LA FAYETTE
LA TIERCE
LABRIOLA
LAÏCITÉ
LALANDE
LAMARTINE
LANDMARK
LAUTARO
LA FAYETTE
Gilbert Motier, marquis de (Paris, 1757 1834) Né d'une famille de vieille noblesse*, admis aux Mousquetaires noirs en 1771, La Fayette hérite de l'immense fortune du comte de La Rivière avant d'épouser Adrienne de Noailles en 1774.
C'est à ce moment au contact de I abbé Raynal et de sa famille qu'il s'adonne à des activités maçonniques.
Son oncle, le comte de Ségur, est vénérable* de La Candeur* où il apparaît, même s'il fut peutêtre initié antérieurement selon Pierre Chevallier dans une loge militaire messine.
Sa présence comme visiteur est attestée lors de l'allumage des feux de cette loge le 25 décembre 1775.
Très lié à Franklin*, il arme à ses frais la frégate La Victoire.
Hostile à ses idées son beaupère tente de le faire embastiller.
Mais il s'enfuit à Philadelphie afin de convaincre les Américains de l'accepter à leurs côtés et fréquente un atelier de cette ville où passa également Miranda*.
En 1777, le Congrès américain le nomme majorgénéral.
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sans solde ni commandement.
Il participe aux combats et, à son retour en France, il est reçu comme le « héros des deux mondes ».
Il est promu maréchal de France.
Resté en relation avec les milieux maçonniques en Amérique, il s'affilie encore, le 24 juin 1782, à la loge SaintJean d 'Écosse du Contrat Social à l' initiative de Jean Charles Adolphe Grant baron de Blairfindy.
Cependant, il n'acquitte pas ses devoirs et « disparaît » des registres en 178;4 quand la mort emporte Grant.
Cette année là, il reçoit la citoyenneté américaine.
Après un troisième voyage triomphal en Amérique, de retour en France, il se déclare un adversaire de l'esclavage des Noirs*.
Il est appelé à l'Assemblée des notables en 1787 pour discuter des réformes où il défend surtout les intérêts protestants, dénonce les pratiques des fermiers généraux et réclame la convocation d'une assemblée nationale.
Détesté par Marie Antoinette, il est destitué de son grade de major général.
Député « libéral» de la noblesse, il propose le 11 juillet une Déclaration européenne des droits de l'homme et du citoyen.
Vice président de la Constituante, il conduit à Paris une délégation afin de féliciter la Ville pour la prise de la Bastille.
Il en ordonne la démolition et envoie les clés à Washington*.
Placé à la tête de ce qui ne tarde guère à devenir la Garde nationale, il se pose en homme de la réconciliation entre le roi et la Nation.
Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération est son « triomphe français » prononce au nom des 250 000 fédérés le serment de fidélité à la Nation, au roi et à la loi.
Mirabeau* lui propose une alliance qu'il refuse alors que Talleyrand qui le « sonde », le trouve « vide d'esprit et de décision ».
La fusillade du Champ de Mars (17 juillet 1791) lui fait perdre définitivement une popularité déjà entamée par la nouvelle des châtiments ordonnés contre la garnison de Nancy.
Quittant les Jacobins pour aller fonder avec Barnave le Club des Feuillants, il pousse le roi vers la guerre, puis quitte l'armée du Nord qu'il commande pour se présenter à la barre de l'Assemblée afin de condamner la journée du 20 juin 1792.
Après le 10 août, il proteste contre la déchéance du roi et est décrété d'arrestation il passe dans le camp des Autrichiens qui le retiennent prisonnier jusqu 'en 1797.
Radié de la liste des émigrés en 1800, il refuse toute fonction officielle sous l'Empire* et vit dans son château de la Grange Bléneau en Brie.
C'est là qu'il retrouve ses activités francmaçonnes.
En effet, en 1806, il est élu vénérable* des Amis de l'Humanité de Rozoy en Brie.
Alors propriétaire, il transmet le flambeau à son fils George Washington qui sera honoré avec son père lorsque, la Restauration venue, « le marquis » deviendra la figure de proue d'une maçonnerie convertie au libéralisme* politique.
Député des Cent Jours ayant réclamé l'abdication de Napoléon après Waterloo, le retour des Bourbons en fait l'héritier et le symbole des idées de la Révolution française*.
Il s'implique rapidement dans la nébuleuse de sociétés politiques contes tant le régime en place dans laquelle s'insèrent les loges.
Député de la Sarthe en 1818, ses voyages en province sont le prétexte fréquent pour que les libéraux organisent des banquets.
Le 17 août 1820 on le voit ainsi recevoir Carriol et Joubert, les meneurs mandatés par les groupuscules opposants et les loges Les Amis de l'Armonque et Les Amis de la Vérité*.
Il fréquente les tenues* de cette dernière et s'engage dans la Charbonnerie* qu'il soutient et finance.
Battu en 1824, il profite de la défaite électorale pour effectuer un dernier voyage triomphal en Amérique.
À son retour, il est reçu triomphalement par la loge Le Parfait Silence, à Lyon, le 5 septembre 1829.
Les Trinosophes* le reçoit également à la fête de l'Ordre le 15 janvier 1830 avec son fils.
Les Trois Glorieuses entraînent un véritable ralliement de la maçonnerie autour de sa figure: Les Trois Jours éphémère loge du Suprême Conseil constituée dès 1830, l'agrège opportunément.
Il en devient vénérable d'honneur alors que le maillet est tenu par Laffitte.
En avril 1830 il accepte le titre de « Grand Maître d'honneur du Conseil des Grands Chevaliers Élus Chevaliers Kadosh* ".
Présent lors de la fête du 10 octobre 1830 organisée à l'hôtel de Ville, il est fêté le 16 de ce mois devant 500 maçons puis entre au Suprême Conseil le 21 novembre.
De retour au Parlement en 1830, il est la figure de proue du parti du Mouvement fortement maçonnisé.
Il reprend ses combats pour la liberté et continue de réclamer l'émancipation des Noirs et l'abolition de la peine de mort.
À 76 ans, en 1833, il était encore maçon et meme vénérable de sa loge de Rozoy.
Fidèle à son idéal de maçon jus qu'au bout, il meurt à Paris.
En mai 1834.
lors de ses obsèques, la loge La Rose du Parfait Silence* déploie sa bannière.
La longue carrière du marquis, assez peu consistante à la fin de l'Ancien Régime prit donc une réelle dimension idéologique durant les années noires de la Restauration.
C. L. B. et E. S
LA TIERCE
Louis François de (province de Brabant, 1699 Braunfels, 1782) Le nom de Louis François de La Tierce est attaché à un livre paru à Francfort en 1742 l'histoire Obligations et Statuts de la Trés Vénérable Confraternité des FrancsMaçons. qui a contribué à la diffusion des Constitutions* d'Anderson* (1723) et du Discours de Ramsay* (1733) sur le continent européen. Mais l'Histoire de La Tierce est bien plus qu'une traduction en langue française des Constitutions. Son auteur s'y fait le héraut d'une francmaconnerie cosmopolite humaniste artisan du progrès moral et scientifique de l'humanité, de la paix entre les nations et les confessions chrétiennes. Héritier de Leibniz et de l'abbé de Saint Pierre, auteur d'un célèbre Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713), La Tierce annonce Lessing dont les Dialogues pour des francs maçons insistent moins sur l'Ordre* en tant qu'organisation que sur son essence, n'hésitant pas à reconnaître comme franc maçon un non-initié qui en a les vertus. Par son parcours maçonnique et profane au cours des années 17301740, La Tierce fait figure de pionnier de la francmaçonnerie européenne.
De noblesse* militaire ancienne, Louis François de La Tierce dont la famille est originaire d'Arles est né dans la province de Brabant. Deux événements familiaux ont déterminé ses engagements futurs. Tout d'abord, La Tierce appartient à une famille acquise de longue date à la réforme calviniste. Lui-même élevé dans la foi protestante, il dénonce le fanatisme religieux et rapproche les chrétiens, par une commune appartenance à la francmaçonnerie. D'autre part la mort de son père à la bataille de Ramillies (1706) le convainc de la nécessité d'établir une paix solide en Europe, et de pousser les frères à se consacrer entièrement au rapprochement entre les peuples, indispensable préalable.
Ingénieur de formation, La Tierce est à Versailles en 1717.
De sa présentation à Pierre le Grand qui effectue son second voyage européen, naissent à la fois son admiration pour la Russie* et son attirance pour la carrière diplomatique, dans laquelle il s'engage au cours des années 1730.
Mais La Tierce quitte la France en 1724, ne pouvant espérer un emploi à sa mesure en raison de sa foi protestante.
Il séjourne en Hollande, puis se rend avant 1730 en Angleterre.
Il est précepteur, sans doute chez lord Stafford, fonction qu'il occupera plus tard en Allemagne.
La Tierce est incontestablement un homme de grande culture.
D'ailleurs, l'Histoire de la Vénérable Confraternité des FrancsMaçons qu'il commence alors à rédiger mobilise toutes les armes de l'érudition classique: philologie, histoire de l'Antiquité, littérature, histoire de l'art ou encore philosophie.
Mais sa formation d'ingénieur inscrit également La Tierce dans le courant des Lumières techniciennes.
Dans son Histoire, il met l'accent sur l' indispensable communication entre les hommes. Il n'y a pas de progrès sans commerce par delà les frontières, sans échange de connaissances. Et La Tierce d'imaginer déjà le percement du canal de Suez, d'évoquer l'union des Romains et des Sabines comme un véritable métissage culturel, avant d'appeler les francs maçons occidentaux à redécouvrir leurs frères de Chine ! Lui même est alors affilié à une loge* cosmopolite, la Loge Française de Londres, encore dénommée L'Union, fille de la Grande Loge de Londres.
Fondée par une majorité de Français mais largement ouverte aux étrangers de passage, cette loge regroupe nombre des pionniers de la francmaçonnerie en Europe. Aux cotés de La Tierce, on rencontre en effet Philipp Steinheil, futur pilier de l'Ordre à Francfort, Charles de Labelye Suisse d'origine française élève de Desaguliers* et fondateur de la première loge espagnole, Vincent La Chapelle, fondateur de la première loge authentiquement hollandaise en 1734, John Coustos, fondateur de loges à Paris et au Portugal rendu célèbre par ses démêlés avec l'inquisition* ou encore le baron Kettler, qui protégera de 1741 à 1762 les réunions d'écrivains francs maçons russes.
Peut être sont ce ces frères qui incitérent La Tierce à publier son Histoire. Toujours est il que la Loge Française de Londres lui donne son approbation. Pourtant en 1733 des « raisons particulières » dont nous ignorons tout en empêchent là publication. Finalement l'histoire sort des presses du célèbre éditeur franc maçon François Varentrapp en 1742.
Entre temps, La Tierce a clairement opté pour une carrière diplomatique et choisi de s'établir en Allemagne.
Il accompagne le baron Kettler à Berlin et se lie d'amitié avec plusieurs ambassadeurs prussiens.
En 1741 il est à Francfort où il retrouve de nombreuses connaissances rencontrées au cours de ses différents voyages.
La Tierce appartient à la suite du duc de Belle lsle chargé de représenter les intérêts français à l'occasion de l'élection du successeur de Charles VI à la tête du Saint Empire.
Franc maçon notoire, Belle lsle est le chef de file du courant anti autrichien à Versailles.
Conformément à ses vues, c'est le duc de Bavière et non François de Lorraine, époux de Marie Thérèse d'Autriche-- qui est élu le 24 janvier 1742 et couronné le 12 février.
L'intense activité diplomatique dont Francfort est le centre amène les différents ambassadeurs et leurs suites à se fréquenter en dehors des rencontres officielles en adhérant à l'Ordre.
Dès le début de l'année 1742, les travaux de la loge L'Union qui devait rapidement s'affirmer comme l'une des plus brillantes d'Allemagne, réunissent de nombreux diplomates.
La Tierce, second puis premier surveillant, y retrouve Philipp Steinheil, alors secrétaire de l'ambassade du roi de Pologne et vénérable* de l'atelier ainsi que le baron von Barckhausen dont La Tierce épousera une fille en 1742.
Pour obtenir des constitutions, La Tierce s'adresse tout naturellement à la Loge Française de Londres; celle ci transmet la requête à la Grande Loge de Londres, qui répond favorablement le 8 février 1743.
La loge qui a déjà accueilli le frère Uriot* et publié sa Lettre d un franc maçon à Mr de Vaux, décide de publier l'Histoire de La Tierce.
À la différence des Constitutions de 1723 l'ouvrage n'est pas réservé aux francs maçons.
Présenté au public dans un somptueux coffret, il apparaît comme un ouvrage d'érudition.
Mais, peu après cette publication, La Tierce voit l'élection impériale précipiter le vieux continent dans la guerre de Succession d'Autriche. Parallèlement, les interdictions s'abattent sur les francs maçons. La Tierce semble alors s'écarter de la vie maçonnique . Ses amis sollicitent pour lui un emploi de précepteur auprès du prince Friedrich Wilhelm von Solms Braunfels. Il sera ensuite intendant puis grand écuyer de la cour de Braunfels jusqu'à sa mort. Au cours de la guerre de Sept Ans, La Tierce, qui s'est remarié en 1758 avec Johanna von Reitzenstein, sert d'agent de liaison avec les troupes franc,aises qui occupent Braunfels. Il n'en continue pas moins à écrire.
En 1771, il rédige Le Triomphe de la Vertu, prosopopée dans laquelle le héros assiste en rêve à un débat entre les dieux à propos de la nature humaine et des différents moyens pour conduire l'humanité vers le meilleur des mondes possibles. La Tierce dénonce la guerre, l'intolérance, exalte la raison et justifie une sorte de féodalité vertueuse et harmonieuse où chacun aurait sa place à tenir. En 1773 parait Le Temple de la Gloire. long poème de 3000 alexandrins dédié à Catherine il dans lequel il place désormais tous ses espoirs. Dans la lignée de Leibniz, La Tierce appelle à l'union des chrétiens que cimentera la lutte contre les Turcs et l'islam, qu'il considère comme une religion fanatique. Il meurt à Braunfels en 1782, à l'âge de 83 ans, après avoir créé une fondation charitable qui existe toujours.
P.Y. B.
LABRIOLA
Arturo (Naples, 1873 1959) Jeune homme aux idées socialistes révolutionnaires Arturo Labriola prend part aux agitations politiques de 1898 et est obligé de s'exiler à Paris.
C'est là qu'il prend connaissance des théories de Sorel.
Lorsqu'il revient en Italie, il fait connaître la vocation révolutionnaire du syndicat ouvrier.
Après le réveil des forces conservatrices italiennes en 1904, Labriola devient plus modéré.
Il écrit l'histoire des dix années: 1899 1909 publiée en 1910.
Il se montre favorable à l'entreprise libyenne, puis il devient député en 1913 en tant que socialiste indépendant.
Interventionniste en 1915, il combat comme officier d'infanterie.
Il est le premier titulaire du ministère du Travail et de l'Assurance sociale dans le gouvernement Giolitti (1920 1921).
11 présente le projet de loi sur le contrôle syndical des entreprises.
En 1926, il devient professeur d'économie politique à l'université de Messine, mais il est démis de ses fonctions et obligé de s`exiler en France et en Belgique à cause de son opposition au fascisme.
Pendant neuf ans il enseigne à l'institut des Hautes Études de Bruxelles.
L`appartenance maçonnique de Labriola date de 1914. En janvier de cette année là il avait fait une demande pour entrer dans la loge Propaganda Massonica. La date est particulièrement significative, car c'est exactement à cette époque que les socialistes se préparaient à exclure les maçons du parti. Initié le 5 février Labriola déclare qu'il est entré dans l'Ordre* pour libérer l'état italien de toutes les influences confessionnelles. Après l'installation du régime fasciste et le vote de la loi qui interdisait aux fonctionnaires de s'inscrire dans des sociétés secrètes, le Grand Maître Torrigiani décrète la suspension des travaux de toutes les loges du royaume et des colonies.
En 1927, il est arrêté et déporté dans l'île Lipari.
Parti en exil, Labriola entre dans la loge Italie de Paris avec de nombreux autres exilés italiens.
Le 12 janvier 1930, le Grand Orient d'ltalie installé à Paris est reconstitué à l'orient de Londres.
Considérant que le Grand Maître Tonrigiani et le Premier Grand Maître Adjoint Meoni étaient encore en fonction, Eugenio Chiesa assume la charge de Second Grand Maître Assesseur.
À la mort de Chiesa Labriola est élu à son poste.
L'Obédience peut compter sur les ateliers italiens à l'étranger, sur une loge active à Milan et sur l'aide des frères américains.
Les maçons déploient alors toutes leurs forces pour redonner une unité au front démocratique anti fasciste.
lls mettent au service de la lutte anti fasciste leur tradition et leur expérience politique, mais ils n'en tirent aucune reconnaissance particulière.
Le Grand Orient d'ltalie reconstitué à Londres ne réussit meme pas à se faire reconnaître par les puissances maçonniques malgré les tentatives réitérées de faire reconnaître cette souveraineté extra territoriale.
Le 29 novembre 1931, Labriola quitte sa charge mais il reste actif. En 1934 il propose de transformer le Grand Orient en un comité maçonnique. Sa proposition est rejetée et il se rapproche peu après du régime. Ayant obtenu de Mussolini la possibilité de rentrer en Italie après la crise éthiopienne, il vit isolé jusqu'à la fin du fascisme. Une fois la démocratie revenue en Italie, il entre à l'Assemblée nationale et à l'Assemblée constituante. En 1948, il est nommé sénateur à vie. Il est également directeur du quotidien Roma de Naples.
A.M.I.
LAÏCITÉ
Nederlans
Inleiding
1. De geschiedenis: Franse specificiteit
II De laieke waarden
III. De praktijk van de laiek- Een burgerlijk en sociaal statuut.
IV De toekomst - Nieuwe toepassingsgebieden.
Besluit
1. En France
II . En Italie
Nederlands Inleiding-Frans
Ce gros travail de traduction a été réalisé par Frans Teughels : je l'en remercie vivement et fraternellement.
À diffuser sans modération !!!
Nederlands Inleiding
Het laiciteit is een relatief nieuw concept vermits, in zijn huidige vorm, ze in Frankrijk geïnstitutionaliseerd is sinds 1905
Ze is buiten onze grenzen nog heel dikwijls onbegrepen, in die mate dat de meestal niet te vertalen term in het "Frans in de tekst" bewaard blijft.
Het is dus nuttig gebleken, zonder er een definitieve definitie aan te geven, om de omringen va n de term te bepalen, ze uit te leggen, er de oorsprong van te evalueren , de moderne implicaties en de toekomst te onderzoeken.
-de laicité steunt op twee pilaren: de ethiek (de absolute vrijheid van geweten)
en het burgerlijke statuut (scheiding van staat en godsdienst)
-ze bepaalt strikt het verschil tussen twee onderscheiden universen: het algemeen belang en de individuele overtuiging.
Overigens, het is onbetwistbaar geworden het bestaan van een verwarrende cultuur dat zich enkel kan accentueren met de integratie in Europa van meer en meer verscheiden landen. De vraag is om te weten hoe die verschillen te beheren en toch onze opvatting van universele republikeinsheid te bewaren.
Tenslotte, de identiteitse twijfel, de vrees om zijn ziel en zijn eigen identiteit te verliezen, voeden alle vormen van integrisme( etnische, culturele, vooral godsdienstige) die in de laiciteit, niet een maatschappelijke keuze en de voorwaarde van sociale vrede zien,, maar een bijkomend risico zien tot vervloeien van de identiteit.
De laiciteit is een regel van het leven in de democratische maatschappij.
Ze vereist dat aan de mensen, zonder onderscheid van klasse, van
Oorsprong, van overtuiging, geschonken wordt de middelen om zichzelf te zijn, vrij van hun richting, verantwoordelijk voor hen groeien en meester van hun lot.
1. De geschiedenis: Franse specificiteit
De laieke eisen hebben zich essentieel ontwikkeld daar waar een kerk, meer bepaal hier de katholiek Romaanse kerk, een totalitaire macht heeft willen opleggen in de strikte betekenis, nl omvangen alle aspecten van de burgerlijke staat, maar ook de politieke en economische macht, in feite daar waar de godsdienst macht is geworden.
Tegenover die macht hebben zich successieve bewegingen ontwikkeld van bevrijding, nu politiek, dan weer spiritueel of beide samen.
In de middeleeuwen, is het binnen de katholieke kerk dat die bewegingen geboren zijn die men vlug heretisch bepaalde en vlug onderdrukte. Vanaf de eerste hervormers tot aan de filosofen van de 18e eeuw, is de idee geëvolueerd, maar blijvend gebonden aan een dubbele emancipateure beweging:
-die van de vrije gedachte die zich langzaam bevrijdt van de verplichte godsdienst
-die van de maatschappij, politieke vrijheden opeisend.
Daar tegenover heeft de katholieke kerk, geleid door een paus, gebonden aan een temporale macht die zelfs zijn baserende teksten hem niet erkennen, zich meer en meer vastgeklemd aan een totale weigering, een definitieve negatie van elke emancipateure beweging.
In Frankrijk heeft de meer dan milllenaire beweging van alliantie tussen de troon en het altaar onweerstaanbaar de religieuze contestatie opgevoed vanaf het ogenblik dat de politieke contestatie zich ontwikkelde.
In dit geestesdenken hebben de filosofen van de 18e eeuw, gedreven door de geest van "de lichten", een dubbele ideologische aanval uitgevoerd tegen de twee vormen van absolutisme, koninklijk en religieus.
Het opeisen van de vrijheid van het denken en de referentie op de Rede hebben deze beweging geradicaliseerd, mooi geïllustreerd door Condorcet.
In de 19 e Eeuw heeft de progressieve vorming de laatste duw gegeven aan de evolutie van de republikeinse gedachte, zijn vestiging op de basis van de revolutionaire vrijheden, van sociale vooruitgang, van de bevrijding van de geesten van alle vormen van obscurantisme.
De scheiding van de kerk en de staat zou het symbool van het bereiken van een essentiële etappe kunnen zijn, indien ze niet, sinds toen, constant in vraag gesteld werd, op een directe en indirecte manier, door de aanvallen van degenen die overtuigd blijven dat de mens onbekwaam is om de effecten van de absolute vrijheid van geweten te beheersen.
Indien in de geschiedenis van ons land, alle grote gevechten voor de vrijheid en het gerecht, de drager waren van het eisen van laicité, dan zag men in alle periodes van reactie, uit oppositie de terugkeer van de religieuse dominatie.
De vychistische dictatuur- waarvan sommige gevolgen na 50 jaar nog steeds niet opgelost zijn- was daar het laatste voorbeeld van.
Renaissance, hervorming, revolutie, republiek, die opeenvolgende etappes van de vorming van laieke gedachte hebben aan de Franse burger van de 20e eeuw een bijzondere plaats gegeven in de constructie van Europa.
Het plan dat zich momenteel stelt is duidelijk:
-ofwel neemt hij afscheid van die specificiteit en geeft hij op termijn, de enorme vooruitgang die hij had verlenen, op.
-ofwel is hij overtuigd dat de "laieke" gedachte, ver van een beperking te zijn van de Europese integratie, daarentegen een enorme hefboom kan zijn van versnelling naar eenheid.
II De laieke waarden
De humanistische laiciteit berust op het principe van de absolute vrijheid van geweten.
Vrijheid van de geest: emancipatie ten overstaan van alle dogma's; recht van te geloven of niet te geloven in god; autonomie van het denken ten overstaan van religieuze, politieke en economische verplichting ; vrijmaken van levenswijze t.o.v taboes,van dominante gedachten en van dogmatische regels.
De laiciteit streeft het kind en de volwassene te bevrijden van al wat hem vervreemdt of de gedachte vervormt, meer bijzonder de atavistische gedachten,de vooroordelen , de dogma's, de verdrukkende ideologieën, de druk van culturele ,economische, sociale, politieke of religieuze aard.
De laiciteit streeft te ontwikkelen in het menselijk wezen de kritische geest en het gevoel van solidariteit en broederschap .Dit alles doet ze in het kader van een intellectuele vorming, maar permanent moreel en civiel.
De vrijheid van expressie is het corollarium van de absolute vrijheid van gedachten . Ze is het recht en de materiele mogelijkheid van te zeggen, te schrijven en te verspreiden de individuele of collectieve gedachte . De nieuwe technieken van communicatie maken deze eis nog vitaler.
En in dat domein van informatie en communicatie nog meer dan elders, is waakzaamheid zeer vereist tegenover de enorme middelen van manipulatie en perversie van de gedachte . De morele laieke die daaruit loopt is simpel. Ze berust op de principes van mutuele verdraagzaamheid en van respect van de anderen en van zichzelf. Het goede ,dat is al wat bevrijdt al wat vrij maakt; het kwaad is al wat verslaaft of vervuilt. De laiciteit streeft in deze context om de mens de middelen te geven om een totale luciditeit te verwerven evenals een volledige verantwoordelijkheid van zijn denken en zijn handel.
Gebaseerd op de noden van het leven in sociëteit en de promotie van de individuele vrijheid, is ze essentieel in de constructie van de sociale harmonie en van de versterking van democratisch civisme.
Ze streeft er naar om, over de ideologische gemeenschappelijke of nationale verschillen heen,,een menselijke maatschappij te installeren die elke uitbuiting of conditioneren van de mens door de mens, elke fanatieke haat of geweld uitsluit.
Zeker de tolerantie is de logische gevolg van de voorgaande voorwaarden, zonder dewelke de sociale harmonie in het gevaar komt. Maar de tolerantie heeft slechts zin indien ze gemeenschappelijk is en ze zal altijd als grens de onverdraagzaamheid hebben , het afwijzen van de anderen, het racisme en het totalitarisme.
Het afwijzen van het racisme en de segregatie onder alle vormen, is onafwentelbaar van het laieke ideaal. De nieuwe maatschappij die wij willen kan niet de eenvoudige juxtapositie zijn van gemeenschappen die , in het beste geval, mekaar links laten liggen en , in het slechtste geval, mekaar uitmoorden.
Geen samenleving van vrede kan zich bouwen op de definitieve scheiding van culturele, linguïstische, godsdienstige, seksistische of andere kenmerken. De overgang van afscheiding naar segregatie is te gemakkelijk en leidt tot rivalen en conflicten.En dat, zelfs indien de scheiding voorgesteld wordt als een vitale noodzaak tot ontwikkeling.
Het laistisch ideaal kan zich in geen geval neerleggen met de gedachte van 'gescheiden ontwikkeling' dat zo vaak toegepast wordt in maatschappijen van anglo-saxische type.
Het principe zelf van 'positieve discriminatie' zou op zich een oplossing tot de bevrijding van een groep.
De laieke ethica leidt onvermijdelijk tot de sociale rechtvaardigheid, gelijkheid van rechten en gelijkheid van kansen. Laieke opvoeding, de school, het recht op de informatie , het aanleren van de kritiek zijn de voorwaarden van die gelijkheid.
III. De praktijk van de laiek- Een burgerlijk en sociaal statuut.
Verder dan de principes, is de laiciteit een houding waarvan de applicatiemiddelen alle aspecten van de maatschappij bedekken .Het principe van dat burgerlijk, juridisch, institutioneel status is eenvoudig. Ze berust op de duidelijke onderscheiding, voor elke burger, van een publieke sfeer en een privé sfeer.
-de privé sfeer, persoonlijk, die van de absolute vrijheid van mening en waarin zich uiten de filosofische, metafysische overtuiging, de gedachten, eventueel de religieuze praktijken en de manieren van gemeenschappelijk leven.
-de publieke sfeer, burgerlijk, die waarin de burger sociaal, economisch, politiek en juridisch groeit.
De regels ervan zijn duidelijk bepaald en beslist op de Rechten van de Mens. Geen enkele groep, partij, sekte of godsdienst mag beweren te bepalen, a fortiori te eisen voor haar voordeel, de functie van de republikeinse maatschappij zo bepaald.
De afscheiding van kerk en staat is de basis van de laïcisering van de gemeenschap. Ze kan geen uitzondering, geen moduleren of geen aanpassing verdragen. Haar geheelheid, haar integraliteit zijn de voorwaarden voor haar bestaan zelf. Ze is de enige manier om iedereen toe te laten te geloven of niet te geloven, door de kerken zelf te bevrijden van de logica van conventionele banden met de staat. Indien de kerken willen bestaan, dat de gelovigen hen de middelen bezorgen,vermits de godsdienst een privaat aangelegenheid is.
Indien de staat de totale vrijheid van cultus waarborgt, evenals de uitdrukking en de verspreiding van de gedachte, zal ze er geen enkel bevoordeligen, noch enig gemeenschap , noch financieel noch politiek.
Het is hoegenaamd het recht van de staat niet om de banden tussen de godsdiensten te regelen, indien ze er geen enkel erkent. In het kader van zijn politieke attributies , maakt de staat, over de uitvoering van de individuele vrijheden van elkeen , de publieke orde en de sociale harmonie tussen de burgers.
Vanaf het moment dat de Staat meent dat de godsdienst definitief een privé-zaak geworden is, dat ze de aandacht enkel kan oproepen in de mate dat zijn manifestaties de publieke macht zou raken, is in elke logica het onmogelijk dat de kerken enig voordeel, enig privilegie of enkele bijzondere behandeling kunnen opeisen .
Ze kunnen nog minder officiële statuten opeisen, buiten het respect van de algemene wet die de vrijheid van vereniging regeert.Tenslotte kan de republikeinse wet bijgevolg ook geen blasfemeer of sacrilege erkennen die onafwendbaar zou leiden tot de institutionalisering van de censuur.
De eerste manifestatie van het laicistisch karakter van een land, is de onafhankelijkheid van de staat en van alle publieke diensten tav instituties of belangen van godsdiensten.
De laïcisering van individuele staten, zoals diensten die als onmisbaar worden beschouwd voor het functioneren van de gemeenschap , is een van de essentiële begrippen geweest van de beoefening van de vrijheid en de gelijkheid van rechten.
-Geboorte, leven en dood worden niet langer alleen beschouwd onder de hoek van de godsdienst , maar onder die van de vrije individualiteit.
-Men noteert de gelijkheid van allen voor de publieke diensten. Het eventueel behoren tot een religieuze ,etnische of sociale groep, kan niet in overweg worden genomen betreffende de toenadering van de gebruikers. De officiële
melding van die toetreding moet als discriminerend worden beschouwd. Het luikt overigens evident dat de notie zelf van politieke dienst nauw verbonden is aan de praktijk van de laiciteit.
De civiele wet is alleen gematigd om de domeinen van het burgerlijk en sociaal leven te organiseren . De vertegenwoordigers van de Republiek ,verkozen of functionaris, respecteren ,als tegenbericht in het uitvoeren van hun functie, een absoluut neutraliteit tegenover individuele of collectieve praktijken en observeren een strikte verplichting van reserve.
De laieke en republieke school tenslotte moet bewaard worden van elke economische, confessionele of ideologische penetratie zelfs verschuild onder zogenaamd culturele uitingen. De school is niet de plaats voor manifestatie, of voor aanvullen van de verschillen; ze is "een plaats waar, in gemeen akkoord , de particularismen en de feitenvoorwaarden worden opgeheven."
De school moet elke vorm van proselitisme verwijderen.
Al wat voorafgaat wil niet zeggen dat de Republiek "communautaire lidmaatschap" ontkent. Ze bestaan in feite en zijn respectabel voor zover ze de principes van de individuele vrijheid,van menselijke waardigheid en gelijkheid niet in vraag stellen.
IV De toekomst - Nieuwe toepassingsgebieden.
In een wereld die gekarakteriseerd wordt door de meest grondige omwenteling van economische, politieke, sociale en culturele structuren die men gekend heeft sinds eeuwen, lijkt de "laicité" als het antwoord op die fundamentele vraag: wat te doen om te antwoorden aan de ongerustheid , aan de angst, aan de niet geïnteresseerdheid , aan het verlaten van verantwoordigheidsbegrip, aan het geweld ?
In een meer en meer multiculturele maatschappij, kan de "laicité" de individu's leren samen te werken om modaliteiten van een goede overeenkomst te vinden en van hun verschillen te harmoniseren
Wij hebben reeds de gevaren beschreven van het communautarisme. We zien het nationalisme zich opnieuw ontwikkelen in Europa en zien het zich voeden van religieuze en etnische haat. DE "laicité" blijft het enige gedachte dat mogelijk een durende vrijhei kan brengen, bijzonder in de Balkans.
Er rest nog veel te doen, inde EU aar de landen zeldzaam zijn die politieke en juridisch regels hebben die het Frans laïcisme' benaderen of die kunnen evolueren in die richting. De concordatische logica blijft , wat betreft godsdienst, vrij dominerend.
Enkele tekens nochtans doen ons denken dat evolutie mogelijk is: wijziging van de wet op de nationaliteit in Duitsland, In datzelfde land worden talrijker vragen gesteld over fiscaliteit van de godsdienst.
In Frankrijk zelf is de gedachte van de laiciteit ver van universeel aanvaard te worden. Ze moet nog verdedigd en uitgebreid worden:
-De scheiding van kerk en staat ondergaat nog veel te veel geografische beperkingen (Elzas-Moesel Guyana, TOM).
-De meer en meer interventie van de rechtbanken om problemen te regelen in verband met communautaire gebruiken (bvb draag van islamitisch hoofddeksel in de scholen) is verontrustend. Het is aan de Republiek om de unitaire bepalingen te bepalen en om er zich aan te houden. Het leven in maatschappij kan niet zonder het bepalen van een jurisprudentie van praktijken en van intercommunautaire relaties. Er is een communautaristische uitschuiven' op zijn Amerikaans' die zeer ernstig is en die de basis van onze republikeinse maatschappij, in vraag stelt.
De vooruitgang van de wetenschap moet bevrijd kunnen worden van elke invloed van pressiegroepen, meer bepaal godsdienst. Het algemeen belang en het respect voor de mens moeten het enige kader zijn voor de vooruitgang
De laïcisering van het " statuut der lichamen " (liefde en seksualiteit, dood, ziekte ) is niet afgerond. Het vrij beschikken over zijn lichaam, de sociale modaliteiten van het leven van koppels en families, de fundamentele waarborg van vrijheid op dit kader, de rechten en de waardigheid van de kinderen, zijn allen een toepassing van "laiciteit" enige waarborg van de vrijheid van lichaam en geest.
In de samenstelling van ethische comités die her en der opgericht worden, is het belangrijk de keuze van de leden te doen in functie van hun competitie en niet van hun overtuiging. Het doel van die comités is dat niet te waken over de noodzakelijke en voldoende voorwaarden van de oefening van de vrijheid en van het respect voor de menselijke waardigheid, eerder dan te pogen wetenschappelijke evenwichten te bewaren tussen rivale gemeenschappen.
Tenslotte nemen de cultuur en de creatieve kunst maar ook de informatie
En de communicatie ruim deel aan de vorming van de gewetens die op school niet meer gegeven wordt. Het zou nodig zijn daar ook permanent te waken, niet alleen dat geen enkel religieus of dogmatisch taboe , maar ook dat geen enkel economische of ideologische presgroep een beperking van de vrijheid kan opleggen, bijvoorbeeld door economisch te verstikken de vitaliteit van minoritaire expressieven. Het is in naam van de laiciteit dat men moet tegen de kop te gaan zowel de AMI (Accord Multilateral d' Investissement als zijn afwijken en alle vormen van enig denken .
Besluit
De laiciteit is geen passeistisch begrip, maar integendeel een gedachte van vooruitgang en verscheidene toepassingstabellen openen zich voor haar.
De laiciteit is institutioneel geworden. Ze is een legaal kader, een spelregel.
Zijn regels zijn toepasselijk op het geheel van het sociaal lichaam en ze is niet het resultaat van evolutieve contracten tussen gemeenschappen of groepen.
Er is tenslotte slechts een enkele laiciteit die niet kan bepaald worden : ze kan noch "nieuw" noch "pluriaal " zijn.
De laiciteit is een begrip dat berust op humanistische principes die in de loop der eeuwen bepaald zijn. Ze is een sterk bewustzijn en waarde ten dienste van de individuele vrijheid. Ze is de zekerste garantie van civiele vrede. Ze draagt in zich een morele persoonlijkheid en een sociale ethiek . Ze is actie en wil, zelfs weerstand; weerstand aan het gemak van toe te geven aan het comfort van het enige gedachte.
"Aan onze broeder Xavier Pasquini"
Uitgegeven te Parijs in november 2001
1. En France
Jean Bauberot distingue dans l'histoire de la laïcité, deux grandes phases scandées par des seuils de séparation. Dans le premier seuil, sous le Consulat et l'Empire*, l'État n'assure plus le salut des citoyens, il s'occupe uniquement de leurs intérêts séculiers et s'estime incompétent pour le choix des doctrines et des pratiques religieuses qui entrent dans la sphère privée. Durant cette période la francmaçonnerie* érigée en « appareil idéologique d'État » (L. Althusser) est partie prenante de la première phase de laïcisation. C'est une sorte de culte bis reconnu. Les militaires fournissent le quart du corps maçonnique et dans les loges flottent un air d'anti cléricalisme, l'esprit de Voltaire* et de Rousseau.
À Toulouse les sept loges* se divisent ainsi sur les formes de la célébration d'une fête commémorant Austerlitz, les unes voulant une cérémonie purement civile et les autres voulant rester fidèles à la messe et au Te Deum. Sous la Restauration les frères qui s'expriment en loge sont souvent des enfants de Condillac et de Voltaire (N. Des Etangs, J.B. Chemin Dupontès* ou Jean Marie Ragon), et tous s'accordent pour fonder la maçonnerie sur une religion naturelle rationnelle prônant l'immortalité de l'âme la croyance dans la perfectibilité des humains et de la société globale, et une morale « religieuse ». L'atmosphère « religieuse » est accentuée par l'égyptomanie et le souci de se rattacher aux cultes à mystères aux sociétés initiatiques et aux sagesses antico orientales. « Le mystico rationnel » contribue à éloigner encore la maçonnerie de l'église romaine et, dès la première moitié du XIXe siècle, la francmaçonnerie aide à la sécularisation.
Sous le Second Empire la majorité de la libre pensée spiritualiste fait preuve du même anticléricalisme que la minorité positiviste au sein de la maçonnerie. Dans la décennie 1870 le corps maçonnique est désormais en bloc dans le camp de la République... et dans le processus de laïcisation des institutions et de sécularisation de la société. La maçonnerie entre dans le conflit qui déchire les deux France pendant près d'un siècle et où à gauche, la laïcité apparaît comme le plus petit commun dénominateur, alors que l'antimaçonnisme* est un des ciments du camp conservateur.
Le combat pour l'école primaire, laïque, obligatoire et gratuite, va prolonger et amplifier l'intérêt très tôt manifesté à l'enseignement par les maçons. Dès le milieu du XIXe siècle des francs maçons (E. Deschanel, E. Hendié, N. Koechlin, Jouvencel, A. Massol*, P. L. Riche Gardon*, C. Rueile, C. Sauvestre) ont multiplié des initiatives pour la promotion d'un système éducatif nouveau. Jean Macé*, tout jeune maçon reçu en juin 1866, fonde le 25 octobre de la même année, en France une Ligue de l'Enseignement. En 1866 c'est le Grand Orient* qui veut créer sa propre société pour l' instruction primaire. L' indifférence ou l'opposition d'une majorité de loges fait échouer le projet (1867). Au Convent* de 1870, le Grand Orient adopte « par acclamation et à l'unanimité » sur proposition de Viénot le projet ligueur d'un enseignement primaire gratuit et obligatoire et ce texte ajoute la précision « et laïque »
oubliée dans celui de la Ligue.
Dans ce contexte, divers acteurs de la laïcisation sont admis en loge: Emmanuel Vauchez, secrétaire général de la Ligue, le 5 janvier 1874, Ferry* et Littré* en 1875. Si dans le camp républicain, l'obligation scolaire fait l'unanimité la gratuité et la laïcité ne recueillent qu'un quart des 1 267 267 signatures obtenues par la Ligue. Les maçons ont cependant certainement largement contribué à populariser ces deux éléments négligés. Toutefois le projet Paul Bert sur l'obligation et la gratuité, déposé en décembre 1880, est combattu au Sénat par une coalition hétéroclite menée par le frère Jules Simon.
Diverses autres mesures qui préparent à la laïcité adoptées par les républicains sont impulsées par des maçons: c'est le cas notamment du rétablissement du divorce (27 juillet 1884), dû entre autres à l'action du frère Alfred Naquet. Par ailleurs, à partir de la décennie 1880, les convents* et les loges du Grand Orient Se prononcent continuellement en faveur de la suppression des congrégations, du budget du culte et de la séparation: c'est sans doute la Grande Loge Symbolique Écossaise* qui se montre la plus virulente.
Néanmoins les maçons « opportunistes »estiment la mesure prématurée. À partir des années 1890, on,trouve ainsi un clivage entre les maçons d'Etat plutôt prudents sur cette question et les obédiences* majoritairement radicales et violemment anticléricales. Après l'affaire Dreyfus*, la question est désormais à l'ordre du jour et, entre 1899 et 1904, les obédiences réclament la séparation immédiate. C'est sous le cabinet du frère Combes* que l'aile la plus radicalement anticléricale fait aboutir plusieurs projets de laïcisation, notamment la loi du 5 juillet 1904 qui interdit l'enseignement à tous les congréganistes.
La francmaçonnerie n'est pourtant qu'une composante du « bloc laïque », et elle est diversifiée comme celui ci.
On y trouve les quatre courants séparant le camp laïque.
Les frères les plus extrémistes voient dans la Séparation la première étape d'une politique étatique antireligieuse.
D'autres soutiennent le projet Combes (octobre 1904) qui prévoit que chaque Église doit éclater en autant d'associations religieuses qu'il existe de départements.
D'autres encore militent pour que les édifices religieux soient remis à des associations culturelles locales.
Certains espèrent ainsi la formation d'une Église gallicane libérale et républicaine (E.
Reveillaud) ou d'une religion civique.
Enfin une minorité espère une séparation libérale dans le fond et tranquille dans ses modalités d'application, il se trouve des frères « gallicans », désireux de maintenir un contrôle étatique Sur les Églises, hostiles à la Séparation.
La philosophie de la loi de 1905, sera selon les termes d'Aristide Briand, « libérale, juste et sage ».
Néanmoins il n'est pas outrancier de dire que le projet définitif doit plus aux proteStantS (Raoul Allier et Louis Méjean), aux socialistes indépendants (Aristide Briand et Jean Jaurès) et aux maçons d'État (Maurice Rouvier) qu'à l'aile extrémiste de la francmaçonnerie.
Jusqu'en 1960, la laïcité demeurera une référence obligée pour la presque totalité des obédiences françaises. En 1958,l'adjectif « laïque » dans la Constitution de la Cinquième République porte encore l'empreinte maçonnique.
Aujourd'hui la laïcité est un principe constitutionnel et un dispositif institutionnel commun à tous les Français, admis par l'immense majorité d'entre eux, même s'ils n'en ont pas forcément la même conception.
Le sujet provoque des réactions puissantes (loi Savary en 1984 affaires du foulard islamique, révision de la loi Falloux en 1994) et les maçons et les obédiences n'échappent pas à ces clivages.
D'un côté, on rencontre des maçons qui évacuent le problème en se servant de l'interdit « andersonien » du débat religieux et politique comme d'un cache sexe.
Certains, au nom du libéralisme à l'anglo saxonne ou du droit à la différence, contestent la conception même de l'État laïque à la française.
De l'autre, on trouve une aile laïcise souvent bruyante.
Si la question laïque n'était pas souvent un paravent idéologique pour masquer des querelles de pouvoir et de personnes, on pourrait constater qu'une bonne majorité des 120 000 maçons français aspirent à une laïcité apaisée.
Depuis quelques années d'ailleurs des clubs résolument laïques, animés en partie par des maçons tentent de porter sur le terrain profane un combat qu'ils ont du mal à mener à l'intérieur des loges et des obédiences.
La majorité des maçons d'aujourd'hui est à la recherche d'une laïcité nouvelle et, depuis 1986, en France, on assiste au renouveau du débat laïque.
Le colloque « Laïcité 2000 » en témoigne, car obédiences et maçons ès qualités, surtout des soeurs et frères actifs dans des associations, mouvements et clubs comme la Ligue de l'Enseignement, se sont investis dans cette réflexion par des articles, des conférences, des débats, des livres ou des colloques ( « Les Assises de la laïcité » organisées par le Grand Orient* et « Les Assises laïcité plurielle » tenues par la Ligue de l'Enseignement).
Deux conceptions de la laïcité s'opposent donc: l'une sourcilleuse, parfois belliciste, et l'autre plus ouverte.
Ce débat ne peut être séparé de changements intervenus au sein des obédiences « libérales » (recherche d'une spiritualité maçonnique et changement )d'attitude à l'égard des Églises*).
Ainsi, en 1985 les obédiences françaises (sauf la Grande Loge Nationale Française*) et trois associations humanitaires lancent un appel commun à la fraternité, auquel s'associèrent les principaux représentants religieux.
De même Le Monde salue les « six pécheurs de trêve » (trois hauts fonctionnaires, un évê que, le président de la Fédération protestante de France et R.
Leray ancien Grand Maître du Grand Orient) envoyés en mai 1988 par le gouvernement Rocard pour régler le conflit calédonien.
La laïcité n'interdit pas de prendre position sur des problèmes qui ont des incidences morales ou même religieuses (divorce, avortement, euthanasie, mariage homosexuel, par exemple). Les maçons ne s'en sont pas privés.. Ils se sont prononcés pour la libéralisation de la contraception et pour l'avortement dans les années 1960 et 1970, Yvonne Dornès* et Pierre Simon ayant joué un rôle actif au sein du Planning familial. La laïcité de la France du XXe siècle finissant cherche à vivre et demeure un vaste chantier. La question est de savoir si la laïcité (certains auteurs diront les laïcités) à la française élaborée en partie dans les loges (à partir de positions très variées), peut devenir, en s'ouvrent sur l'altérité et le monde, une valeur authentiquement universelle.
Y. H.M.
II . En Italie
En Italie, I'historiogralphie considère généralement avec peu de sympathie, et rarement de la compréhension, l'anticléricalisme qui caractérise l'histoire de la maçonnerie au XIXe siècle. Ce dernier est assimilé, sans distinction, à l'athéisme et à la négation des valeurs religieuses, sur naturelles et, en tout cas, éthiques. Il s'agit en fait d'un vaste mouvement très fort dans ce pays, qui, autour d'un projet positif et en regroupant diverses forces, s'est développé pour séparer la société civile de la société religieuse en s'efforçant de poser les bases d'un État laïque non confessionnel, dans le cadre d'un pays où l'église catholique jouissait d'une vaste prérogative envers l'état, ce qui eut pour effet pendant longtemps d'unifier les forces de gauche. Cette opposition entre deux conceptions de la société et de l'homme et l'âpreté du conflit italien ont déterminé l'entrée de nombreuses personnes dans des associations anticléricales, lorsqu'elles n'étaient pas ouvertement athées, et dans les loges maçonniques. Ces hommes conservaient toutefois souvent en privé un sens profond de la religiosité et affirmaient même pour certains, une foi en Dieu, position difficile et contradictoire qui « dénonçait ), le sens des initiatives prises publiquement.
Cet anticléricalisme est en fait surtout à considérer comme une réaction de rejet et de défense dont l'action a toujours été parallèle à celle du cléricalisme. A l'école catholique réservée aux classes dirigeantes, les forces démocratiques italiennes opposent l'école d'État, laïque, gratuite et obligatoire pour tous Au mariage catholique, ils opposent, avec peu de succès, un mariage civil et la possibilité du divorce (devenue une loi en Italie depuis 1970 seulement). À l'oratoire, ils opposent le patronage laïque et au cimetière réservé aux croyants le cimetière ouvert à tous les citoyens et la crémation des cadavres comme méthode de conservation des corps permettant l'élaboration d'un rituel laïque de la mort. À l'article I du Statuto Albentino qui « tolérait » les cultes non catholiques s'oppose enfin la liberté totale de culte.
Les francs maçons italiens sont les défenseurs les plus convaincus de toutes ces réformes et, au cours du pontificat de Léon XIII les attaques du pape contre la maçonnerie se multiplient car ce dernier la considère comme la synthèse de tous les maux du monde, c'est à dire du libéralisme, du socialisme et de tout ce que ces idéologies apportent avec elles. Sur sa demande naît à Rome l'Union Anti maçonnique Universelle qui contribue largement à radicaliser l'opposition. Son activité atteint 5011 apogée en 1896 avec l'organiSation du Congrès anti maçonnique à Trente*, expression concrète et exacerbée de l'esprit de croisade qui anime Léon XIII contre ce qu'il appelle la « digne fille de Satan ».
L'esprit laïque des maçons du siècle dernier est encore très présent dans le Grand Orient d'ltalie, mais il est aujourd'hui vidé de tout contenu. Cette carence, l'absence d'un projet à partager, amplifié par une série d'affaires (Gelli et la loge P2*), ont décrédibilisé l'institution. La modeste qualité culturelle de la majorité des frères a par ailleurs éloigné l'attention du monde académique car l'opposition à l'Église catholique, au nom d'un esprit laïque généralisé et indéfini a rendu les maçons italiens esclaves d'une intolérance dogmatique. Le manque d'un véritable projet éthique a contribué à affaiblir la présence de la maçonnerie dans la « cité ».
A. M. I
LALANDE
Jérôme Le Français de (Bourg en Bresse, 1732 Paris, 1807) Bien qu'il fût astronome professeur au Collège de France et membre de l'Académie des Sciences, Lalande reste surtout connu des historiens de l'astronomie; pourtant en plus de nombreux mémoires scientifiques, on lui doit un intéressant Voyage d'un François en Italie en huit volumes (1769), et un Mémoire sur l'intérieur de l'Afrique (1795) où il attire l'attention de ses contemporains sur la richesse de ce continent inconnu. Il fut aussi l'instigateur du Dictionnaire des athées anciens et modernes (1800) de son ami Sylvain Maréchal. Formé à l'école de la cour du roi de Prusse esprit libre et par fois singulier (il se proclame 1( doyen des athées » mais demande audience au pape lorsqu'il passe par Rome; on le dit aussi amateur d'araignées...), Lalande a été curieux de tout.
Reçu à la loge* Saint Jean des Élus de Bourg en Bresse, il est. avec Helvétius, à l'origine de la loge Des Sciences à l'orient de Paris qui. à la mort de ce dernier se transformera en loge des Neuf Soeurs * (1776). Vénérable* de cette loge en 1778, il en devient l'orateur en 1784; il reçoit l'honorariat en 1784. Membre du Souverain Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident, Lalande fut, en 1772, l'un des quatre commissaires chargés d'opérer la fusion du Conseil des Empereurs et de la Grande Loge*. D'autre part, en tant que membre de l'assemblée générale, il prit une part active à la fondation du Grand Orient* en 17721773 dont il devint Grand Officier Lalande est aussi l'un des premiers historiens de la francmaçonnerie. Son Mémoire sur l'histoire de la Francmaçonnerie parut d'abord sous la forme d'un article dans l'édition d'Yverdon (1773) de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert; il y remplaçait les quelques lignes reprises de la Cyclopaedia (1728) de Chambers consacrées au sujet et qui avaient été insérées dans la première Encyclopédie. L'article est publié séparément en 1774 et, en 1777 le Grand Orient l'annexe à l'État du Grand Orient de France (1, Il. 86 103), ce qui lui donne un caractère officiel.
Simultanément, il paraît dans l'édition de Genève de l 'Encyclopédie, mais avec de nombreuses variantes dont un paragraphe supplémentaire consacré aux persécutions subies par les francs maçons en Espagne*, au Portugal* et en Italie*, ainsi qu'un développement sur la réception de Voltaire* en 1778. Finalement le premier état du texte est repris dans l'Encyclopédie méthodique de Panckoucke en 1786. Ce texte peut être à cause de son caractère « officiel » a connu un long purgatoire. Les historiens le tenaient en piètre estime (A. Lantoine, Histoire de la Francmaçonnerie, 1925) ou se montraient réservés à son endroit (G. Martin Manuel d'histoire de la francmaçonnerie française 1929), mais Henri Félix Marcy et Daniel Ligou ont attiré les premiers l'attention sur ce texte capital avant que Pierre Chevallier, dont les recherches ont renouvelé la connaissance que nous avions des premiers pas de la maçonnerie continentale, ne ré habilite véritablement Lalande (Les Ducs sous l'acacia 1964), en établissant le bien fondé de son rôle historique.
Ch. P.
LAMARTINE
Alphonse de (Mâcon, 1790 Paris, 1869) Le poète naît à Mâcon du mariage, célébré le 7 janvier 1790, entre Pierre de Lamartine, chevalier de Pratz, officier au Dauphin Cavalerie, et Alix des Roys, chanoinesse séculière du chapitre de Saint Martin de Salles, dans le Beaujolais.
Son père qui aurait été initié dans une loge militaire alors qu'il servait en Bretagne, participe à la défense des Tuileries le 10 août 1792 et échappe de peu à la mort.
Alphonse fréquente l'école de Bussières et, en 1801, devient interne de la pension Puppier à Lyon; il achève ses études chez les Pères de la Foi - autrement dit les jésuites de Belley, où il accomplit une année de rhétorique particulièrement brillante.
En 1810 ses parents lui évitent la conscription en lui achetant un remplaçant; il part pour Lyon où il consacre plus de temps à ses plaisirs qu'à ses études de droit.
Lamartine accomplit son premier voyage en Italie (18111812), est nommé maire de Milly (1812), entreprend deux tragédies.
En 1820 il publie les Méditations poétiques qui remportent un immense succès et épouse Mary Ann Birch, s'installe à Naples où il est attaché d'ambassade.
Un fils, Alphonse, naît à Rome le 15 février 1821; il meurt à Paris le 4 novembre de l'année suivante.
Lamartine publie les Nouvel/es Méditations poétiques en 1823 et, en 1825, Le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold, inspiré par la mort de Byron.
Nommé secrétaire de légation à Florence, il arrive dans cette ville le 2 octobre 1825, devient un familier de l'archiduc Léopold, grand duc de Toscane, et transmet au gouvernement de précieuses informations sur les affaires de Toscane et sur la politique de Metternich.
Il regagne la France en 1828.
À cette date ses conceptions politiques ont déjà évolué.
Légitimiste et « réacteur», il a progressivement conçu une politique libérale et « rationnelle » et, en 1828, il refuse de servir Polignac.
En 1829, année de la rencontre avec Chateaubriand, Hugo, Sainte Beuve, il est élu à l'Académie française, où il succède au comte Daru.
En juin 1830, il publie les Harmonies poétiques et religieuses.
Ne voulant pas conserver sous Louis Philippe un poste qu'il devait au règne précédent, il démissionne et abandonne la carrière diplomatique.
Quelques mois plus tard, le procès des ministres de Charles X lui inspire l'Ode contre la peine de mort.
En 1831, il publie De la politique rationnelle, opuscule fondamental dans le quel il exprime sa conviction que les hommes peuvent et doivent orienter le cours de l'histoire par leur action et que la démocratie est l'avenir du monde.
En 1831 encore, il échoue à la députation dans trois circonscriptions, échec qui se répète lors d'une élection partielle en 1832, il s'embarque alors pour le Moyen Orient avec sa femme et sa fille Julia, visite Jérusalem, séjourne à Beyrouth où Julia meurt de phtisie le 7 décembre 1832.
Cette mort lui fait abandonner ses dernières croyances chrétiennes pour une forme de panthéisme mystique.
En 1833, élu député de Bergues (Nord), il veut occuper à la Chambre « une place solitaire et neutre», alors que tous les partis lui f(ont des avances.
Il est réélu en 1837 dans deux circonscriptions, choisit celle de Mâcon où il est encore réélu en 1842 et en 1846.
il défend les humbles et plaide toujours la cause de l'humanité.
Grand orateur, il prononce d'importants discours; sur l'instruction publique et contre la peine de mort (1834), sur l'émancipation des esclaves (1835), sur les enfants trouvés (1838).
En 1840, les inondations de Lyon et de Mâcon lui inspirent Le Cri de chanté, long poème en faveur des; sinistrés.
En 1840 encore, à l'occasion du retour des cendres de Napoléon, il fait sensation en refusant de s'associer à« cette religion napoléonienne » et de « déifier la guerre ».
Cette position annonce La Marseillaise de la paix (1841).
Convaincu que la presse peut être un instrument d'éducation du peuple en 1842.
il fonde Le Bien public, dans lequel, en 1843" il se prononçe pour la séparation de l'église et de l'état.
Partisan de la réforme électorale, il s'éloigne de plus en plus de Guizot; à la mort du duc d"Orléans (1842) il se rallie au principe d'une régence élective.
En 1843 il rompt avec le régime; sa dernière intervention à la Chambre sous la Monarchie de Juillet se situe en juin 1846.
Dans La Presse du 31 octobre 1847, il expose un programme politique dans lequel Proudhon* ne voit qu'« eau bénite de rhéteur ».
Il reproche au poète, qui n'est plus qu'« une idole à démolir » son absence de réflexion économique.
Blanqui, de son côté estime regrettable que le poète ne passe pas ses écrits « au crible de l'expérience et de la réalité ».
Durant toutes ces années sont édités; le Voyage en Orient (1835), Jocelyn (18316), La Chute d 'un ange (1838), ouvres toutes trois mises à l'index.
L'Histoire des Girondins est publiée en 1847, le 18 juillet à Mâcon, est organisé un grand banquet en l'honneur de cette ouvre, dont l"influence politique fut considérable.
Le 24 février 1848, l'intervention de Lamartine contribue au triomphe de la République sur la régence.
Ministre des Affaires étrangères, Lamartine est le chef effectif du gouvernement provisoire; le 4 mares, il envoi e aux ambassadeurs de France des consignes leur enjoignant de rassurer les différents gouvernements: la France souhaite la paix et ne désire pas propager la Révolution.
Il est encore à l'origine de mesures intérieures rassurantes: rejet du drapeau rouge au bénéfice du drapeau tricolore « qui a fait le tour du monde » abolition de la peine de mort en matière politique.
Le 10 mars précédés d'un drapeau tricolore portant l'inscription « Francs Maçons », 300 francs maçons républicains appartenant presque tous à l'obédience* du Suprême Conseil, se rendent à l'Hôtel de Ville, pour exprimer leur soutien à la République et au gouvernement provisoire.
Sept d'entre eux, revêtus de leur tablier - symbole d'egalité et de travail - se présentent devant Lamartine qui répond au discours du frère Jules Barbier: « Je n'ai pas l'honneur de savoir la langue particulière que vous parlez, je n'ai jamais eu dans ma vie l'occasion d'etre affilié à aucune loge.
[.
.
.
] Ces sentiments de fraternité, de liberté, d'egalité qui sont l'Évangile de la raison humaine, ont été laborieusement, quelquefois courageusement scrutés, propagés, professés par vous dans les enceintes particulières où vous renfermiez jusqu'ici votre philosophie sublime.
[.
.
.
]
Je vous remercie, au nom de ce grand peuple qui a rendu la France et le monde témoins des vertus, du courage, de la modération et de l'humanité qu'il a puisés dans vos principes, devenus ceux de la République française.
»
Après l'élection de l'Assemblée nationale constituante, Lamartine est élu dans 10 départements , le gouvernement provisoire se retire tandis qu'est élue une commission exécutive de cinq membres, parmi lesquels se trouve Lamartine.
Le 24 juin, lors de la grande insurrection ouvrière, l'Assemblée met Paris en état de siège et exige la démission des pentarques.
L'homme fort est désormais le ministre de la Guerre, Cavaignac, au grand dam de Lamartine, plus désireux que jamais d'éviter toute effusion de sang.
Les débats sur la Constitution entamés dès le mois de mai par le Comité constitutionnel commencent à la Chambre le 4 septembre; le 6 octobre, Lamartine soutient le principe de la fonction présidentielle et se montre favorable à une élection du président au suffrage universel.
Le 19 novembre 1848, jour de la fête de la promulgation de la Constitution dans toutes les communes de France, il prononce à Mâcon un grand discours dans lequel sont réputés à satiété tous ces grands mots de Dieu et de Providence qui indisposent tant Proudhon.
Candidat malheureux à la présidence - en faveur de qui Le Franc Maçon a fait campagne , il obtient moins de 18 000 voix, score qui provoque l'hilarité de la droite, laquelle tient Lamartine pour un traître.
Il échoue aux élections législatives de mai 1849, mais, en juillet, à l'occasion d'élections partielles il est élu en Saône et Loire et dans le Loiret et choisit ce dernier département.
S'il connaît alors une certaine orientation droitière, vitupérant les athées, les factieux, les socialistes, il ne vote toutefois pas la loi Falloux (30 mars 1850).
Activement secondé par sa femme qui lui sert de secrétaire et de copiste, il fait paraître en 1849 l'histoire de la Révolution de 1848.
En 1850 se déroule la première de Toussaint Louverture.
Le coup d'État du 2 décembre 1851 sonne le glas de sa vie politique.
Il doit interrompre la publication du Conseiller du peuple, journal qu'il avait fondé en 1849.
Il publie les Visions (1853), une Histoire de la Turquie (18541855), une Histoire des constituants (1855), une Histoire de la Russie (1855) Le Désert, La Vigne et la Maison (1856)
Très mauvais gestionnaire, Lamartine se livre à des spéculations désastreuses sur les vins et subit les réclamations de ses innombrables créanciers.
Pour lui venir en aide, la loge mâconnaise Les Arts Réunis qui rassemble les opposants à l'Empire, s'abonne au Cours familier de littérature; Lamartine remercie le vénérable*, l'avoué François Martin, et, tout en rappelant qu'il n'est pas lui-même franc maçon, dit partager les principes de la francmaçonnerie.
En 1858, un comité mãconnais « pour la liquidation des dettes et la vente des terres de M.
de Lamartine » organise une souscription; celle-ci est autorisée par le gouvernement mais elle échoue par suite des manoeuvres du ministre de l'lntérieur et de la campagne malveillante de Louis Veuillot.
Pour cette opération, les frères des Arts Réunis sollicitent les loges.
Quelques-unes souscrivent et Lamartine exprime sa reconnaissance comme en 1848 il expose sa conception de la francmaçonnerie: « Vous écartez tout ce qui divise les esprits, vous professez tout ce qui unit les coeurs, vous êtes les fabricateurs de la Concorde.
Vous jetez avec vos truelles le ciment de la vertu dans les fondements de la société vos symboles ne sont que des figures.
Si je ne me trompe pas dans cette interprétation de vos dogmes, on peut soulever le rideau de vos mystères sans crainte d'y découvrir autre chose que des services rendus à l'humanité » (Daniel Ligou).
Cette lettre est reproduite et diffusée en 1866 dans des circonstances particulières.
Lors des obsèques catholiques d'Emmanuel de Cessiat, neveu de Lamartine, libre penseur et franc maçon tous les frères portent un rameau d'acacia* à la boutonnière et le vénérable des Arts Réunis tient l'un des cordons du poêle.
Le prêtre exige qu'un membre de la famille se substitue à François Martin, et, au cimetière, empêche celui ci de prononcer un discours quant aux rameaux d'acacia ils doivent disparaître.
Pour ne pas rester sur cet affront, le vénérable diffuse le texte de son allocution, dans laquelle se trouve incluse la lettre de 1858.
Le 1er mai 1867, Lamartine est frappé par une attaque d'apoplexie.
Une nouvelle attaque le terrasse le 22 février 1869 et il meurt à Passy (où le conseil municipal lui a offert un chalet) le 28 février 1869, ayant reçu les derniers sacrements qui lui ont été administrés par l'abbé Deguerry.
L'année de son décès une souscription lancée pour un monument Lamartine à Mâcon échoue.
L'initiative est vigoureusement défendue par la loge Les Arts Réunis qui adresse une circulaire aux loges de toutes les obédiences: « Si l'illustre poète ne faisait pas partie de notre institution il était notre frère par le coeur et notre ami sincère par les nobles aspirations de son âme élevée.
[.
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] 11 s'est associé à nous; unissons-nous, TT.
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, pour immortaliser les traits de ce puissant génie qui a tout fait pour la construction de ce temple symbolique, dont l'enceinte sacrée doit recevoir un jour l'humanité entière .
, (Daniel Ligou).
La lettre de 1858 est reproduite et vendue 50 centimes, mais le Conseil de l'Ordre refuse d'appuyer cette initiative, sans l'interdire toutefois.
Seules 16 loges souscrivent sur 200 environ pour la faible somme de 300 francs.
En 1879, François Martin étant maire de Maçon, une statue du poète, due au ciseau de Falguière est érigée enfin devant l'hôtel de ville de Mâcon.
J. L.
LANDMARK
Le terme landmark est utilisé par Anderson* en 1723 pour expliquer que la Grande Loge Unie d'Angleterre* peut modifier ses propres réglements lors de sa tenue annuelle à condition de préserver les anciens landmarks. Aucune traduction satisfaisante n'a pu être proposée en français.« Borne » ou « limite » ne traduisent qu'un aspect du concept; « principe inviolable " se rapproche de la vérité mais au détriment de l'image.
Les landmarks étaient ces bornes de pierre qui servaient à délimiter les propriétés terriennes, avant qu'elles ne fussent clôturées, c'est-à-dire avant la fin du XVIIe siècle. Tout déplacement intempestif de ces bornes semait la confusion. On doit constater que les francs maçons britanniques, en sujets respectueux des lois de leur pays, ont adopté un symbole emprunté aux élites foncières, pour qui seul le concept de propriété avait un sens.
Avant même la Grande Loge Unie d'Angleterre, c'est l 'Américain Albert Mackey qui le premier tenta, sur le plan maçonnique, de concrétiser la notion de landmark en énumérant 25 principes qu'il considérait comme inviolables. Pour Mackey, les landmarks devaient constituer la loi orale alors que les anciennes Constitutions* revues à plusieurs reprises, représentaient la loi écrite.
Ces landmarks ont été résumés et commentés par Daniel Ligou dans le Dictionnaire de la francmaçonnerie (1987). On les trouve publiés dans l'Encyclopédie de Mackey Outre les modes de reconnaissance entre francs maçons et l'affirmation des trois degrés, Mackey prend soin d'exposer en détail les prérogatives du Grand Maître et le gouvernement des loges. Le landmark n° 18 reprend les exigences posées par Anderson, à savoir l'interdiction d'initier les esclaves et les femmes, en ajoutant à cette liste les mutilés ! « Une femme, un mutilé. un esclave, ou un homme né esclave. ne peuvent être initiés aux rites de la francmaçonnerie », peut on lire.
Mackey faisait donc de la surenchère par rapport à la Grande Loge Unie d'Angleterre qui n étendait pas son interdiction aux mutilés et qui avait remplacé en 1847 l'expression « homme né libre » par « homme libre )) afin de pouvoir initier les esclaves émancipés. En matière de religion, Mackey, outre la référence au Crand Architecte de l'Univers* rendait obligatoire la croyance en la résurrection... (landmark n° 20).
D'aucuns trouvèrent la liste de landmarks établie par Mackey encore insuffisante. Ainsi, en 1893, le Grand Secrétaire de la Grande Loge du Kentucky, H. B. Grant proposa l'adoption de 54 landmarks ! Quand on sait que ces landmarks sont par définition immuables il est permis de craindre quelques dérives, car plus les landmarks sont nombreux, plus les maçons s'emprisonnent dans un dogme.
De nos jours, on a coutume d'identifier les landmarks aux 8 principes que la Grande Loge Unie d'Angleterre a formulés en 1929 et qui lui servent à déterminer la régularité des obédiences* maçonniques. Contrairement à Albert Mackey la Grande Loge Unie d'Angleterre a sélectionné un nombre relativement réduit de landmarks, 8 au total, mais qui n'en ont que plus de force.
Les deuxième et quatrième landmarks, qui portent l'un sur l'obligation de reconnaître le Grand Architecte de l'Univers et l'autre sur l'interdiction d'initier des femmes ou d'entretenir des relations avec une Grande Loge qui se rendrait coupable d'un tel délit, sont suffisamment explicites pour exclure la « francmaçonnerie* libérale ».
Il est significatif que les obédiences latines attachent peu d'importance au concept de landmark et n'y fassent presque jamais référence. Il s'agit bien d'une notion anglo-saxonne qui a été remise au goût du jour pour définir les critères de régularité* et qui sert aujourd'hui essentiellement à condamner la francmaçonnerie latine en l'accusant de violation de ces landmarks, qui ne sont pas tous aussi anciens qu'il y parait.
C.R.
LAUTARO
Cette « loge* » de Buenos Aires a été considérée par de nombreux historiens de l'histoire de la maçonnerie en Amérique espagnole comme se trouvant au coeur d'un projet de consolidation de l'indépendance du Cône sud et de tout le sous continent ibéroaméricain. La réalité est différente. On sait, pour reprendre les mots de l'historien Ruben Bortnik, parlant de l'attitude des maçons et des manoeuvres de ladite loge, que l'appartenance à la maçonnerie d'hommes qui se révéleraient totalement négatifs pour la cause de l'Amérique, comme Rivadaria, s'explique par le double caractère de ce mouvement qui fut à la fois révolutionnaire et réactionnaire. Cependant, ce même auteur pense que l'idéologie de José de San Martin (1778-1850), la figure de proue de Lautaro était parfaitement identifiée avec les intérêts profonds de l'Amérique latine.
Né à Yapeyu (Corrientes) le 25 février 1778, puis parti très jeune pour l'Espagne* où il embrassa la carrière militaire et prit part aux luttes contre Napoléon, San Martin fut influencé par les idées libérales et s'en fut grossir, avec Carlos Maria de Alvéar et Matias Zapiola les rangs de la Gran Réunion Americanas de Miranda* enracinée à Cadix, dernier bastion de la résistance espagnole contre la France.
Or, à son retour à Buenos Aires, le 9 mars 1812, ce fut lui « le dernier représentant de la Révolution espagnole sur la terre américaine », qui fonda Lautaro.
La naissance de l'organisation répond à la nécessité de faire face à la bourgeoisie marchande de Buenos Aires à la suite de la disparition du parti moréniste.
San Martin se trouve ainsi à la tête de deux instruments majeurs et, comme le souligne Bortnik, « alors que le militaire San Martin créait le régiment des grenadiers à cheval, le politique faisait naître Lautaro, l'organisme qui, par l'intermédiaire des officiers donnerait à l'armée l'idéologie révolutionnaire ».
L'avocat Mariano Moreno incarne la tendance radicale et Saavedra représente l'aile libérale et conservatrice conspirant contre le premier qui est qualifié de « Robespierre argentin ».
Saavedra, profitant du renoncement de Moreno, l'envoie ainsi en mission à Londres.
Ce dernier meurt pendant le voyage, empoisonné (janvier 1811).
Jusqu'en 1812.
les saavedristes contrôlent le pouvoir à Buenos Aires et s'attirent les inimitiés de la population locale ce qui les conduit à créer un triumvirat détenteur de l'exécutif.
Favorables au libre-échangisme les forces qui soutiennent Saavedra, en favorisant les intérêts britanniques au détriment des provinces, font émerger des troubles politiques.
Après l'expulsion des députés provinciaux accusés de conspiration (décembre 1811) la révolution populaire qui éclate en octobre 1812, soutenue par la Société Patriotique et par la loge Lautaro, reçoit l'appui de San Martin et d'Alvéar.
Les triumvirs sont remplacés par trois lautariens (Juan José Paso, Nicolas Rodriguez Pena et Antonio Alvarez) qui reprennent la ligne révolutionnaire de Moreno.
Dans la révolution des années 1811 et 1812, on remarque donc le rôle important tenu par Lautaro et la Société Patriotique dirigée par Monteagudo.
Les membres de Lautaro furent bien les figures décisives de l'ouragan révolutionnaire (San Martin Belgrano, Alvéar Pueyrredon, Castelli, Chilavert, Monteagudo, Alvarez)
Les maçons sont-ils pour autant les instruments de l'émancipation ? Le fonctionnement de Lautaro mérite que l'on s'y arrête L' initiation w dans la loge révolutionnaire existe: elle s'effectue après que le candidat a prêté le serment démocratique suivant: « Tu ne reconnaîtras pour gouvernement légitime que celui qui aura été choisi par la volonté libre et spontanée des peuples et, le système républicain étant le mieux adapté au gouvernement des Amériques, tu tendras par tous les moyens mis à ta disposition à ce que les peuples se décident en sa faveur.
, La loge Lautaro émerge ainsi comme une « fille australe » de la Cran Réunion Americana et le rôle de San Martin fut de l'ériger à Buenos Aires.
On sait cependant que le caractère maçonnique de la société mirandine suscite quelques questions.
José Ferrer Benimeli a d'ailleurs su justement montrer que les règlements, les constitutions et même le serment des deux loges en faisaient avant tout des sociétés secrètes politiques souhaitant l'émancipation de l'Amérique latine.
El l es ne sont pas d 'authentiques loges maçonniques.
De nombreux auteurs (Ramon Martinez Zaldua, Julio Mancini.
Alcibiades Lappas) les ont cependant assimilées à des ateliers plus ou moins réguliers, et d'autres aiment à faire de San Martin un maçon accompli qui aurait été membre de la loge La Parfaite Amitié en Belgique*.
On ne peut pas plus prouver le caractère maçonnique de Lautaro que l'appartenance à la maçonnerie de San Martin.
Cependant, son statut de père de la nation lui a valu d'endosser l'étiquette de franc maçon car la société locale voulait ériger de nouvelles idoles et de « grands ancêtres " porteurs d'idéaux, destinés à remplacer les vieux dogmes idéologiques et les vieilles représentations politiques de l'ancienne métropole.
M. de P. S.