie des Élus coëns.

Chrétiens par essence, l'homme et l'ordre dogmatique, Martines professa et exigea que ses « émules>, professent le catholicisme romain, faute de mieux.

Jean-Baptiste Willermoz a instillé la théosophie spéculative des Élus coëns dans le Régime Écossais Rectifié* la bienfaisance y tient lieu de théurgie rituelle. Les chrétiens seuls y sont admis quelle que soit leur confession.

La doctrine de la réintégration oued qu'en soit le moyen, constitue, pour ainsi dire, le martinisme originel; rien de martiniste n'y est tout à lait étranger.

« Simple dépositaire de la chose », tel se voulut Martines; en dépit de ses faiblesses de caractère la bonté de son coeur et la sincérité de son âme sont manifestes; sa science aussi. Et son rôle éminent. selon Franz von Baader: « Si donc le christianisme, dans la force de sa prime manifestation. a rendu muette la magie du paganisme et du judaïsme, la réapparition de cette magie, même si elle r e s'est lait que peu remarquer, ne peut être attribuée qu a l'affaiblissement du christianisme, et être considérée comme le réactif nécessaire à une nouvelle et plus puissante manifestation. "

Martines meurt à Port-au-Prince âgé c'environ 64 ans, le 20 septembre 1774 inhumé le 21. I1 laisse une veuve, Marguerite-Angélique (de) Collas (de Saint-Michel) (1733 ?-1813), nièce d'un major du Foix-infanterie, Pierre Collas (1709-1763) qu'il avait épousée, peut-être veuf lui même, le 27 août 1767, et un fils de six ans, successeur espéré et ordonné, Jean Anselme. mort en 1830 ou après. Un fils puîné, du 31 mai 177], était mort le 10 mars 1773. Sur son acte de baptême Jean-Anselme, porte le nom de La Tour de Lacase: il le gardera avec de minimes variantes orthographiques. Son père, soi-disant Martines de Pasqually, s en servira de même que son propre père (le frère de celui-ci sera dit Pasqually) ainsi que du nom de Livron; le tout en mainte combinaison et une orthographe légère ment différente. Rare, le prénom est tantôt Jacques tantôt Joachirn, tantôt L'un et l'autre.

R. A.


MARTINEZ BARRIO
Diego (Seville 1883-Paris, 1962) Diego Martinez Barrio fut, après Morayta*, le maçon le plus emblématique du Grand Orient Espagnol au XXe siècle. Leader indiscutable de la Maçonnerie andalouse dans les années 1920 et Grand Maître du Grand Orient Espagnol sous la l]e République, il devient l'un des hommes politiques les plus brillants de l'Espagne* pré-franquiste.

D'origine humble (il est fils d'un maçon et d'une petite commerçant:e), orphelin de mère à 11 ans à peine, il a dès sa jeunesSe des relations avec le mouvement anarchistes et il fait ses premières expériences oratoires dans divers meetings mais, en 1905, il entre dans le mouvement Jeunesse républicaine de Lerroux. Il devient l'un des dirigeants du radicalisme à Séville; il prend alors contact avec quelques frères. C'est en 1938 à 25 ans, qu'il est initié dans la loge Fe 261 (Fol 261) dans cette ville. Il prend d'abord le nom symbolique de Justicia mais, en 1912, il le change de façon significative pour celui de Vergniaud. Entretemps, il a connu son premier triomphe politique, en 191(1 il est élu conseiller républicain à Séville et reste aL conseil municipal jusqu'en 1913. Il parvient alors à fonder l'hebdomadaire radical-autonomiste El Pueblo .

Entre 1913 et 1921, il consacre surtout ses efforts à la maçonnerie en essayant d'unifier une maçonnerie sévillane bien divisée. Ses travaux au sein ,des loges Germinal 306 (1912), Isis 350 (dont il est vénérable* en 1914 et 1915) et Isis et Osiris 377 {où il occupe la même fonction entre 1915 et 1920) sont très fructueux et se caractérisent par la proposition 'un programme d'intervention de la maçonnerie dans la vie sociale «afin d'imprégner celle-ci de ses doctrines et d'offrir aux groupes de gauche sans orientation, une voie et une discipline qui leur permettent d'inspirer confiance à l'opinion publique ». Sous sa direction Isis et Osiris voit grossir ses effectifs; Là loge regroupe l'état-major du Parti républicain radical de Séville. En 1920 il est élu conseiller municipal dans sa ville natale avec quatre autres maçons d'lsis et Osiris. Il quitte cette fonction lors de l'arrivée de Primo de Rivera et devient le leader indiscutable du républicanisme andalou.

Il occupe en 1930 la présidence du conseil municipal central du Parti républicain radical et celle de la Réunion républicaine. Parallèlement, il est élu Grand Maître de la Grande Loge Régionale du Midi en 1922. Un sens politique aigu lui fait jouer un rôle politique majeur en faveur de la réforme fédératrice de l'obédience* Son action comme Grand Maître Régional favorise l'affiliation de nombre de militants socialistes, syndicalistes et démocrates: il réalise son objectif de transformer la maçonnerie en une sorte de « refuge où viendraient tous les hommes libres aimant le progrès et la liberté ».

Son oeuvre réformiste maçonnique s'accompagne d'une activité remarquable: il s'affilie à différentes loges, passe d'lsis et Osiris à Trabajo, puis de celle ci a Occidente, et enfin à Espario y Trabajo

et cela influe sur la revitalisation du républicanisme radical en Andalousie
Il devient le second homme du Parti républicain radical et atteint le sommet de sa carrière sous la IIe République
Après avoir participé au Pacte de Saint-Sébastien et s'être exilé à Paris après l'échec des soulèvements de Jaca et Cuatro Vientos contre les Bourbons, il rentre triomphalement en Espagne et occupe le ministère des Communications, Postes et Télégraphes entre avril 1931 et septembre 1933 dans le nouveau gouvernement républicain
Plus tard, il devient ministre de la Guerre et de l'Intérieur à deux reprises
Devenu le chef de la minorité parlementaire radicale, il est chargé par Alcalà Zamora de former un nouveau cabinet et préside les élections générales de novembre 1933
Quelques mois plus tard, il rompt avec Lerroux à cause du virage à droite du Parti républicain radical et fonde l'Union républicaine


En qualité de principal dirigeant de la nouvelle formation, il est élu président des Cortes quand triomphe le Frente Popular (1936). Lorsque Alcala Zamora est destitué il occupe en avril et mai par intérim la fonction de président de la République. Le 18 juillet, sur la recommandation de Azana, il tente de former un gouvernement de concentration nationale pour éviter la guerre. Pendant la Guerre civile il continue à exercer les fonctions de président des Cortes et du Bureau de recrutement. Parallèlement, il a été élu le plus haut dignitaire de la maçonnerie lors des élections de 1931. Néanmoins, la période rend sa Grande Maîtrise difficile.

Rejetant la thèse des frères qui souhaitaient une intervention directe du Grand Orient Espagnol dans la vie politique de la République, il soutient une politique de neutralité institutionnelle et de « détachement » de toute tendance politique. Malgré les hostilités suscitées par ses positions il est réélu à la Grande Maîtrise en 1933 mais, en 1934, il doit démissionner après sa séparation d'avec le Parti républicain radical.

À la fin de la Guerre civile il gagne le Mexique et y exerce la fonction de président de la République espagnole en exil de 1945 à 1962
En 1941, le Tribunal de répression de la maçonnerie et du communisme* l'a condamné à 30 ans de réclusion et d'inhabilité absolue et permanente


mais il se trouve alors au Mexique où il poursuit ses activités maçonniques
Il est membre du Suprême Conseil du 33° pour l'Espagne et ses dépendances
Le franquisme ne l'aura donc pas empêché de brandir fièrement le drapeau maçonnique espagnol


P.A.


MARTINISME
M-17.JPG (44K) Le martinisme occupe une place de choix parmi les sociétés initiatiques depuis le siècle des Lumières*. On essaiera ici successivement de définir le martinisme, la présentation des influences qu'il a exercées tout au long du XIXe siècle, puis son cheminement contemporain à travers la constitution et l'évolution complexe d'un « Ordre » aux nombreuses ramifications.

Pur martinisme et martinisme mixte —« La seule initiation que je prêche et que je cherche de toute l'ardeur de mon âme est celle par où nous pouvons entrer dans le coeur de Dieu et faire entrer le coeur de Dieu en nous, pour y faire un mariage indissoluble, qui nous rend l'ami, le frère et l'épouse de notre divin Réparateur. Il n'y a d'autre mystère pour arriver à cette sainte initiation que de nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs de notre être et de ne pas lâcher prise, que nous ne soyons parvenus à en sentir la vivante et vivifiante racine, parce qu'a lors tous les fruits que nous devrons porter selon notre espèce se produiront naturellement en nous et hors de nous, comme nous voyons que cela arrive à nos arbres terrestres, parce qu'ils sont adhérents à leur racine particulière et qu'ils ne cessent pas d'en pomper les sucs » (à Kirchberger, 19 juin 1797).

Tel est le christianisme ésotérique de Saint-Martin*, le martinisme. Cependant, des recherches et des méditations de l'homme-esprit est issue « une science qui unit tout ce que la fausse science divise et vivifie tout ce qu'elle tue, assigne à chaque chose une raison perpétuellement agissante; à chaque être sans en excepter Dieu son pourquoi, son comment, et la mesure et le nombre de sa réalité. Elle manifeste du monde sa destinée apprend à l'homme son histoire secrète et s'élève graduellement jusqu'à celui par qui tout est. et sans lequel il est absolument impossible de rien connaître et de rien expliquer» (Le Propagateur, 16 germinal an Vll [5 avril 1799]).

Quelques jours avant sa mort, Saint-Martin posait la question de la pratique et de la transmission de sa science et de son ascèse et auparavant, par deux fois, il avait mentionné lui-même le terme de « martinistes ». En 1792, le 25 juillet c'est au sujet des Russes: « Leur impératrice Catherine il a jugé à propos de composer deux comédies contre les martinistes dont elle avait pris ombrage. Ces comédies ne firent que renforcer la secte. Si les satires dramatiques visent Cagliostro*. l'amalgame est possible et cela atténue l'impropriété de "martinistes".» L'évêque de Moscou, consulté, lui rendit « le compte le plus avantageux et le plus tranquillisant » du Livre des erreurs et de la vérité La seconde mention date du 5 août 1798: des martinistes français attribuent à Saint-Martin un « petit traité », l'« arrangement écossais » et quelques productions du même genre.

Saint-Martin s'exprime en des termes railleurs: « Je ne songe point à blâmer ces martinistes; n`est ce pas le destin des livres de devenir la proie des lecteurs ? Mais je suis étonné de ce que vous m'ayez jugé assez infatué de mon faible mérite pour que j'aie pu donner mon nom à mon ancienne école ou à aucune autre... " La « secte » des martinistes russes est en fait un ensemble inorganisé d adeptes de la même doctrine et, dans les deux cas, ces martinistes de désir, enflammés par Le Livre des erreurs et de la vérité (1775), dévient du coeur de Saint-Martin qui avait officié parmi les Élus coëns*, et s'étaient mis à l`école de I Agent inconnu, en remplissant sa condition ,d appartenir au Saint Ordre, du Régime Écossais Rectifié*. Celui-ci prit garde de ne fonder aucun Ordre ou de ne conférer aucune initiation rituelle de son cru. Les martinistes de Saint-Martin ne peuvent donc se rattacher à lui qu'en esprit, et son idéal exclut toute compromission, du moins en tant qu'idéal réalisé. Mais un chemin mène à l`idéal et des martinistes en marche peuvent avoir besoin de soutiens.

A côté de ce « martinisme pur » existe un « martinisme mixte » que Joseph de Maistre* définit avec approximation: « C'est ce que certains Allemands ont appelé le christianisme transcendantal. Cette doctrine est un mélange de platonisme, d'origénianisme et de philosophie hermétique, sur une base chrétienne » (Les Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821, XIe entretien). Ainsi Joseph de Maistre définit avec approximation le dogme des bons illuminés, dont est Saint-Martin, et celui du Régime Écossais Rectifié de Jean-Baptiste Willermoz*, que celui-ci a importé des Elus coëns. Saint-Martin devait à Martines de Pasqually* la doctrine de la réintégration et passait pour le porte-parole des Élus coëns et de la Stricte Observance Templière* que Willermoz avait rectifiée une seconde fois.

La quasi-homophonie des noms propres aidant, le mot « martinisme » s'étendit donc aux deux établissements de même dogme que le théosophe d'Amboise. Nolens volens, Saint-Martin et Willermoz avaient conçu Le Livre des erreurs et de la vérité comme un manifeste de l'Ordre des coëns et, à l'origine du martinisme, se trouve le martinisme de Martines.

En 1778, Saint-Martin tenta de martiniser, à sa façon, les émules de Versailles, qui résistèrent. Le temple de Toulouse se prêta mieux, car il y avait autorité et à la lecture du Traite sur la réintégration, aux rituels et aux instructions, et les frères et la soeur joignirent la Bible* et l'ímitation de Jésus-Christ.

Selon Saint-Martin les heureux effets dans l'ordre de l'esprit des « établissements et sociétés philosophiques, maçonniques et autres » (Mon livre vert, n° 859) ne tiennent pas à leurs formes mais, si le martinisme pousse à s'en défaire, les étapes reconnues nécessaires par Saint-Martin lui-même conduisent à les accepter. Au demeurant tout élu coën, tout chevalier bienfaisant, tout franc-maçon, tout homme reste libre de conserver son estime et sa fidélité aux établissements surtout apparentés, quitte à le martiniser, à y forcer du Saint Martin. Un grand nombre ont exercé hier et exercent aujourd'hui ce droit, avantageusement. La seule réserve à l'avantage est de ne pas tout confondre et surtout de ne pas conformer le martinisme de Saint Martin, auquel on emprunte sur le lit de Procuste des formes qu'il combat.

Influences au XIXe siècle.—Au XIXe siècle, on retrouve ces martinistes parmi ces Chevaliers Bienfaisants"ces Grands Profès, quelques-uns vieux Elus coëns retournés à Martines, inspirés de Saint-Martin en Alsace, dans l'école du Nord* de Christian de Hesse et à Francfort où un chapitre* travailla de 1827 à 1835 autour de Johann Friedrich von Meyer avec plusieurs profanes reçus, en parfaite légitimité, dans le Saint Ordre.

Vrais martinistes sont les frères de l'atelier genevois de L'union des Coeurs. Peschier, Aubanel Moulinié, Bourdillon entretiennent le piétisme du premier réveil et le martinisme de Saint-Martin au sein de cette loge rectifiée le 23 août 1811 par le vétéran Raymond, de Besançon, et ils en vivent. À Zurich le dépôt par le même des archives de la 5e Province exsangue stimule le zèle de ceux que l'on appelle les Verts.

Le sont aussi les Grands Profès choisis dans L'Union des Coeurs, dans le Collège métropolitain de Genève (succédant à celui de Lyon* en 1830) jamais abrogé ni secondé. Ainsi les frères du Centre des Amis* qui tentent un réveil méconnu à Paris en 1839-1842, et ceux qui y réussirent en 1910 1913.

Le martinisme est aussi l'une des sources du romantisme allemand: les traducteurs (Claudius, Schubert, Eck), Jacobi qui rendit visite à Saint-Martin en 1802, Franz von Baader, Hegel et les post-hégéliens puisent a ce courant.

Le groupe de Coppet (Benjamin Constant, Chateaubriand et A.-W. von Schiegel conviés par Mme de Staël), les slavophiles (Vladimir Soloviev en tete), les ré inventeurs de Sophia s'insèrent dans ce courant. Dès 1812, le ministre et général comte Rostopchine demande à l'empereur Alexandre 1er de bannir les philosophes et les martinistes. On doit également citer Joseph Gilbert, héritier des manuscrits de Saint-Martin, Léon Chauvin, qui publiera Des nombres en 1843. Jean-Jacques Bernard porte Saint-Martin au pinacle (Opuscules théosophique 1822), et veut sauver le chevalier P.-J. d'Arson de la mainmise d'Hoëné Wronski, en 1818 au nom du martinisme. Quant à Balzac il délivre du martinisme parfois sous couvert de swedenborgisme (ouvertement avec Le Lys dans la vallée 1835).

L'École de Lyon (17761847), distinguée par Joseph Buche (1935), martinise: Ballanche, André-Marie Ampère, Blanc de Saint-Bonnet, Laprade, Cl.-Julien Bredin, le peintre Chenavard... et l'abbé Lacuria prêtre initié, retrouve Les Harmonies de l'être expliquées par les nombres (1844), et Victor Hugo ne se cache pas meme dans son oeuvre de connaître et d'aimer Saint-Martin. Vigny en offre des réminiscences et, dans Jocelyn (1836) et La Chute d'un ange (1838), Lamartine* permet à une personne singulière non seulement de se réconcilier mais par impossible, de se réconcilier seule dans les Recueillements poétiques (1839), l'homme célèbre le culte universel comme prêtre de la nature. Ces thèmes viennent par le truchement de Saint-Martin à un martiniste de fortune.

A travers tout le mouvement du romantisme, Léon Cellier discerne, comme un ressort fréquent le ternaire classique mais qualifié de manière saint-martinienne: chute, expiation, réhabilitation.

Sainte Beuve incline aussi au martinisme dans les deux « Lundis » (1854) critiques qu'il consacre au Philosophe inconnu. Il y cède dans son roman Volupte (1834) Son ami Jean-Ferdinand Denis embrasse, étouffe Saint-Martin dans un Tableau (1842) médiocre, mais qui fait date.Les Paroles d 'un croyant (1834), proférées par Lamennais, se déploient à l'allure de L'Homme de désir.

Mickiewicz enseigne Saint-Martin, le martinisme et Böhme au Collège de France ( I 840 1841). Towianski qui l'embauche et le messianisme polonais dans son entier sont imbus de Saint-Martin. Henri Martin. Louis Blanc, les quarante huitards, généralement « les illumines socialistes " (Viatte): Leroux, Reynaud, Juste Muiron, Charlés Fourier au premier chef. Parmi les « théocrates et démagogues » (Viatte) citons Éliphas Lévi (1816-1875) « rénovateur de l'occultisme » (Paul Chacornac).

Pourtant, le premier Larousse (1866 1876) ne dit rien des martinistes: il est vrai que l'on a fait mieux, en matière de philosophie politique, que l'oeuvre de Saint-Martin qui ressemble fâcheusement à l'Apocalypse.

Avec l'aide un peu contrainte des Grands Profès d'Helvétie Jacques Matter rédige un Saint-Martin (1862) et Sainte Beuve et Adolphe Franck présentent la Correspondance inédite la même année avec Kirchberger. L'universitaire alsacien parent de F. R. Saltzmann, préface une réédition de Des nombres ....suivi de l 'Éclair (1861). Le comte d'Ourches va mettre à l'abri les manuscrits réservés du Philosophe inconnu, qui remontent à Gilbert, dont Matter n'a rien su tirer et qui attendront l'an 1978 pour revoir le jour. Mais, au XIXe siècle, il n'existe nulle chaîne rituelle, nulle société d'initiation.

Il faut attendre le XXe siècle pour voir se formaliser celles ci. L'Ordre martiniste, au risque,des formes. Deux occultistes de la Belle Époque, Gérard Encausse (1865-1916), dit Papus* et Augustin Chaboseau (1868 1946) se persuadent et persuadent beaucoup dans leur milieu d'avoir l'un et l'autre, selon deux généalogies différentes, reçu une initiation*, quelque influx émané du Philosophe inconnu, alors qu'il s'agissait, au départ et au mieux, d'une ouverture informelle au martinisme.

L'impossible filiation de Papus soi-disant initié en 1882 (le journal intime de ses 17 ans n'en souffle mot) comprend le Chaptal, Henri Delaage (âgé de 7 ans à la mort de Chaptal: un chaînon fictif manque donc) avec son legs de deux lettres et quelques points. S et I viennent de la Stricte Observance Templière* (Supérieur Inconnu), de Martines (Souverain Juge) et de Saint-Martin (Société des Indépendants), plus haut de Khunrath (le serpent sur la croix); les six points sont chez Saint Martin (Des nombres, § 20), dans la figure qualifiée pantacle par Papus. Aussi impossible la généalogie de Chaboseau, soi disant initié en 1886: abbé de La Noue Antoine-Marie Hennequin, Henri de La touche, Adolphe Desbarolles Amélie de Boisse-Mortemart, sa parente.

D'après une note d'Augustin Chaboseau, résumée par Jean Chaboseau, .« il s'agissait unique ment de la transmission orale d'un enseignement particulier et d'une certaine compréhension des lois de l'Univers et de la vie spirituelle, ce qui, en aucun cas, ne saurait être considéré comme une initiation à forme rituélique ». Philippe Encausse rappelle un échange d'initiations, des la rencontre des deux prétendus initiés, en 1888 mais, dans une autre note autographe, Chaboseau se vante d'avoir initié Papus cette meme année. Or d'initiation à échanger ou à donner il n'y en avait pas qui remontât en deçà des deux initiateurs.

Papus procède aux premières initiations* en 1884-1885, fonde la première loge à la fin de 1887, puis un Ordre martiniste avec des cahiers en 1887-1890
En 1891 est constitué un Suprême Conseil de douze membres: Papus, président, Augustin Chaboseau, Stanislas de Guaita, Barlet, Maurice Barrès (après son retrait, Emmanuel Lalande-Marc Haven), Chamuel, Julien Lejay, Montière, Joséphin Péladan* (après son retrait, Victor-Emile Michelet) Paul Adam, Burget, Yvon Le Loup Sédir
En 1893, Papus a été mis en possession, à Lyon*, de la plupart des archives de Willermoz* et l'événement prit à sesyeux une valeur initiatique pour le moins exagérée
L'Ordre martiniste ne comprend qu'un degré*, puis trois, puis quatre; plus un degré de Rose-Croix* martiniste, attesté par Georges Loiselle, en rappel du Réau-Croix de Martines; plus trois degrés supplémentaires doublés par les trois grades de l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix et conférés par Humanidad, la prestigieuse loge martiniste et vivier du Rite de Memphis Misraïm


Le Groupe indépendant d'études ésotériques, fondé en 1889 servira d'anti chambre à l'Ordre martiniste qui, de son coté, recrute l'Hermetic Brotherhood of Light anglo-américaine, avec une branche française dirigée par Barlet, puis l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix sous la Grande Maîtrise de Guaita. L'Église gnostique passe à tort pour l'Église officielle de l'Ordre, mais un traité les accorde, en 1911, et est renouvelé. L'Ordre martiniste se rapproche puis s'éloigne de l'Ordre du Lys et de l'Aigle, fondé en 1914-1915, par Maria Routchine-Dupré, dite Déa, assistée de Dimitri Sémélas-Déon; Georges Lagrèze, initié Rose Croix d'Orient par Déon, a initié Papus en cette qualité, mais Dupré successeur français de Sémélas finit par constituer son propre groupe martiniste.

Le frère belge Édouard Blitz, qui représente l'Ordre martiniste aux États-Unis devenu rétif dès 1902, vole de ses propres ailes. Papus le remplace alors par Margaret B. Peeke, Rose-Croix martiniste elle aussi. Chassé croisé: Blitz désigne un représentant qui est un proche compagnon de Papus. C'est Charles Détré (1855-1918) dit Téder. Téder adapte en français le Rituel de Blitz, avant de succéder comme Grand Maître de l'Ordre martiniste à Papus, en 1916. La succession est contestée par plusieurs frères. En fait, Papus semble avoir souhaité que Loiselle dissolût l'Ordre martiniste. C'est le contraire qui advient. Victor Blanchard attend 1917 pour quitter l'Ordre et, le 3 novembre 1920, il dépose les statuts d'une Union générale des martinistes et des synarchistes, ésotériquement sous-titré Ordre martiniste et synarchique.

En 1953, il meurt et lui succède Édouard Bertholet; à la mort de ce dernier, en 1965, le Franco-Britannique L. B. devient souverain délégué général. L'Ordre martiniste et synarchique se cantonne alors en terres anglophones, avant de se réimplanter en France avec une loge en 1975 puis en tant que Tradition martiniste—Ordre martiniste et synarchique français (1995) Grand Maître Sâr Gabriel.

À Téder succède, en 1918, non point sans un regain de contestation, Jean, dit Joanny Bricaud (1881-1934). Désormais, l'Ordre martiniste, dit de Lyon exige des candidats la maîtrise maçonnique et interdit l'Ordre aux femmes*. Il revendique par l'effet d'une méprise sur la grande profession, une filiation coën, et tente de rétablir l'ordre de Martines, curieusement matiné de papusianisme.

En réaction différée, trois anciens membres du Suprême Conseil de Papus Augustin Chaboseau Victor-Émile Michelet et Lucien Chamuel décident, en 1931 de fonder l'Ordre martiniste traditionnel. C'est Augustin Chaboseau qui est élu Grand Maître (il préfère le titre de président) mais il s'efface, en avril 1932, devant Michelet, il lui succédera après sa mort, en 1938.

Pendant l'Occupation, à Paris, des martinistes « sans attache obédientielle », travaillent de décembre 1940 à la Libération, autour de Robert Ambelain. Constant Chevillon successeur réformateur du défunt Bricaud, en 1934, est martyrisé en 1944. En juin 1945, Chaboseau, surmontant ses réticences accepte de réveiller l'Ordre martiniste traditionnel en septembre. Il meurt le 2 janvier 1946 et son fils Jean lui succède en dépit d'une forte opposition au sein du Suprême Conseil. Bientôt convaincu que tout Ordre martiniste est illégitime faute de filiation rituelle, Jean Chaboseau, par une lettre explicative de septembre 1947, démissionne.

Parmi les adversaires de Jean Chaboseau Jules Boucher, ancien Grand Secrétaire de l'Ordre martiniste traditionnel, fonde, en 1948, l'Ordre martiniste rectifié, au grade unique de Sage Initié. L'Ordre martiniste rectifié fait long feu, bien avant que son fondateur ne quitte ce monde en 1955.

Une charte constitutive avait été accordée à Spencer Lewis, imperator de l'Ordre rosicrucien AMORC, et d'une autre au fils et successeur de ce dernier, Ralph Lewis, en 1939, pour l'Amérique du Nord par L'Ordre Martiniste Traditionnel. De puis 1966 la branche a essaimé des États Unis en France où elle continue de voisiner avec l'AMORC. À une scission de P.C. en 1980, répond l'Ordre des chevaliers martinistes.

De son côté, Philippe Encausse (1906-1984) opère, en 1952, la renaissance de l'Ordre martiniste de Papus, son pere. Celui-ci l'avait selon une confidence de Philippe, consacré, enfant, à cette fin. Charles-Henry Dupont, successeur de Chevillon, se démet brièvement, en 1946, au profit de Pierre Debeauvais et, le 13 août 1960 il abdique définitivement en faveur de Philippe Encausse, qui se trouve investi d'une double légitimité papusienne. Irénée Séguret assure un intérim de 1971 à 1974 puis Philippe Encausse transmet sa charge, le 27 octobre 1979, à Emilio Lorenzo.

De pLus en 1983 un désaccord avec l'orientation de l'Ordre martiniste détacha un Ordre martiniste libre. D'avec celui ci, fait schisme un Ordre martiniste S. 1., lequel concède, en 1996, l'autonomie à un Ordre martiniste du Canada.

Après avoir rompu l'unification de 1962 (qui améliorait une union de 1958) entre l'Ordre des Élus coëns et l'Ordre martiniste de Philippe Encausse, Robert Ambelain institue, en 1968, un Ordre martiniste initiatique. Cet ordre s'étaye d'une supposée filiation russe. En 1984, Ambelain devient président d'honneur de l'Ordre Martiniste Initiatique et G. K. Grand Maître.

De petits ordres martinistes foisonnent et, libre et discret, Armand Toussaint a fondé, en 1971, l'ordre martiniste des chevaliers du Christ en Belgique.

La nébuleuse martiniste n'a pas évolué dans l'isolement. Des 1914, Papus avait souhaité établir avec Le Centre des Amis d'Édouard de Ribaucourt un protocole d'équivalence des grades martinistes et des grades écossais rectifiés, en vain. Après Papus, Téder et Bricaud qui avaient collaboré à l'affaire obtinrent en 1917 que les membres du Régime Écossais Rectifié fussent autorisés à fréquenter les loges martinistes, tenues pour des chapitres de hauts grades* congénères et qu'une loge maçonnique fût constituée sous l'obédience* de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière de 1913. Installée en 1917 avec le concourS inattendu de martinistes du Rite National Espagnol, elle disparut un an plus tard. Des martinistes francs-maçons réveillèrent aussi la France, en 1961, sous l'obédience de la Grande Loge Nationale Française-Opéra* mais, depuis 1973, elle a délaissé sa spécificité martiniste. A l' initiative de Philippe Encausse, un Grand Prieuré martiniste du Rite Écossais Rectifié fonctionna dans les années 60.

Y a-t-il un Ordre martiniste essentiel ? Le débat est ouvert
Deux partis extrêmes s'offrent à u l Ordre prétendu martiniste: défier l'histoire dénaturer les doctrines et tout embrouiller ou bien rejeter l'idée même d'ordre martiniste et suivre la voie martiniste, telle que Saint-Martin l'a repérée
Entre ces extrêmes, il y a deux solutions impliquant l'oubli d'une pseudo-filiation: soit supprimer jusqu'à la limite du dépouillement les formes de l'Ordre martiniste, y compris les pseudo-filiations, et le placer, hormis ces formes rudimentaires, sous l'autorité du Philosophe inconnu; soit épurer avec prudence les formes que Papus imagina pour l'Ordre martiniste primordial, revenir à sa simplicité primitive et creuser la définition que son fondateur ne modifia jamais: une chevalerie chrétienne et une école d'occultisme, sous le patronage paradoxal mais efficace que son titre, inspiré plutôt que délibéré, lui impose.

R. A.